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Les décrets d’attribution ont été publiés. On apprend ainsi que le Vendéen, opposé au mariage pour tous et à la suppression des thérapies de conversion, a dans son portefeuille «la lutte contre les discriminations en raison des orientations sexuelles et des identités de genre».
Les intitulés des ministères sont parfois obscurs. Il est donc souvent urgent d’attendre les décrets d’attribution pour comprendre de quoi retournent les maroquins. En fin de semaine dernière, ils ont été publiés au Journal officiel, notamment celui décrivant le champ de compétences du ministre de l’Intérieur. Comme l’a noté un confrère journaliste parlementaire, Bruno Retailleau est officiellement chargé, au sein du ministère de l’Intérieur, de «la lutte contre les discriminations en raison des orientations sexuelles et des identités de genre, ainsi qu’à l’égard des personnes intersexuées».
Alors attention pour les moins attentifs : on parle de Retailleau ici, pas de n’importe quel Vendéen. Il s’agit bien de l’élu, ancien bras droit de Philippe de Villiers, qui s’est fait connaître à l’occasion de la Manif pour tous et de la lutte, donc, contre l’ouverture du mariage entre personnes de même sexe.
«Cheval de Troie»
Le ministre de l’Intérieur fait aussi partie des 28 sénateurs qui ont voté contre la loi interdisant les thérapies de conversion. Et s’il s’était déclaré opposé à ces «thérapies» qui visent à forcer des personnes homosexuelles à changer d’orientation sexuelle, Retailleau estimait que la loi n’était pas faite «pour satisfaire des revendications idéologiques». Auprès du média d’extrême droite Boulevard Voltaire, il avait assumé : «Cette loi sur les thérapies de conversion est un véritable cheval de Troie de l’idéologie du genre !»
Lui confier la lutte contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle ou au genre est donc d’autant plus remarquable que son prédécesseur place Beauvau, Gérald Darmanin, n’avait absolument rien de semblable. A ce sujet, le décret du 2 février 2024 était clair : c’était Aurore Bergé, ministre déléguée à l’Egalité entre les femmes et les hommes et à la Lutte contre les discriminations, qui était chargée de lutter «contre la discrimination et contre la haine envers les personnes lesbiennes, gays, bi et trans, contre le racisme et l’antisémitisme». Pas le ministre de l’Intérieur, donc. Le gouvernement Barnier voudrait faire un gros doigt d’honneur aux militants et associations qui œuvrent chaque jour contre les discriminations faites sur des motifs sexuels ou de genre qu’il ne s’y prendrait pas autrement.
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