Les petits soldats de la fachosphère se sentent pousser des ailes.
Ils se réveillent comme des "Belles au bois dormant" baisées par le prince noir Elon.
"Ils osent tout" poussés par les vents venus de l'est et maintenant de l'ouest depuis le sacre de Trump.
...Signalement au parquet
Contacté, aucun de ces hommes, la plupart âgés d’une vingtaine d’années, n’a répondu aux sollicitations de Libération. L’eurodéputée d’extrême droite Mathilde Androuët affirme quant à elle que son assistant parlementaire lui assure que les cartes en question seraient des «montages hostiles visant à nuire à l’UNI». «Si l’enquête aboutit à la culpabilité de mon assistant, il sera licencié, dit-elle. Si l’enquête aboutit à la culpabilité d’antifas locaux qui pourrissent la vie actuelle de la fac de Strasbourg, je ne doute pas que les journalistes laveront la réputation de ces jeunes étudiants.»
Le président de l’université de Strasbourg, Michel Deneken, a de son côté annoncé avoir effectué un signalement au parquet au titre de l’article 40 du code pénal, selon lequel tout fonctionnaire ayant la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis au procureur. Dans un communiqué publié mardi 11 février sur le site de l’université de Strasbourg, il a qualifié des faits «graves, condamnés par la loi, qui nuisent à la conception d’une université ouverte, respectueuse des différences et de la diversité», tout en signalant l’ouverture d’une enquête administrative. Dans ce contexte, plusieurs étudiants de l’université, dont font tous partie les jeunes hommes présents sur les montages antisémites, vont être convoqués dans le cadre d’une procédure disciplinaire. «L’antisémitisme est une horreur, quelle que soit l’origine de ces montages», précise Michel Deneken auprès de Libération.
«Des idées extrémistes»
Samy Amokrane est étudiant en troisième année de droit. Il a pris la présidence de l’UNI Strasbourg en mai 2023. Selon plusieurs anciens membres du syndicat étudiant, celui-ci, déjà bien à droite, a alors opéré un virage à l’extrême droite, quand Samy Amokrane a ouvert les portes de l’UNI à ses amis de Génération Z et à plusieurs membres du RN, faisant fuir la plupart des jeunes LR de l’ancien bureau. En novembre 2023, l’UNI Strasbourg comptait environ 70 membres, dont, par exemple, Laurent Ochsenbein, 20 ans, membre du RN en Alsace. «Des gars d’extrême droite, soutenant le RN ou Eric Zemmour, sont apparus un à un, avec des idées extrémistes et des pensées vraiment “abusées”», raconte un ancien membre.
A l’époque, les comportements ou propos racistes et sexistes deviennent récurrents. L’un des adhérents, qui tracte et colle alors des affiches régulièrement pour l’UNI Strasbourg, un certain Josselin H., se filme en octobre 2023, dans un cadre privé, en train d’effectuer un salut nazi. Dans une discussion de l’UNI locale sur l’application Messenger, à laquelle Libération a eu en partie accès, on peut le voir discuter du conflit israélo-palestinien. Il explique être «pro-Palestine, comme tous les nationalistes», avant de se qualifier d’«antisioniste». L’un de ses camarades, un certain «Robin», le reprend alors : «Tu ne vas pas me faire croire que tu t’es senti pousser un sentiment de fraternité avec un peuple arabe. [Tout cela], c’est un conflit entre des Juifs et des Arabes, je ne vois même pas pourquoi cela compterait autant pour certains, en tant que chrétiens français.» Membre de l’UNI Strasbourg à partir de février 2023, Josselin H. finit par quitter la branche strasbourgeoise du syndicat de lui-même en octobre pour des divergences politiques internes. Contacté, il dit aujourd’hui «regretter» son geste de l’époque et chercher à «étudier paisiblement».
La révélation des montages attribués à l’UNI Strasbourg n’a pas empêché, quelques jours plus tard, l’unique eurodéputée Reconquête Sarah Knafo de s’afficher avec l’organisation étudiante. Dans une publication sur Instagram, le 11 février, celle-ci s’affiche avec plusieurs de ses militants, dont Samy Amokrane, dans un bar de la ville, l’Exils. «Les militants de l’UNI Strasbourg viennent d’être séquestrés dans leur propre université, pourchassés par des antifas armés de couteaux et tabassés. Qui parle de ce scandale ? Je suis à leurs côtés», écrit Knafo. Selon plusieurs sources, notamment le président de la fac, Michel Deneken, les étudiants d’extrême droite ont effectivement été pris à partie jeudi 6 janvier lors d’une opération de tractage, dans le cadre des élections étudiantes. Ils ont en réalité été protégés par les agents de sécurité de l’université, qui les ont fait rentrer dans un bâtiment pour éviter qu’ils ne soient molestés. Sans doute cette version de l’histoire était-elle moins vendeuse pour l’extrême droite sur les réseaux sociaux.