«Les témoignages réunis soulignent une volonté de contrôle sexuel et politique des femmes», est-il ajouté, affirmant ensuite qu’Hugo Prevost aurait «reproduit cette façon de fonctionner auprès de multiples camarades en théorisant à la fois la gestion sexuelle de femmes au sein et en dehors de l’organisation, et en théorisant le fait de pousser les militants jusqu’à l’usure comme du combustible à cramer». Si la nature des «violences» n’est pas précisée, et qu’aucune plainte n’a à ce jour été déposée, le syndicat s’engage à soutenir et accompagner «toutes les victimes qui souhaitent porter plainte». L’Union étudiante appelle aussi Hugo Prevost à démissionner de son poste de député «au nom de la nécessaire exemplarité que nous attendons de nos représentants politiques, par respect pour les victimes, et pour éviter que d’autres violences puissent être commises».
Contacté par Libération ce mardi soir, Hugo Prevost n’a pas donné suite.
Engagé politiquement depuis le mouvement contre la loi Travail en 2016, le jeune homme a déjà à son actif une petite carrière dans le syndicalisme lycéen, puis étudiant, et a même cofondé l’Union étudiante, issu de scissions successives de l’Unef depuis 2017, de la part de membres proches de La France insoumise. «De loin, ça avait plutôt l’air d’être un bosseur et il avait fait une bonne campagne face à Olivier Véran», soufflait-on avant les révélations concernant Prévost dans l’entourage du maire écologiste de Grenoble Eric Piolle, qui l’avait aidé durant les dernières législatives.
Juste après la présidentielle de 2022, plusieurs affaires visant des proches de Jean-Luc Mélenchon avaient déjà fait tanguer La France insoumise, et fracturé ce parti où la discipline collective est reine. D’abord des accusations de violences sexuelles visant le militant Taha Bouhafs, alors candidat aux législatives, et contraint de retirer sa candidature. Puis une plainte chargeant d’agression et de harcèlement sexuel le député LFI Eric Coquerel, réélu à la tête de la commission des finances.
Et enfin la condamnation pour violences conjugales d’un autre député insoumis, Adrien Quatennens, par ailleurs coordinateur du mouvement, qui n’a pu se représenter en 2024 après la dissolution, sous la pression des féministes. Accusé d’opacité et de dysfonctionnements, le comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles (CVSS) de LFI s’étaient retrouvé sous le feu des critiques. Une réforme de cet organe est censée avoir été engagée depuis.
«Il pouvait nuire à d’autres personnes»
L’affaire Prevost semble attester d’une prise en charge désormais plus efficace. Fin août, une responsable de l’Union étudiante a saisi le CVSS de La France insoumise par mail, à la fois en son nom, mais aussi pour d’autres victimes. Celui qu’elle accuse a quitté le syndicat en mars, avant d’être élu député en juillet. «C’est avec son départ que la parole a pu commencer à se libérer, avant il y avait comme une chape de plomb, un climat de peur permanente», explique-t-elle à Libération. «C’est ça qui m’a poussée à le dénoncer, aussi parce qu’en accédant au statut d’élu, il pouvait nuire à d’autres personnes, alors qu’il allait avoir son propre cabinet, quand on sait comment sont parfois traitées les collaboratrices parlementaires», poursuit la lanceuse d’alerte, qui souhaite dans un premier temps garder l’anonymat. Elle affirme obtenir une réponse de la part du comité de suivi à ce «dossier global» contre Prevost «en une semaine», un délai rapide au regard des cas précédents.
La cellule a ensuite mené des auditions auprès «d’une dizaine de personnes» au cours du mois de septembre, avant de renvoyer l’affaire au bureau du groupe LFI à l’Assemblée, chargé de mener le contradictoire auprès du député incriminé, mais aussi de décider de la sanction politique que prendront contre lui les parlementaires de son camp. Jusqu’à la réunion du groupe ce mardi soir, l’ensemble des députés insoumis n’avait pas été mis au courant, ce qu’a pu constater Libé en tentant de les contacter dans la journée en amont de leur débat. Les choses ont surtout été prises en charge par la présidente du groupe Mathilde Panot, et le reste du bureau. «En l’occurrence, la gestion de LFI a été plutôt bonne, en tant que victimes et témoins on s’est sentis bien reçus et soutenus par le CVSS et le bureau du groupe», estime notre source.