Les Français n'ont pas délaissé le char. Au début de la seconde guerre, les chars Français (Renault B1 bis notamment) étaient meilleurs que les panzers Allemands et en nombre à peu près équivalent. C'est dire si finalement les espoirs placés dans cette technologie n'étaient pas nuls.crepenutella a écrit : ↑05 mai 2020 22:57
Après dans l'impensé collectif des généraux, on peut se demander si le traumatisme, ressassé en permanence dans l'histoire militaire de la France, de la défaite d'Azincourt, n'a pas contribué à minimiser le rôle que l'on devait accorder aux chars d'assaut, cavalerie moderne? On avait autant de chars que les allemands et ils étaient à peu près aussi bon, et surtout mieux blindés, et mieux armés...pourtant on a pas voulu les lancer contre ceux des allemands, préférant l'infanterie.
Mais qu'on se le dise, aucune nation au monde ne pourra jamais lutter face à une autre nation tout entière tendue vers sa militarisation. La militarisation d'un pays suppose un contrôle total est absolu des individus, l'exploitation de leur force productive en un seul but rationalisé. Depuis le paysan jusqu'au mécaniciens, tous ont un rôle actif dans la préparation de la nation à la guerre. Cela n'a rien à voir avec le fonctionnement normal d'un pays. Soit on se met au diapason, soit on trouve de puissants alliés, soit on renonce à lutter ou on va à la défaite.
Les nazis ne se sont pas préparer à la guerre, les nazis ont construit une nation pour la guerre et la revanche. Le seul moyen d'y faire face aurait été de commencer à faire des réserves plusieurs années en amont, enrôler plusieurs dizaines de millions de jeunes et de vieux en service militaire intensif avec une propagande guerrière sans pitié, mettre en place des 1933 une économie de guerre et détourner tous les chantiers, toutes les usines vers la seule fabrication d'armes, de munitions, de blindés ect. Mais comment pourrions nous faire ça alors que nous sortions de guerre, fort de notre victoire? C'était impensable.
Seulement, les Français avaient une conception différente de la guerre. Pour eux, le char n'était qu'un élément de soutien de l'infanterie, il devait servir à la protéger durant son avancée et c'est à ce titre que les chars étaient éparpillés, au grand dam de De Gaule qui très tôt avait compris l'intérêt que l'on pouvait avoir à l'utiliser de façon massive, au sein des unités d'infanterie. Tandis que dans le camp Allemand, le paradigme était tout autre.
Le char était conçu comme une arme à part entière, une arme qui devait être organisée en armées exclusivement composées de chars. Ce fer de lance devait ensuite être combiné à l'aviation et constituerait l'élément principal permettant d'assurer la percée qui serait, par la suite, sécurisée par l'infanterie en seconde vague (la Blietzkrieg tout simplement).
Les Français restaient dans un schéma qui datait de la première guerre mondiale, une guerre de tranchées, une guerre sans mouvement et pensaient que les lignes de front massivement occupées par de l'infanterie, à laquelle on adjoindrait quelques chars et une puissante artillerie, seraient inébranlables (principe de la ligne maginot).
Quant à votre dernier paragraphe, je plussoie. Si l'Allemagne a gagné, c'est surtout parce que cette nation s'est préparée pendant des années exclusivement pour la guerre. Les esprits étaient revanchards et souhaitaient se battre et triompher de leurs vainqueurs passés. Ce qui n'était pas le cas des Français qui ne souhaitaient pas de nouvelle guerre et qui ne partirent pas au front avec le même entrain qu'en 14 (c'était un véritable déchirement en 40).