Je persiste et je signe. C'est à l'OMC que des pays comme le Brésil, l'Inde, la Chine, le Mexique, l'Afrique du Sud... se font entendre et arrivent ENFIN à faire en sorte que le commerce mondial ne se fasse pas uniquement à leur détriment.
Le tourisme est l'un des secteurs les plus importants et les plus dynamiques de l'économie mondiale. Les voyages à destination des pays en développement ont connu un essor considérable ces vingt dernières années. Contrairement à une idée largement répandue, les voyages dans les pays du Sud ne profitent que très marginalement aux populations les plus défavorisées. La plupart des bénéfices de l'activité touristique vont enrichir les entreprises touristiques du Nord. Un phénomène renforcé par les vagues de libéralisation imposées par l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
Les mesures de libéralisation mises en place dans le cadre de l'Accord général sur le commerce des services (AGCS) de l'OMC ont provoqué des changements considérables dans l'ensemble du secteur. La forte concurrence et la pression sur les prix ont entra àné un processus effréné de concentration. Un nombre restreint d'entreprises transnationales dominent l'industrie touristique mondiale. L'avenir est très incertain, car la concurrence entre les destinations continue de cro àtre, les (bas) prix jouant un rôle de plus en plus important. Cette évolution permet difficilement aux pays en développement les plus pauvres de considérer le tourisme comme une source de revenus sûre.
Lors du Cycle de l'Uruguay, beaucoup de pays en développement, dotés souvent d'un secteur tertiaire faible, ont refusé un accord sur les services. Les pays industrialisés les ont finalement convaincus d'accepter un tel accord en leur promettant de leur garantir un meilleur accès aux marchés internationaux ainsi qu'aux nouvelles technologies et aux réseaux d'information. Pourtant, dans la pratique, il s'est passé le contraire: l'accès leur est rendu plus difficile. Les systèmes informatisés de réservation en sont un exemple frappant: les voyagistes des pays en développement sont dépendants de ces systèmes qui appartiennent à des compagnies d'aviation et à des entreprises touristiques du Nord et déplorent l'impossibilité d'accéder aux systèmes de réservation, et donc de faire conna àtre leurs offres touristiques dans les pays industrialisés. Avec l'importance croissante de la technologie, le fossé entre le Nord et le Sud menace de s'agrandir. Alors que les pays en développement étaient en eux-mêmes compétitifs (notamment grâce au climat, à leurs plages, à leur culture ou à la biodiversité), leur accès aux réseaux d'information et aux systèmes de réservation en ligne devient décisif.
Libéralisés, privatisés, dépouillés!
La politique qui vise à attirer à tout prix les investisseurs étrangers se poursuivra sous la houlette de l'AGCS et renforcera les tendances déj à existantes à la privatisation. Après l'énergie et l'eau, on assiste de plus en plus souvent à la privatisation d'attractions touristiques comme les sites naturels et culturels. La privatisation de la terre et les spéculations qu'elle implique entra ànent une augmentation massive du prix des terrains et dépouillent les populations les plus pauvres de l'utilisation de la terre assurant leur subsistance.
Le postulat de l'OMC est que le développement maximum de l'activité économique (par le commerce et la libéralisation totale des échanges dans le monde) créera de la richesse pour tous. Ce n'est pas totalement faux. Mais quelle quantité de richesse pour chacun? Et en fonction de quoi? Du mérite ou du besoin?
Le grand problème, c'est que le modèle de développement économique libéral crée surtout, en fait, des inégalités, dans la répartition de cette richesse...
Après tout, si l'Organisation Mondiale du C àço à à à à à à à à àmmerce nous assure des jours meilleurs demain, pourquoi a-t-on développé le Commerce équitable?
Le business libéral façon OMC n'aurait-il rien d'équitable à force de construire des inégalités?
http://www.monde-diplomatique.fr/2001/11/ZIEGLER/15802