Y’a quelqu’un ? Ce lundi 18 novembre sur BFMTV, le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a ajouté une nouvelle pièce à sa collection, déjà bien fournie, de séquences dans laquelle il reste coi, incapable de répondre à son interlocuteur après avoir été pris en défaut. Pour le président du Rassemblement national, très soigneux de son image et adepte d'une communication formatée pour les réseaux sociaux, ces trous d’air sont autant d’accrocs dans le costume de respectabilité et de crédibilité que le parti nationaliste cherche à se tailler depuis des années.
Certes, il n’est pas certain que ces black-out télévisuels entament la popularité de Jordan Bardella auprès de son socle, chacune de ces joutes perdues pouvant être perçues par les électeurs RN comme une humiliation supplémentaire de leur champion par le « système ». Auprès d’une droite classique que Jordan Bardella s’emploie à séduire, enchaîner les KO debout est toutefois plus fâcheux.
« La règle numéro une » - 18 novembre 2024, sur BFMTV
Les plus retors verront dans cette dernière bourde les prémices d’une trahison de Jordan Bardella contre Marine Le Pen. Le pupille lâcherait ainsi son mentor en rase campagne, sur qui plane la menace d’une condamnation dans l’affaire des assistants parlementaires des eurodéputés RN. Interrogé sur la compatibilité entre une mention au casier judiciaire et une candidature politique sous la bannière du RN, l’auteur de Ce que je cherche s’est jeté dans les rets de BFMTV ce lundi 18 novembre.
« Ne pas avoir de condamnation sur son casier judiciaire est pour moi une règle numéro une lorsqu’on souhaite être parlementaire de la République », explique Jordan Bardella. Et si Marine Le Pen venait à être condamnée ? « Si… avec des si… Il y a un appel, bafouille le président du RN. Si au début de l’année, les juges décident de condamner, peu importe la condamnation, il y aura un appel. L’appel vous rend plus blanc que blanc. » Soit, mais si cet appel confirme le premier verdict ? « Mais l’appel ne confirmera pas puisque Marine Le Pen est totalement innocente. » Il suffisait d’y penser.
21 amendements en cinq ans - 17 avril 2024, sur RMC
Le président du Rassemblement national est régulièrement interrogé sur son activité au Parlement européen. En l’espèce, par une Apolline de Malherbe pugnace. Dans la lignée d’un Jean-Pierre Elkabbach, la journaliste semble avoir préparé son coup, comme en témoigne cet échange :
« - Vous ne vous en souciez pas beaucoup de Bruxelles…
- Ah bon ?
- Je ne pas ce que vous faites : vous arrivez, vous allumez l’ordi, vous faites un petit café ? Il n’y a pas beaucoup de traces… (…) Si je vous dis ça, c’est qu’en cinq ans, vous avez déposé 21 amendements… (silence)
- Tout à fait
- Manon Aubry en a déposé 3460, François-Xavier Bellamy en a déposé 1 200… »
Jordan Bardella retrouve toutefois le fil de l’interview, en contre-attaquant : « Non mais madame… Pardon, ils ont changé quoi les 3 200 amendements de madame Aubry, pour qui j’ai beaucoup de respect, mais qui consistent à déplacer des virgules ? (…) J’ai l’un des meilleurs taux de présence de l’ensemble des eurodéputés français, avec 94 % d’assiduité au vote. »
Chiffrage en cours - 11 avril 2021, sur BFMTV
Alors vice-président du parti, Jordan Bardella conduit la liste Rassemblement national en Île-de-France lors des élections de 2021. L’une des mesures phares du parti lepéniste concerne la sécurité dans les transports : il s’agit de poster deux agents de sécurité armés dans chacune des gares de la région.
Question simple du journaliste de BFMTV : « Combien y’a-t-il de gares en Île-de-France ? » Un silence… « Dites-moi », finit par répondre Jordan Bardella, incapable de répondre à cette colle. « On est en train de chiffrer la mesure, il doit y en avoir un peu plus de 300 je crois », ajoute-t-il. Pas de chance, c’était un peu plus de 800.
Droit de véto - jeudi 23 mai 2024, débat avec Gabriel Attal sur France 2
La macronie s’était appesantie sur cette performance : avant le scrutin européen du 9 juin, le Premier ministre d’alors, Gabriel Attal, avait nettement surclassé Jordan Bardella. Le RN avait, certes, réalisé un joli coup politique avec ce face-à-face, la présence du chef du gouvernement face au président du RN confortant ce dernier dans le rôle d’adversaire principal du camp présidentiel. Éclipsant totalement la tête de liste Ensemble, Valérie Hayer, l’éphémère ministre de l’Éducation nationale affichait une connaissance des institutions qui faisait défaut à Jordan Bardella, relégué à une position d’élève.
« Aujourd’hui il y a un droit de véto sur tous les sujets en Europe ? », interroge ainsi Gabriel Attal. Un silence. Gabriel Attal affiche un sourire carnassier, et reprend : « Je vous pose la question. Aujourd’hui il y a un droit de véto sur tous les sujets en Europe ? » « Non il n’y a pas de droit de véto sur tous les sujets », s’agace Jordan Bardella. « Il y a un droit de véto sur deux sujets : la fiscalité et les affaires étrangères », précise Attal. Jeu, set et match.
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