ce matin, elle était l'invitée de Bourdin, bizarrement je l'ai trouvé, lui Bourdin, moins agressif ou pugnace, elle joue pas dans la même cours que MoranoEt revoici Marine Le Pen au coeur des débats, à l’épicentre des questionnements d’une profession journalistique mal à l’aise, partagée quant à la place à accorder à celle à qui Libération ce matin offrait cette manchette : «30-de-francais n’excluraient pas de voter Marine Le Pen ». Le malaise va ainsi grandissant dans une profession décontenancée, désarçonnée par celle qui s’est installée de plain-pied dans le champ politique et dont chaque passage à la télévision se traduit immanquablement par des numéros d’une rare efficacité médiatique: Montée sur chenilles, la rhétorique Le Pen fait des ravages. On l’a vu récemment face à David Pujadas: d’ordinaire très roué, le présentateur du 20 heures de France 2 a semblé piégé, fait aux pattes, par celle qui, en funambule de la politique, s’offrait, ce soir, là une véritable promenade de santé. Jamais aussi à l’aise que sur un plateau, la présidente du FN déroula sans coup férir : Un de plus dans sa besace.
Or les journalistes qui l’interrogent à la télévision ou à la radio commettent une lourde erreur. Taraudés par l’idée qu’il leur est inconcevable d’offrir une tribune à celle que les médias, dans leur ensemble, ont largement diabolisée, ils s’acharnent à la marginaliser, à la déstabiliser. Comme s’il fallait réserver à Marine Le Pen un traitement particulier dans le jeu démocratique. Erreur : Marine Le Pen existe et avec elle, un électorat qui n’a plus rien de résiduel. Or la seule et unique manière de gérer le cas Marine Le Pen, c’est sans doute de traiter l’intéressée comme n’importe quel autre candidat : en allant la tisonner. Avec méthode, sérieux et pugnacité. Ainsi, traiter le cas Le Pen, c’est aller s’attaquer moins à ce que cette candidate incarne dans l’inconscient collectif d’une profession qui lui est définitivement hostile, qu’à son projet pour le pays. Quel programme économique ? Quelles solutions pour la crise? Quelles réponses à celle de la dette, au chômage des jeunes où aux délocalisations? Moins d’incantations et d’entretiens à fleurets mouchetés, avec celle qui excelle dans ces joutes souvent à sens unique, mais du solide et du concret.
Car qu’y a-t-il de plus dangereux pour ceux qui redoutent une montée en puissance du FN dans les sondages ? Diaboliser celle qui joue avec habilité avec le registre du rejet dont elle fait l’objet de la part des élites, dont celle médiatique? Ou décortiquer et banaliser le programme de gouvernement d’une responsable politique dos au mur face à la crise, comme l’ensemble de la classe politique de ce pays?
Parenthèse : On attend avec une certaine forme de jubilation le passage chez Laurent Ruquier, le 25 février, de celle qui risque de filer une migraine aux participants à cette émission. S’il faudra à l’animateur de On n’est pas couché une certaine dose d’humour pour éviter les banderilles d’une Marine Le Pen, qui risque de régler quelques comptes, après qu’il ait présenté, en novembre 2011, la généalogie des Le Pen sous la forme d’une croix gammée, – ce qui lui vaut aujourd’hui un procès-, il faudra également beaucoup de sang froid à Audrey Pulvar.
Car pour la journaliste et compagne d’Arnaud Montebourg, la soirée risque d’être tout aussi inconfortable et l’exercice quasi impossible. Comment, en effet, argumenter face à une Marine Le Pen, qui ne manquera pas de mettre en exergue l’engagement et la présence, ostensible, de la journaliste en question aux côtés du responsable socialiste, durant les primaires du PS? Il y fort à parier que la tête d’affiche du FN n’acceptera pas d’une journaliste aux engagements connus des remarques aussitôt mises en pièces par celle qui risque de faire une nouvelle fois le show. Une seule chose est sure : Laurent Ruquier fera un carton : d’audience.
alors Bourdin, fort avec les faibles, faible avec les forts ?