J'ai trouvé cet article excellent. L'envie dans sa forme extrême - jalousie revendicative - est bien le moteur de la politique française.La réussite doit conserver les apparences de la modestie. Toute dérive ostentatoire sera réprimée par le dieu médias qui dénoncera le manquement au peuple. Politiquement, tout se joue sur l’image et non sur la réalité.
La mentalité égalitariste conduit aujourd’hui à une exploitation éhontée de la convoitise. La piscine du fort de Brégançon, la vaisselle de l’Élysée, les vacances américaines de Nicolas Sarkozy et même la réduction du traitement du président de la République par François Hollande constituent de petits épisodes politico-médiatiques apportant chez les Français le sentiment d’envie. Les grands de ce monde, du moins certains d’entre eux dans les démocraties, sont contraints d’afficher une certaine modestie, surtout dans le domaine purement matériel. Qu’ils soient cultivés, intellectuellement brillants, cela passe encore. Peut-être pas pour longtemps.
Les mots arrogance ou suffisance arrivent très vite. Mais en ce qui concerne le mode de vie, la question est réglée : pas de luxe, pas d’ostentation. L’idéal de l’Occidental moyen ne semble pourtant pas être le dirigeant « normal » que souhaitait être François Hollande, puisqu’il fut particulièrement impopulaire. Mais il convient sans doute de minimiser le faste du pouvoir et de ciseler soi-même une image publique plutôt banale.
LA PISCINE DE BRÉGANÇON, QUEL SCANDALE !
L’épisode de la piscine que la présidence de la République a fait construire dans l’enceinte du fort de Brégançon a défrayé la chronique. Pour corser la narration, les adjectifs « somptueuse », « luxueuse », ont été, ici et là, accolés au substantif piscine. À ma connaissance, il s’agit d’une piscine hors sol de 10 mètres sur 4, d’une profondeur de 1,20 m. Le prix serait de 34 000 €, selon certains organes de presse.
On ne peut vraiment pas considérer que la présidence fasse dans le somptuaire. Tout cela est modeste et nombreux sont les particuliers dans le Sud de la France qui possèdent une piscine plus coûteuse. Pourtant, les commentaires des lecteurs des articles de presse sont imprégnés d’un sentiment que le sociologue allemand Helmut Shoeck avait analysé de façon approfondie : l’envie1.
LA MANIPULATION DE L’ENVIE
Pour les lecteurs qui ne possèdent pas de piscine, il n’y a aucune raison que le Président dispose de cet équipement. Pour ceux qui en ont une, il n’y a aucune raison que celle de Président soit un peu supérieure. Ainsi, un lecteur du Figaro faisait remarquer que sa piscine lui avait coûté 5 000 €, dalle de béton comprise. Pourquoi dépenser 34 000 € d’argent public ? Pourquoi le Président ne choisirait-il pas également la piscine Leroy-Merlin premier prix, à installer soi-même ?
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Personnellement, je n'adhère pas à ces polémiques ridicules et mesquines. Je trouve les parlementaires mal payés, renouveler la vaisselle de l'Elysée est nécessaire et je me fous de la piscine de Brégançon comme de ma première chemise.