Amateurisme
Etats-Unis : le ministre de la Défense Pete Hegseth accusé d’avoir emmené sa femme à des réunions militaires sensibles
Déjà embourbé dans la polémique sur la faille de sécurité révélée par «The Atlantic», le secrétaire à la Défense américain est épinglé par le «Wall Street Journal», qui assure que Jennifer Hegseth a assisté à deux réunions sur l’Ukraine, sans habilitation.
Pete Hegseth n’aurait-il aucun secret militaire pour son épouse ? Largement impliqué dans le scandale des failles de sécurité américaines révélé par le journal The Atlantic, le secrétaire à la Défense Pete Hegseth fait l’objet de nouvelles révélations sur sa façon problématique de travailler, dans une enquête du Wall Street Journal publiée vendredi 28 mars au soir. Se basant sur plusieurs témoignages, le prestigieux média affirme que ce proche de Donald Trump a convié sa femme, Jennifer Hegseth, à au moins deux réunions de travail avec d’importants officiers militaires étrangers. Problème : l’ancienne productrice de la chaîne Fox News n’est pas du tout habilitée pour assister à ces échanges sensibles et, par sa présence, a pu compromettre la bonne tenue des échanges.
Selon le Wall Street Journal, Jennifer Hegseth était présente au Pentagone le 6 mars. Autour de la table : outre son mari, se trouvent rien de moins que le secrétaire britannique à la Défense, John Healey et encore l’amiral Tony Radakin, le chef des forces armées britanniques. La discussion porte sur l’Ukraine, et est brulante au lendemain de la décision cruciale des Etats-Unis d’interrompre le partage de renseignements militaires avec Kyiv.
Troisième épouse de Pete Hegseth, Jennifer a également assisté le mois dernier à une réunion au siège de l’Otan à Bruxelles, avec pour thème le soutien des pays alliés apporté à l’Ukraine. Selon le Wall Street Journal, il s’agissait d’une réunion du Groupe de contact pour la défense de l’Ukraine, un forum dirigé par les États-Unis regroupant une cinquantaine de pays qui coordonnent entre autres la production et la livraison d’armes à Kyiv. Selon des responsables américains cités par le quotidien, «lors de ces discussions à huis clos, les représentants nationaux présentent régulièrement des informations confidentielles, telles que les dons à l’Ukraine, qu’ils ne souhaitent pas rendre publiques.» D’autres témoignent auprès du journal que «certains participants étrangers aux réunions ignoraient qui était Jennifer Hegseth», quand d’autres «ont été surpris par sa présence».
Les hauts fonctionnaires du ministère de la Défense emmènent parfois leurs conjoints en déplacement officiel ou à des cérémonies, note le quotidien américain. C’est beaucoup plus rare concernant les réunions ayant pour sujet la sécurité nationale ou l’invasion russe en Ukraine. Pete Hegseth n’a pas répondu aux sollicitations du Wall Street Journal. Pas plus que Jennifer Hegseth. Celle qui a fait fortune notamment grâce à sa carrière à la télévision a rencontré Pete Hegseth alors qu’il était animateur et elle productrice de «Fox & Friends».
Alcoolisme présumé et coordonnées privées
La semaine est longue pour le vétéran de l’armée, propulsé aux manettes du tentaculaire département à la Défense, employant près de 3 millions de personnes. Il est ciblé depuis lundi pour avoir dévoilé les plans militaires américains d’attaque des Houthis au Yemen dans la fameuse boucle sur la messagerie Signal dans la laquelle avait été invité par erreur un journaliste de The Atlantic.
Dans la foulée, certains sont allés jusqu’à demander si Pete Hegseth - dont les penchants pour la bouteille sont connus de longue date - était sous l’emprise de l’alcool lorsqu’il a communiqué ces informations militaires sensibles. Les patrons du renseignement et de la CIA ont été contraints de démentir l’allégation gênante devant la Chambre des représentants mercredi.
Le lendemain, le magazine allemand Der Spiegel a révélé que les coordonnées privées d’Hegseth étaient facilement accessibles sur internet, tout comme ceux du conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz ou encore de la cheffe du renseignement Tulsi Gabbard.
Malgré les révélations qui se succèdent et témoignent de l’amateurisme de l’administration Trump en matière de protection d’informations militaires, le responsable de 44 ans est conforté par son mentor et président. En réponse aux appels des démocrates à la démission de Pete Hegseth, Donald Trump dénonce une «chasse aux sorcières». La perspective d’une enquête interne du Pentagone «ne me dérange pas», a-t-il cependant fait savoir mercredi à des journalistes.
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