Une centaine de jeunes gens se sont réunis sur une passerelle parisienne le lundi 7 octobre au soir pour prier et dénoncer de prétendus blasphèmes pendant la cérémonie d’ouverture olympique en juillet. Des sénateurs communistes ont dénoncé ces faits au ministre de l’Intérieur.
Voilà une prière de rue qui ne fait pas bondir la fachosphère, au contraire : elle a adoré. Le blog catholique intégriste «Le Salon beige» a relayé mercredi 10 octobre un «chapelet» organisé lundi sur la passerelle Debilly à Paris, dans le VIIe arrondissement. L’objectif : «réparer» le «blasphème de la «cérémonie d’ouverture des jeux olympiques», à savoir la performance d’artistes drag présentée, à tort, comme une parodie de la Cène et qui avait hérissé le poil de l’extrême droite. Sur les photos du rassemblement, plusieurs dizaines de personnes au look bon chic bon genre, priant à genoux. «Illégal», a dénoncé ce jeudi le sénateur communiste Ian Brossat sur X, dévoilant un courrier cosigné avec son collègue des Hauts-de-Seine Pierre Ouzoulias et adressé au ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Les deux élus lui demandent de faire connaître «ses intentions et ses solutions pour mettre fin à ces actes délictuels».
«Les nombreux jeunes présents ce lundi 7 octobre demandèrent à la vierge Marie son aide pour combattre les ennemis de l’Eglise, comme elle le fit lors de la bataille de Lépante !» s’est extasié le Salon beige, en référence à une bataille navale opposant en 1571 la flotte ottomane à une coalition de royaume chrétiens.
Des militants d’extrême droite ont également relayé l’information. A l’image de Mathieu Goyer, militant catholique intégriste qui dirigeait la section parisienne du mouvement Civitas, interdit pour son antisémitisme (et des appels à l’insurrection) en octobre 2023, et désormais vice-président d’une association qui a repris le flambeau. Sur X, il s’est réjoui de la mobilisation contre ce qu’il présente comme un «mélange de blasphème, de satanisme et d’idéologie LGBT». A son message, Goyer joint deux photos semblant avoir été prises sur place et différentes de celles du Salon Beige.
Pratique régulière
Christine Boutin, toujours sur X, s’est elle aussi félicitée du rassemblement. «Je ne connaissais pas cette action de réparation. Merci à ceux qui ont pris l’initiative qui permet de remettre les choses à l’endroit.» Des organisateurs mystérieux : aucun mouvement n’a revendiqué le rassemblement. Ce qui n’empêche pas l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy de sembler appeler à la multiplication d’initiatives similaires. «C’est le mois du rosaire [un mois dédié à la dévotion à la Vierge Marie, ndlr] on peut continuer.»
La pratique est en tout cas régulière au sein de la mouvance catholique intégriste. Le 27 juillet, Le Salon Beige avait déjà réclamé «des réparations» pour de prétendus «blasphèmes» lors de la cérémonie orchestrée par Thomas Jolly. Suite à quoi, fin juillet, plusieurs dizaines de personnes s’étaient réunies pour le même motif sur la même passerelle parisienne. Ces dernières années, à Lyon, Paris, ou ailleurs ces prières de rue sont une autre forme de mobilisation de l’extrême droite.
Dans leur courrier, Ian Brossat et Pierre Ouzoulias rappellent que ce rassemblement «n’est malheureusement pas un fait isolé». «Ces pratiques fondamentalistes nous interrogent, au sens où elles s’attaquent aux fondements de nos principes républicains», soulignent les sénateurs. Contacté, le cabinet de Bruno Retailleau n’a pas été en mesure de répondre à nos questions dans les délais désirés.
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