Regarder le 7 Octobre en face c'est regarder aussi et sans aucun biais ce qui s'est passé sur le terrain, ce jour-là pour les victimes.
C'était hier soir, je me méfie de cette chaîne comme de la peste mais c'est elle qui a diffusé ce document exceptionnel : les jeunes gens de la rave party pris sous le feu des terroristes du Hamas. En live. Certains filment en live avec leurs portables, on entend les cris, on assiste à des fuites éperdues, ne manquent plus que les odeurs de sueur, d'urine, d'excréments et de poudre évoquées par un survivant caché dans un abri anti-roquettes mitraillé et grenadé par le Hamas. C'est atroce. Ces deux gamines cachées pendant plusieurs heures dans un WC portatif qui continuent de filmer avec le son, les cris... alors qu' elles n'ont que leurs pieds à filmer, les cris des assassins qui débusquent ceux qui se cachent, cette gamine qui raconte en direct ce qui se passe à son père, qui crie à l'aide et "mais où est l'armée ? où est l'armée ?" Ces jeunes gens livrés à eux-mêmes sans aucune défense à quelques centaines de mètres de la frontière avec Gaza. On en entend un crier : "mais pourquoi cette fête si près de Gaza ?" Tout cela accompagné de quelques témoignages poignants de jeunes survivants et survivantes de la rave. Et c'est ça qui heurte, qui révolte peut-être le plus quand on assiste à ce massacre : MAIS OU EST L'ARMEE ? OU EST TSAHAL BON DIEU DE M.... !
Atroce. Un document accompagné de quelques séquences filmées, elles, par le Hamas que j'ai déjà vues, qui ont déjà été montrées sur France TV.
Mais pas celles filmées par ces gamins et ces gamines de la rave party en live : et, ça c'était sur C NEWS. Et ben oui, il faut bien le dire : c'était sur CNEWS. C NEWS qui rappelait aussi clairement le nom de deux otages français en montrant leurs visages. Ce que ne font pas les chaînes de France TV ni le Premier ministre quand il les évoque : là, ils n'ont ni nom ni visages.
Y a un sacré problème quand même. Pourquoi ces pudeurs de gazelle chez France TV ?
Mais pour tout dire, quant à l'attitude de France TV par rapport à cette journée tragique, j'ai déjà eu un sacré étonnement quand j'ai constaté que la quotidienne "C dans l'Air" ne consacrait son émission du jour qu'au problème de la dette et des impôts alors que j'étais persuadé qu'elle consacrerait cette quotidienne au 7 Octobre. Et bien non ! Je me suis trompé.
Mais alors, encore une fois, pourquoi ces pudeurs de gazelle de la part de France TV ? Pas la peine de tourner trop longtemps autour du pot : parce que vivent en France 8 millions de français de confession musulmane - a priori plus sensibles à la cause palestinienne- et seulement 500 à 600.000 français de confession juive - a priori plus sensible à la cause du peuple juif.
C'est grave, ça, docteur.
Parce que, moi, je suis capable de regarder en face le massacre de tous ces innocents du 7 Octobre, des jeunes qui voulaient simplement faire la fête et vivre, s'amuser. Parfaitement conscient aussi que ces jeunes - sans penser à mal- s'amusaient à quelques centaines de mètre d'un autre monde qui lui n'avait , lui, ni l'envie ni la possibilité de faire la fête. Mais le 7 octobre c'est la vie de ces jeunes qui m'importe et la manière dont leur fête a été stoppée tragiquement qui m'importe. L'analyse, la mise en perspective, la comparaison de ces deux mondes, tout cela vient après, à froid. Mais pas quand on voit ces images de détresse filmées par eux -mêmes : là, c'est comme si j'étais leur père, comme si j'étais leur famille et je crie : "quelle honte ! mais que fout l'armée, que fout Tsahal bon Dieu de m.... ! On est en train de massacrer mes enfants ! "
Et après tout cela je suis aussi capable de regarder en face les centaines de jours tragiques qui s'ensuivent à Gaza, les massacre insensés des Gazouis, les bombardements insensés de Gaza, les destructions, la réduction de tous ces gens au stade d'animaux. Et de défendre la peu de cause palestinienne qui reste au nom du peu "d'ordre international" qu'il reste.
Photo de l’année, prise par le photojournaliste palestinien Mohammed Salem. À l’hôpital Nasser de Khan Younis, Inas Abu Maamar, 36 ans, étreint le corps de sa nièce Saly, 5 ans, qui a été tuée par une frappe israélienne, le 17 octobre 2023. Photo Mohammed Salem/Reuters
Pas d'émotions ni d'indignations sélectives donc.
Mais honte à France TV qui capitule.
Sans avoir envie non plus de tresser des couronnes à C NEWS pour le sale boulot qu'elle fait ordinairement. Sauf, hier soir. Elle. Et pas les autres.
Voilà, c'est tout. Mais c'est dit. Et je tiens à une parole libre.