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Un chercheur français s’est vu interdire l’entrée sur le sol américain, avant d’en être expulsé, suite à des messages privés critiquant la politique de Donald Trump. Une version démentie par les autorités américaines. "
"Jusqu’où s’arrête la liberté d’opinion aux États-Unis ? La question agite de plus en plus fortement le monde scientifique. Un chercheur français s’est vu interdire dimanche 9 mars l’entrée sur le sol américain, avant d’en être expulsé. La raison ? Le scientifique aurait exprimé des critiques sur la politique américaine, en matière de recherche. Un incident qui aggrave les inquiétudes de la communauté scientifique, déjà visée par de multiples attaques depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. On fait le point.
Que s’est-il passé ?
Les faits remontent au 9 mars dernier. Un chercheur français, en mission pour le CNRS, devait se rendre à une conférence sur l’espace près de Houston (Texas) aux États-Unis.
À peine débarqué sur le sol américain, le scientifique subit un contrôle au cours duquel son ordinateur professionnel et son téléphone sont fouillés. Son matériel professionnel et ses affaires personnelles lui sont confisqués.
D’après une source diplomatique, les autorités auraient trouvé dans ses affaires des messages évoquant le traitement des scientifiques infligé par l’administration américaine. Il lui aurait été reproché des échanges « qui traduisent une haine envers Trump et peuvent être qualifiés de terrorisme ». Une enquête du FBI lui aurait été annoncée… avant que « les charges ne soient finalement abandonnées ». Le chercheur a finalement été renvoyé en Europe, le 10 mars. Ce dernier, qui préfère garder l’anonymat, ne s’est pas exprimé publiquement.
Que contenaient ces messages ?
Le contenu des communications n’a pas été dévoilé. Ces messages s’inscriraient toutefois dans un cadre privé. D’après le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Philippe Baptiste,
cette expulsion aurait été décidée « parce que le téléphone du chercheur contenait des échanges avec des collègues et des relations amicales dans lesquels il exprimait une opinion personnelle sur la politique menée par l’administration Trump en matière de recherche », a-t-il expliqué dans une déclaration à l’AFP.
Une version démentie par le département de la sécurité intérieure aux États-Unis. Le scientifique aurait été refoulé car il possédait des « informations confidentielles sur son appareil électronique provenant du laboratoire national de Los Alamos, en violation d’un accord de confidentialité », selon un communiqué relayé par les médias américains. Selon cette même source, le chercheur « aurait admis les avoir récupérées sans autorisation » et aurait « tenté de les dissimuler ».
Quelles réactions ?
Le gouvernement français a déploré cet incident, se disant « préoccupé » par la situation. « La liberté d’opinion, la recherche libre et les libertés académiques sont des valeurs que nous continuerons à revendiquer fièrement. Je défendrai la possibilité pour tous les chercheurs français d’y être fidèles, dans le respect de la loi », a défendu ce vendredi le ministre, Philippe Baptiste au micro de Sud Radio.
De son côté, le Quai d’Orsay a rappelé que Washington est « souverain » en matière d’entrée et de séjour de ressortissants étrangers sur leur territoire. Les services consulaires français ont été « informés de cette situation ». Sans condamner fermement, le ministère des Affaires étrangères a « déploré cette situation », rappelant sa « volonté de promouvoir la liberté d’expression ».
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