les poètes que nous aimons ....
- Louisa
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les poètes que nous aimons ....
Le serpent qui danse
Que j'aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau!
Sur ta chevelure profonde
Aux acres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,
Comme un navire qui s'éveille
Au vent du matin,
Monâme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.
Tes yeux où rien ne se révèle
De doux ni d'amer,
Sont deux bijoux froids où se mêlent
Lor avec le fer.
A te voir marcher en cadence,
Belle d'abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d'un b à ¢ton.
Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d'enfant
Se balance avec la mollesse
Dun jeune éléphant,
Et ton corps se penche et s'allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l'eau.
Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l'eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,
Je crois boire un vin de bohême,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
Détoiles mon coeur!
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal
Que j'aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau!
Sur ta chevelure profonde
Aux acres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,
Comme un navire qui s'éveille
Au vent du matin,
Monâme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.
Tes yeux où rien ne se révèle
De doux ni d'amer,
Sont deux bijoux froids où se mêlent
Lor avec le fer.
A te voir marcher en cadence,
Belle d'abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d'un b à ¢ton.
Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d'enfant
Se balance avec la mollesse
Dun jeune éléphant,
Et ton corps se penche et s'allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l'eau.
Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l'eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,
Je crois boire un vin de bohême,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
Détoiles mon coeur!
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal
- tisiphoné
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" et comme un homme frappé d'aphasie en cours de voyage, du fait d'un grand orage , est par la foudre même mis sur la voie des songes véridiques ,
"je te chercherai , sourire , qui nous conduise un soir de Mai mieux que l'enfance irréfutable .
"ou comme l 'Initié , aux fêtes closes de la mi-nuit qui entend tout d'un coup céder le haut vantail de cèdre à la ruée du vent et toutes torches renversées , dans la dispersion des tables rituelles s'aventurent ses pas , et le filet du dieu d'en bas s'est abattu sur lui, et de toutes parts l'aile multiple de l'erreur , s'affolant comme un sphex , lui démêle mieux sa voie .
" je te licencierai , logique , où s'estropiaient nos bêtes à l'entrave .
vents
Saint-John Perse
"je te chercherai , sourire , qui nous conduise un soir de Mai mieux que l'enfance irréfutable .
"ou comme l 'Initié , aux fêtes closes de la mi-nuit qui entend tout d'un coup céder le haut vantail de cèdre à la ruée du vent et toutes torches renversées , dans la dispersion des tables rituelles s'aventurent ses pas , et le filet du dieu d'en bas s'est abattu sur lui, et de toutes parts l'aile multiple de l'erreur , s'affolant comme un sphex , lui démêle mieux sa voie .
" je te licencierai , logique , où s'estropiaient nos bêtes à l'entrave .
vents
Saint-John Perse
- tisiphoné
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Mon Rêve familier
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon coeur transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafra àchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? --Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
paul VERLAINE
et si en plus , il me le lit .....je craque .....
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon coeur transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafra àchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? --Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
paul VERLAINE
et si en plus , il me le lit .....je craque .....
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- Posteur Diamant
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Re: les poètes que nous aimons ....
Je me disais aussi
Je me disais aussi : vivre est autre chose
que cet oubli du temps qui passe et des ravages
de l’amour, et de l’usure – ce que nous faisons
du matin à la nuit : fendre la mer,
fendre le ciel, la terre, tour à tour oiseau,
poisson, taupe, enfin : jouant à brasser l’air,
l’eau, les fruits, la poussière ; agissant comme,
brûlant pour, marchant vers, récoltant
Quoi ? le ver dans la pomme, le vent dans les blés
puisque tout retombe toujours, puisque tout
recommence et rien n’est jamais pareil
à ce qui fut, ni pire ni meilleur
qui ne cesse de répéter : vivre est autre chose.
Guy Goffette
Modifié en dernier par constance le 15 octobre 2008 16:35, modifié 1 fois.
-
- Posteur Diamant
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Re: les poètes que nous aimons ....
Silence
N'y a-t-il pas au fond de tout
L'oeil du cyclone immobile
Quand les hommes brisent leur bile
D'un mouvement violent et triste
N'y a-t-il pas au fond de tout
La mort posée douce fragile
Des mots d'amour qui sont silence
Un vide mûr qui se balance
N'y a-t-il pas au fond de nous
Ce fond de rien et cette chance
D'être présent dans notre absence
D'être muet d'être secret
Et de planer quand tout avance.
Marie Volta.
Modifié en dernier par constance le 15 octobre 2008 16:34, modifié 1 fois.
- liberté
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Re: les poètes que nous aimons ....
Quiconque aura premier la main embesongnée
A te couper, forest, d'une dure congnée,
Qu'il puisse s'enferrer de son propre baston,
Et sente en l'estomac la faim d'Erisichton,
Qui coupa de Cerés le Chesne venerable
Et qui gourmand de tout, de tout insatiable,
Les bœufs et les moutons de sa mère esgorgea,
Puis pressé de la faim, soy-mesme se mangea :
Ainsi puisse engloutir ses rentes et sa terre,
Et se devore après par les dents de la guerre.
Qu'il puisse pour vanger le sang de nos forests,
Tousjours nouveaux emprunts sur nouveaux interests
Devoir à l'usurier, et qu'en fin il consomme
Tout son bien à payer la principale somme.
Que tousjours sans repos ne face en son cerveau
Que tramer pour-neant quelque dessein nouveau,
Porté d'impatience et de fureur diverse,
Et de mauvais conseil qui les hommes renverse.
Escoute, Bucheron (arreste un peu le bras)
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas,
Ne vois-tu pas le sang lequel degoute à force
Des Nymphes qui vivoyent dessous la dure escorce ?
Sacrilege meurdrier, si on prend un voleur
Pour piller un butin de bien peu de valeur,
Combien de feux, de fers, de morts, et de destresses
Merites-tu, meschant, pour tuer des Déesses ?
Forest, haute maison des oiseaux bocagers,
Plus le Cerf solitaire et les Chevreuls legers
Ne paistront sous ton ombre, et ta verte criniere
Plus du Soleil d'Esté ne rompra la lumiere.
Plus l'amoureux Pasteur sur un tronq adossé,
Enflant son flageolet à quatre trous persé,
Son mastin à ses pieds, à son flanc la houlette,
Ne dira plus l'ardeur de sa belle Janette :
Tout deviendra muet : Echo sera sans voix :
Tu deviendras campagne, et en lieu de tes bois,
Dont l'ombrage incertain lentement se remue,
Tu sentiras le soc, le coutre et la charrue :
Tu perdras ton silence, et haletans d'effroy
Ny Satyres ny Pans ne viendront plus chez toy.
Adieu vieille forest, le jouët de Zephyre,
Où premier j'accorday les langues de ma lyre,
Où premier j'entendi les fleches resonner
D'Apollon, qui me vint tout le coeur estonner :
Où premier admirant la belle Calliope,
Je devins amoureux de sa neuvaine trope,
Quand sa main sur le front cent roses me jetta,
Et de son propre laict Euterpe m'allaita.
Adieu vieille forest, adieu testes sacrées,
De tableaux et de fleurs autrefois honorées,
Maintenant le desdain des passans alterez,
Qui bruslez en Esté des rayons etherez,
Sans plus trouver le frais de tes douces verdures,
Accusent vos meurtriers, et leur disent injures.
Adieu Chesnes, couronne aux vaillans citoyens,
Arbres de Jupiter, germes Dodonéens,
Qui premiers aux humains donnastes à repaistre,
Peuples vrayment ingrats, qui n'ont sceu recognoistre
Les biens receus de vous, peuples vraiment grossiers,
De massacrer ainsi nos peres nourriciers.
Que l'homme est malheureux qui au monde se fie !
Ô Dieux, que véritable est la Philosophie,
Qui dit que toute chose à la fin perira,
Et qu'en changeant de forme une autre vestira :
De Tempé la vallée un jour sera montagne,
Et la cyme d'Athos une large campagne,
Neptune quelquefois de blé sera couvert.
La matiere demeure, et la forme se perd.
A te couper, forest, d'une dure congnée,
Qu'il puisse s'enferrer de son propre baston,
Et sente en l'estomac la faim d'Erisichton,
Qui coupa de Cerés le Chesne venerable
Et qui gourmand de tout, de tout insatiable,
Les bœufs et les moutons de sa mère esgorgea,
Puis pressé de la faim, soy-mesme se mangea :
Ainsi puisse engloutir ses rentes et sa terre,
Et se devore après par les dents de la guerre.
Qu'il puisse pour vanger le sang de nos forests,
Tousjours nouveaux emprunts sur nouveaux interests
Devoir à l'usurier, et qu'en fin il consomme
Tout son bien à payer la principale somme.
Que tousjours sans repos ne face en son cerveau
Que tramer pour-neant quelque dessein nouveau,
Porté d'impatience et de fureur diverse,
Et de mauvais conseil qui les hommes renverse.
Escoute, Bucheron (arreste un peu le bras)
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas,
Ne vois-tu pas le sang lequel degoute à force
Des Nymphes qui vivoyent dessous la dure escorce ?
Sacrilege meurdrier, si on prend un voleur
Pour piller un butin de bien peu de valeur,
Combien de feux, de fers, de morts, et de destresses
Merites-tu, meschant, pour tuer des Déesses ?
Forest, haute maison des oiseaux bocagers,
Plus le Cerf solitaire et les Chevreuls legers
Ne paistront sous ton ombre, et ta verte criniere
Plus du Soleil d'Esté ne rompra la lumiere.
Plus l'amoureux Pasteur sur un tronq adossé,
Enflant son flageolet à quatre trous persé,
Son mastin à ses pieds, à son flanc la houlette,
Ne dira plus l'ardeur de sa belle Janette :
Tout deviendra muet : Echo sera sans voix :
Tu deviendras campagne, et en lieu de tes bois,
Dont l'ombrage incertain lentement se remue,
Tu sentiras le soc, le coutre et la charrue :
Tu perdras ton silence, et haletans d'effroy
Ny Satyres ny Pans ne viendront plus chez toy.
Adieu vieille forest, le jouët de Zephyre,
Où premier j'accorday les langues de ma lyre,
Où premier j'entendi les fleches resonner
D'Apollon, qui me vint tout le coeur estonner :
Où premier admirant la belle Calliope,
Je devins amoureux de sa neuvaine trope,
Quand sa main sur le front cent roses me jetta,
Et de son propre laict Euterpe m'allaita.
Adieu vieille forest, adieu testes sacrées,
De tableaux et de fleurs autrefois honorées,
Maintenant le desdain des passans alterez,
Qui bruslez en Esté des rayons etherez,
Sans plus trouver le frais de tes douces verdures,
Accusent vos meurtriers, et leur disent injures.
Adieu Chesnes, couronne aux vaillans citoyens,
Arbres de Jupiter, germes Dodonéens,
Qui premiers aux humains donnastes à repaistre,
Peuples vrayment ingrats, qui n'ont sceu recognoistre
Les biens receus de vous, peuples vraiment grossiers,
De massacrer ainsi nos peres nourriciers.
Que l'homme est malheureux qui au monde se fie !
Ô Dieux, que véritable est la Philosophie,
Qui dit que toute chose à la fin perira,
Et qu'en changeant de forme une autre vestira :
De Tempé la vallée un jour sera montagne,
Et la cyme d'Athos une large campagne,
Neptune quelquefois de blé sera couvert.
La matiere demeure, et la forme se perd.
"Si la religion est l'opium des peuples, l'intégrisme est le crac des imbéciles !"
(Alain Remi)
T A C N ?
(Alain Remi)
T A C N ?
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- Posteur Diamant
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- Enregistré le : 19 juin 2007 15:32
- Localisation : Ile de France
Re: les poètes que nous aimons ....
J'ai fait un rêve doux
Comme une vague
Qui ne meurt jamais
Parce qu'elle n'a pas de grève
Où reposer deux pesants bras liquides
Qui n'en peuvent plus des flots
Et ont au cœur de toutes leurs gouttes
La soif infinie du sable
Ce verre d'eau accordé à l'océan
Lorsque la terre ne se fait pas trop dure.
J 'ai fait un rêve triste
Comme une coquille
Vide
Il est bateau
Très loin
Sur la mer
Cécile Cloutier.
Modifié en dernier par constance le 15 octobre 2008 16:34, modifié 1 fois.
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- Posteur Diamant
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- Localisation : Ile de France
Re: les poètes que nous aimons ....
Je suis dur
Je suis tendre
Et j'ai perdu mon temps
A rêver sans dormir
A dormir en marchant
Partout où j'ai passé
J'ai trouvé mon absence
Je ne suis nulle part
Excepté le néant
Mais je porte caché au plus haut des entrailles
A la place où la foudre a frappé trop souvent
Un coeur où chaque mot a laissé son entaille
Et d'où ma vie s'écoule au moindre mouvement.
Pierre Reverdy
Modifié en dernier par constance le 15 octobre 2008 16:34, modifié 1 fois.
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- Posteur Diamant
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Re: les poètes que nous aimons ....
Et je m'en irai
Et resteront les oiseaux chantant
Et restera mon verger avec son arbre vert
Et avec son puits blanc
Tous les soirs, le ciel sera bleu et serein
Et sonneront, comme ce soir sonnent,
Les cloches de mon village.
Mourront ceux qui m'ont aimé
Et le village se fera nouveau
Chaque année
Et dans le recoin de mon verger
Mon âme errera, nostalgique
Et je m'en irai
Et je serai seul,
Sans foyer
Sans arbre vert
Sans puits blanc
Sans ciel bleu et serein
Et resteront les oiseaux chantant.
Juan ramon Jimenez
Modifié en dernier par constance le 15 octobre 2008 16:33, modifié 1 fois.
-
- Posteur Diamant
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- Localisation : Ile de France
Re: les poètes que nous aimons ....
Modifié en dernier par constance le 15 octobre 2008 16:33, modifié 1 fois.
-
- Posteur Diamant
- Messages : 651
- Enregistré le : 19 juin 2007 15:32
- Localisation : Ile de France
Re: les poètes que nous aimons ....
Dans le temps dans la nuit
Je te parlerai
Dans le temps dans la nuit je pourrai répondre à voix basse
Le seul moment que la vie m'a volé
Dans le temps dans la nuit je retrouverai ton visage
Et la forme de mon visage
Je te parlerai dans le temps je te parlerai dans la nuit
J'écarterai enfin l'affreuse douleur de mon silence
J'écarterai enfin les jours mortels
Je te parlerai hors du temps je te parlerai dans la nuit
J'effacerai les traces amères de l'attente
J'effacerai le traces amères de l'oubli
Dans mes deux mains ouvertes je prendrai ton visage
Ton seul visage d'un seul instant mortel
Je te parlerai hors du temps j'écarterai la nuit
Je reprendrai les mots absolus
Pour te les dire enfin avec ma voix pareille
A la lumière.
Jacques Prével
Modifié en dernier par constance le 15 octobre 2008 16:33, modifié 1 fois.
-
- Posteur Diamant
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- Localisation : Ile de France
Re: les poètes que nous aimons ....
A la fin de ce long jour gris couleur de cendre
Tu marchais près de moi
dans ton long manteau de braise
Et peut-être devais-je,
pour te trouver et prolonger
plus longtemps la lueur
souffler doucement sur la ville
Plutôt souffler au creux de la lumière grise elle-même.
La nuit descendit lentement sur nous;
Je crois qu'elle ne venait pas du ciel
mais qu'elle sortait des maisons
comme une grande foule de personnages
silencieux et tendres
qui s'en allaient à la rencontre
de ceux que nous voyions
marcher sur les trottoirs,
avec cette apparence légère qu'ils prennent
à la tombée de la nuit.
Georges Limbour
Modifié en dernier par constance le 15 octobre 2008 16:33, modifié 2 fois.
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- Posteur Diamant
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- Localisation : Ile de France
Re: les poètes que nous aimons ....
De peur que je n'apprenne à te connaître trop facilement,
tu joues avec moi.
Tu m'éblouis de tes éclats de rire pour cacher tes larmes.
Je connais tes artifices.
Jamais tu ne dis le mot que tu voudrais dire.
De peur que je ne t'apprécie pas, tu m'échappes de cent façons.
De peur que je te confonde avec la foule, tu te tiens seule à part.
Je connais tes artifices.
Jamais tu ne prends le chemin que tu voudrais prendre.
Tu demandes plus que les autres, c'est pourquoi tu es silencieuse.
Avec une folâtre insouciance, tu évites mes dons.
Je connais tes artifices.
Jamais tu ne prends ce que tu voudrais prendre.
Rabindranath Tagore
Modifié en dernier par constance le 15 octobre 2008 16:32, modifié 1 fois.
-
- Posteur Diamant
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- Localisation : Ile de France
Re: les poètes que nous aimons ....
Je traîne, je traîne ma vie,
ma vie insensée et sourde
Aujourd'hui, sereinement, je souris,
Demain, je pleure et je chante.
Mais, si imminente est ma fin.
Si derrière mon dos, immobile, se tient
Celui qui de son immense main
Recouvre, tout entier, le miroir.
Alors, la glace jette comme un feu,
Et, plein d'horreur, fermant les yeux,
Je recule dans ce domaine de la nuit,
D'où jamais on ne revient plus.
Alexandre Blok
Modifié en dernier par constance le 15 octobre 2008 16:32, modifié 1 fois.