Terra Nova, fondation proche du PS, propose, dans une étude publiée jeudi 12 avril 2012, un changement de gouvernance de la politique de la ville avec la mise en oeuvre d'un projet d'inspiration américaine prévoyant l'installation d'un "comité local" de quartier doté d'un vrai pouvoir.
« Pourquoi ne pas placer l’ensemble des équipes techniques sous la direction d’un conseil de quartier constitué non pas d’habitants ‘méritants’ aux yeux du personnel de la mairie, mais de façon à ce que chacune des catégories qui le composent - pays d’origine, genre, âge - s’y trouve représentée efficacement, ainsi que les représentants des services scolaires, de sécurité, de santé, des transports, sans oublier les bailleurs, les représentants des institutions centrales de la ville et les ONG? » propose la fondation.
Son rapport, intitulé « Banlieues et quartiers populaires: remettre les gens en mouvement », est le fruit d’un travail entamé en 2009 et basé sur des rapports officiels, des discussions avec les acteurs impliqués dans la politique de la ville et des visites sur le terrain. « On ne s’est pas soucié de le faire avant la campagne électorale », a noté le président du groupe de travail, Jacques Donzelot, en précisant que le rapport n’a pas été remis au candidat du PS, François Hollande.
Création de comités de quartiers - Pour justifier sa proposition de créer des comités de quartier, Terra Nova dénonce « le caractère passablement fictif et frustrant des consultations d’habitants qui ne produisent au mieux que des aménagements marginaux des programmes déjà établis ».
« On leur demande la couleur du gazon qu’on va planter », a ironisé le président de Terra Nova, Olivier Ferrand, en estimant que « l’Etat a une approche néo-coloniale des quartiers », où « les emplois bas de gamme de la rénovation urbaine sont réservés aux indigènes ».
Concrètement, en matière de sécurité par exemple, la force du comité local pourrait être « de générer les conditions d’une collaboration effective entre police nationale et police municipale comme de permettre de rendre compte aux habitants du suivi des actions menées par rapport aux objectifs qu’ils ont contribué à définir », explique la fondation dans son rapport.
Faire évoluer l’éducation - « Dans le domaine de l’éducation, on voit encore plus aisément comment la mobilisation des moyens de la société -ceux du quartier comme ceux de la ville- peut permettre de lever les obstacles sur lesquels bute la seule stratégie de majoration des moyens de l’Etat », observe Terra Nova.
En économie, l’étude propose de « remplacer l’effet d’aubaine aux entreprises dans les zones franches urbaines (ZFU) par l’obligation aux banques d’investir dans les territoires délaissés et la facilitation aux habitants d’en sortir par le recours à l’emploi franc ».
L’échec de la rénovation urbaine - Analysant la politique de rénovation urbaine lancée en 2003 après avoir été initiée, selon elle, en 1998 par la gauche, qui « autorise pour la première fois la démolition des tours et des barres à grande échelle », Terre Nova remarque que, « si spectaculaires que soient ses effets quant au paysage des cités HLM, ils n’entraînent pas pour autant de résultats tangibles quant à l’intégration effective de la population ».
A l’instar de l’Observatoire national des zones urbaines sensibles (ONZUS), Terra Nova note que « la rénovation urbaine n’a pas atteint l’objectif de mixité sociale qui lui était assigné » et « ne modifie guère la composition sociale des quartiers ».
Selon ce think-tank, « la politique de la ville se trouve confrontée à la nécessité d’adopter une nouvelle stratégie », d’inspiration américaine, consistant à agir sur les gens dans les lieux où ils vivent.