Mis a part accueillir des femmes qui ne veulent pas s'abaisser devant les lois islamiques , je suis tout a fait d'accord ..Corvo a écrit : ↑11 décembre 2024 07:16
Au lieu de se rendre utiles à la Syrie dans son processus de changement de régime, plusieurs pays du Vieux Continent n’ont pas attendu pour évoquer des expulsions massives de réfugiés. En France, l’extrême droite et une partie de gauche agitent le spectre improbable d’un afflux de migrants.
L’Europe deviendrait-elle un nain politique qui, face au grand vent de l’histoire, face à la possibilité de voir un pays sortir de la nuit autoritaire la plus noire, donne l’impression, par la teneur de ses débats, de se préoccuper surtout de fermer ses frontières ?
Plutôt que de se réunir en urgence pour envisager les moyens d’aider la Syrie à réaliser sa périlleuse transition vers un régime de liberté, plusieurs pays de l’Union semblent surtout occupés à se demander comment se débarrasser de ses réfugiés. Les premiers réflexes des nations, comme des individus, face aux drames des autres révèlent la nature de ces nations et de ces individus. Nos premiers réflexes sont, de ce point de vue, affligeants. Quand l’Europe, havre proclamé de démocratie, voit une nation qui s’ouvre la possibilité, certes fragile et très incertaine, de faire des pas de géant vers un modèle de liberté, même relative, elle donne plutôt à voir sa pusillanimité, sa trouille identitaire…
Mais de quelle avalanche parle donc Bruno Retailleau ?
Alors que, justement, les nouvelles perspectives sont plutôt au retour volontaire de millions de Syriens au pays, les premiers messages envoyés par les forces d’extrême droite gouvernementales (en Autriche ou en Italie) parlent d’expulsions massives et prochaines. Les extrêmes droites d’opposition qui dominent les débats (comme en France) donnent, elles, l’impression que le continent des droits de l’homme ne comprend rien au formidable contre-pied historique réalisé par les Syriens. Nos droites identitaires et certaines de nos gauches voient dans les évènements syriens une menace plus qu’un motif d’espoir.
Ainsi, à peine vingt-quatre heures après le renversement d’une dictature parmi les plus sanguinaires de la planète par le groupe islamiste HTS, Jordan Bardella parlait de catastrophe et prévoyait un déferlement de migrants. «Afin de mettre un frein à l’avalanche d’appels sur les demandes d’asile de Syriens, nous travaillons sur une suspension des dossiers d’asile en cours provenant de Syrie», assurait de son côté le ministère de l’Intérieur lundi 9 décembre après-midi. Mais de quelle avalanche parlent donc les services de Bruno Retailleau ?
En réalité, en France, l’immigration syrienne est minime : l’Office français de protection des réfugiés et apatrides chiffre à 4 465 les demandes d’asile déposées par des Syriens en 2023, et à 2 500 celles depuis début 2024. Seules 700 demandes sont toujours en cours de traitement. La quasi-totalité des Syriens arrivés en Europe ont fui le régime de Bachar al-Assad et ses exactions plutôt que l’Etat islamique qui régnait, au plus fort de son offensive il y a huit ans, sur des zones peu peuplées. L’Etat islamique, encore résiduellement présent au centre du pays, est l’autre ennemi des nouveaux maîtres de la Syrie. Donc tout porte à croire, contrairement aux prévisions catastrophistes et délirantes de Jordan Bardella comme de la partie de la droite et de son extrême qui furent pro-Bachar al-Assad, que le nombre de Syriens souhaitant quitter leur pays sera moins important que celui des Syriens qui souhaiteraient y retourner.
Sinistre panique islamiste et terroriste
La France suspend l’étude des demandes d’asile et c’est normal, puisque l’asile était accordé aux Syriens fuyant le régime de Bachar al-Assad. Mais peut-être demain faudra-t-il étudier d’autres demandes… Celles de minorités persécutées si le nouveau régime devait s’avérer moins «libéral» qu’il semble l’être aujourd’hui. Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration explique d’ailleurs que le statut de réfugié peut être un handicap pour les Syriens qui se sont exilés en France puisque, par nature, ce statut interdit à un ressortissant de revenir dans son pays. Le gel de l’étude des demandes de droit d’asile se justifie donc.
Mais, à une question qui lui était posée sur ce gel pratiqué par la France, le communiste Fabien Roussel faisait cette réponse sur France Info ce mardi matin : «C’est une mesure de précaution, effectivement, parce qu’il y a aujourd’hui en Syrie, parmi ceux qui ont renversé Bachar al-Assad, des terroristes français…» Quel rapport ? Les terroristes français demanderaient-ils l’asile ? On nage en plein confusionnisme.
Tout et n’importe quoi se raconte dans le débat public sur ce sujet. Une sinistre panique islamiste et terroriste est devenue le réflexe courant, dans notre débat politique et pour la partie bollorisée des médias. Comme si, plutôt que d’accompagner une telle bonne nouvelle avec ce mélange d’enthousiasme et de vigilance qui devrait être de mise, certains faisaient feu de tout bois pour alimenter des psychoses d’invasions migratoires ou l’idée d’une résurgence du terrorisme. Des peurs, il est vrai, faciles à manipuler et aisément rentables électoralement.
https://www.liberation.fr/politique/fac ... 73PX2LAOE/
Pour les hommes un tri sérieux est de rigueur ..