Fayot ô fayot ô fayot !!!...
CONCOURS DE COURBETTES •
Rien ne sert de tweeter, il faut fayotter à point. Hier soir, dans le très rupin hôtel Westin Paris, à deux pas de la place Vendôme, la fine fleur du RN accourait pour se procurer l’autobiographie de Jordan Bardella. Enfin, ceux qui ne l’avaient pas encore dûment achetée, photographiée et postée sur l’ensemble de leurs réseaux sociaux en l’assortissant d’un commentaire dithyrambique. En route vers le buffet, voici donc Alexandre Dufosset, jeune député du Nord croulant sous ses quatre exemplaires tout juste achetés. «C’est le gagnant de la soirée», commente un collègue amusé. Jean-Philippe Tanguy, lui, n'en a acheté que trois pour ses collaborateurs. Hélas, d’autres parlementaires ne peuvent assister au pince-fesses parisien. On se rattrape à distance. Le député de l’Allier, Jorys Bovet, a donc photographié ses quatre exemplaires (à 22,9€ le bouquin, cela monte tout de même à la rondelette somme de 91,6€) en mentionnant sur X l’auteur du chef-d’œuvre : «Nous lirons en famille le livre de Bardella !» Sous le sapin, avec le pull de Noël brodé à l’effigie de Marine Le Pen ? Les inévitables clichés d’élus plongés intensément dans la lecture du livre sont apparus depuis quelques jours sur X. La palme revient à l'eurodéputée Anne-Sophie Frigout, immortalisée avec un nouveau-né qu’elle semble bercer de la prose bardellienne : «J’en suis à la page 40, et vous ?»
Mais le titre de champion toutes catégories du lancer de fayots va sans conteste au député audois Frédéric Falcon qui écrit : «Après avoir lu les 100 premières pages, les mots qui me viennent sont : la sincérité, le courage, la simplicité, l’humilité, l’amour de la France et la noblesse. Passionnant. Lisez-le !» Libé avait aussi pensé à force de caractère, intrépidité, sagacité, sagesse et bonté, mais ce n’est pas un concours.
Bardella n’étant que le numéro 2 du parti d’extrême droite, le concert de mandoline qui lui est servi n’a tout de même pas la même ampleur que les sérénades en l’honneur de la vraie patronne. Hier soir, certains députés ricanaient des flagorneurs. Pire : certains annonçaient leur refus catégorique de sacrifier au lustrage des Richelieu du chef. «Je fête déjà les anniversaires, ça suffit», grinçait un élu. Tandis qu’un autre ironisait sur son rêve : «Faire vraiment une photo d’un mec sur le toit de Notre-Dame avec le bouquin de Bardella : "
Comme notre patrimoine, comme Notre-Dame, Jordan ne meurt jamais."»
Chiche. N.M.
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