Le Ballon de Plomb arrive à sa 10e édition en état de crise... Et si, cette année, on préférait à ces dix candidats l'idée de n'élire personne?
Au départ parodie du Ballon d'Or, le Ballon de Plomb vit sa propre vie depuis un bout de temps, pour le meilleur et pour le pire, non sans susciter quelques malentendus sur ce que beaucoup croient être l'élection du "pire joueur" de l'année – alors qu'il s'agit de plus que cela, à l'aune des trois critères rappelés plus bas. Il y a eu des lauréats emblématiques, à commencer par le premier, Francis Llacer, ou notre préféré, Bernard Mendy. Hésitant entre le BdP rigolard et le BdP punition, le trophée s'est rarement trompé (Pedretti) dans sa désignation finale, et son palmarès présente une belle collection de footballeurs dont le folklore s'établit aux antipodes du vedettariat des starlettes contemporaines.
La sélection de cette année permettra-t-elle de dégager un vainqueur à la hauteur de ses prédécesseurs ? C'est parce que nous en doutons, et parce que ce "concours" a toujours été le ferment de désaccords infinis, que pour la première fois, le vote blanc va compte r: vous aurez la possibilité de choisir la non-attribution du Ballon de Plomb cette année...
Les nommés sont :
Morgan Amalfitano (Olympique de Marseille)
Kevin Anin (OGC Nice)
Michaël Ciani (Girondins de Bordeaux / Lazio Rome)
Alou Diarra (Olympique de Marseille / West Ham Utd)
Cris (Olympique lyonnais / Galatasaray)
Issam Jemaa (AJ Auxerre / Stade brestois / Al Kuwait)
Diego Lugano (Paris Saint-Germain)
Modibo Maïga (FC Sochaux / West Ham Utd)
Stéphane Mbia (Olympique de Marseille / Queens Park Rangers)
Yann M'Vila (Stade Rennais)
Ballon de Plomb, abstention ?
Autant le dire, la possibilité de "voter blanc" pour cette édition s'est imposée au vu des dix noms retenus: aux yeux d'une majorité de rédacteurs et de forumistes des Cahiers, le cru 2012 n'est pas digne du Ballon de Plomb, et on y cherche en vain un Maazou ou même un Kezman capable de compléter dignement le palmarès. Déjà, le premier critère est de plus en plus difficile à satisfaire: les authentiques chèvres sont bel et bien en voie de disparition. Ensuite, la crise semble diminuer le nombre de transferts scabreux, et même un Jirès Kembo-Ekoko (partis aux Émirats à vingt-quatre ans) a eu droit à la clémence du jury.
Franchement, on trouve qui dans cette liste? Un dépressif, un maladroit récidiviste, un des meilleurs Bleus de l'Euro, deux vétérans encore glorieux, un type qui voulait à tout prix quitter Sochaux, quelques écervelés. Et surtout, le favori présumé Yann M'vila, qui s'est effectivement tiré du plomb dans le pied toute l'année durant. Or, non seulement le joueur est trop bon, est jeune et va retrouver un haut niveau, mais le sanctionner reviendrait aussi à se retrouver du côté de la FFF, des médias et de tous les moralistes qui se sont abattus sur lui... La stigmatisation des footballeurs étant devenue un sport national, et même une discipline olympique cet été, cette année 2012 ne donne pas envie de se joindre à ce concert-là.
C'est donc la cause de la non-attribution que nous plaiderons, en laissant bien sûr le choix aux votants. Et si aucun des candidats ne nous semble avoir l'étoffe d'un lauréat potentiel, pour la plupart ils méritent tout de même une nomination: le Ballon de Plomb ne renonce pas à rendre son paradoxal hommage aux anti-héros parfois sympathiques, souvent déplorables que nous offre le football. Un peu plus tard, il faudra réenvisager la vocation de ce trophée après une décennie qui l'a vu se transformer – en grande partie indépendamment de notre volonté... À ce jour, le Ballon d'Eau fraîche semble avoir un meilleur avenir.
Les conditions d'éligibilité
Avoir figuré dans un effectif de Ligue 1 au moins une demi-saison cette année.
Les trois critères d'élection
Qualités footballistiques intrinsèques,
Mentalité
Choix de carrière.
Le vote
Sur le site des Cahiers du foot du 26 décembre au 4 janvier.
Le palmarès
2003 : Francis Llacer
2004 : Fabrice Fiorèse
2005 : Benoît Pedretti
2006 : Bernard Mendy
2007 : Matt Moussilou
2008 : Frédéric Piquionne
2009 : Mateja Kezman
2010 : Yohan Démont
2011 : Moussa Maazou
Et bien moi, je suis contre le vote blanc, je voterai pour Issam Jemmaa, le mec qui a été transféré à Brest sans savoir où était Brest
Johan a écrit :Et bien moi, je suis contre le vote blanc, je voterai pour Issam Jemmaa, le mec qui a été transféré à Brest sans savoir où était Brest
A choisir je vote également Jemaa!
Rien que pour le "gardien si t'es sympa, laisse marquer Issam Jemaa". Tout simplement énorme!
“Ce n’est pas de la bienveillance du boucher ou du boulanger que nous attendons notre dîner, mais plutôt du soin qu’ils apportent à la recherche de leur propre intérêt. Nous ne nous en remettons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme.” Adam Smith
Ballon de plomb 2012 – Les résultats. Le trophée le moins prestigieux du foot européen s'est finalement offert un bon – et net – vainqueur.
C'est vrai, nous avons douté de lui. Douté du Ballon de Plomb en cette année où le plateau des candidats était objectivement d'une grande faiblesse, au point de proposer au suffrage le "vote blanc" de sa non-attribution. On a même craint, c'est vrai aussi, que Yann M'vila n'emporte tout sur son année tsunamique, nous lestant d'un lauréat qu'on aurait mal assumé. Mais c'était mal connaître la logique d'un scrutin qui – en définitive – n'a plus sacré de "vedettes" depuis Fiorèse et Benoît Pedretti. La non-attribution et M'Vila sont certes sur le podium, mais le Rennais emporte moitié moins de suffrages que le vainqueur, qui met tout le monde d'accord.
Car nous avions mal regardé. Pas besoin d'une demi-douzaine de postulants parfaitement crédibles: un seul suffit. Avec un strike sur les trois critères de l'élection, Issam Jemaa était voué à devenir le dixième Ballon de Plomb de l'histoire, et il fera belle figure au palmarès. Son portrait rappelait ses faits d'arme: deux relégations et demi lors des trois dernières saisons, des statistiques faméliques, un passage à Brest où il lègue le chant "Gardien, si t’es sympa, laisse marquer Issam Jemaa" et un départ au Koweït pour certifier sa candidature. Et maintenant sa victoire, avec un beau 25% des suffrages: comme son prédécesseur au palmarès, ses performances sportives épisodiques dans un environnement peu médiatisé l'ont à peine pénalisé.
Jemaa est le sixième attaquant sacré, le deuxième de suite après Moussa Maazou. À ce poste, on prend plus facilement la lumière, mais l'on s'y grille parfois. Et voilà encore, très probablement, un gentil garçon que le football a fait dérailler. Qu'il nous passe l'affront et nous prouve qu'il vaut mieux que ça. Peu de ses prédécesseurs y sont parvenus.
Les résultats du scrutin
2907 votes confirmés par e-mail du 28 décembre au 5 janvier. Une participation nettement en baisse par rapport à l'an passé (5107), essentiellement en raison d'une durée du scrutin raccourcie d'une semaine.
Au coude à coude, Yann M'Vila et Stéphane Mbia sont les seuls à avoir quelque peu résisté à la poussée du vainqueur. Ils devancent Alou Diarra et Modibo Maïga. Les autres candidats n'ont eu guère de faveurs, et le score de Michaël Ciani nous contraint presque à lui présenter des excuses pour sa présence dans la liste.
On retiendra aussi la deuxième place des votes pour la non-attribution du Ballon de Plomb cette année: la légitimité du lauréat ne nous épargnera pas une réflexion sur la vocation et l'avenir du trophée dix ans après sa création.
