Le président PS du conseil général des Bouches-du-Rhône doit faire face aux questions des magistrats qui instruisent le dossier de son frère Alexandre. Sa mise en examen pose la question de son maintien à la tête du département.
Ca y est: Jean-Noël Guérini est mis en examen. Son avocat assure déjà que la décision va être contestée dès vendredi. Mais à l'heure où Jean-Noël Guérini frappait à la porte des juges Charles Duchaine et Pierre Philippon, les 15 futurs secrétaires fédéraux se réunissaient rue de Grignan. Discrètement, car la nomination de cette direction collégiale, instaurée par le rapport Richard pour mettre en oeuvre la rénovation du parti, sera officialisée ce soir après le conseil fédéral.
Coup de théâtre ou pure coïncidence? Hasard du calendrier, affirme le premier secrétaire, Jean-David Ciot: "la date avait été fixée en juillet", avant de connaître celle de la convocation du président du conseil général, l'homme fort du PS phocéen. "Qu'il soit mis en examen, ou pas, n'y changera rien, il était acquis déjà qu'il n'en ferait pas partie. Il a jugé préférable de se mettre en retrait pour ne pas gêner le parti, puisque cette affaire est instrumentalisée. Il fait là un effort que d'autres socialistes mis en examen n'ont pas fait", précise ce fidèle. Mais l'effort s'arrêtera là, malgré l'insistance de ses "amis" à vouloir le faire démissionner de la présidence de l'assemblée départementale...
Putsch
"Et la présomption d'innocence?", s'indigne l'élu. Rue de Solferino, on semble s'être réparti les rôles: Harlem Désir tire sur Guérini à boulets rouges, mais Martine Aubry - candidate, elle, à la primaire - reste prudente et préfère réclamer son éventuelle démission "s'il est reconnu coupable". Autant dire à l'issue d'un procès dont le dénouement n'interviendra pas avant deux ou trois ans!
Les provençaux ne veulent pas se faire dicter leur conduite par la capitale!
D'ici là, l'institution peut même fonctionner sans majorité jusqu'au vote du budget, en mars prochain. Une hypothèse fort peu probable, tant Jean-Noël Guérini "tient" ses élus. Comme lors des élections cantonales de mars, le scénario du pire semble s'éloigner. Le putsch n'aura pas lieu, cette fois non plus, prédisent les observateurs, goguenards ou dépités... Peut-être un groupe de conseillers généraux socialistes dissidents pourrait-il se former si les instances nationales tapaient du poing sur la table. Un groupe guère fourni, si l'on en croit les derniers pointages. Et après? Les prochaines échéances électorales locales sont encore loin. Voilà pourquoi le petit Corse se montre si serein dans la tourmente. Alors que Solferino multiplie les attaques contre leur chef, "les provençaux ne veulent pas se faire dicter leur conduite par la capitale", affirme Jean-David Ciot.
Le jeu des primaires
Va-t-on vers un match Paris-Province? Et Jean-Noël Guérini peut-il encore, depuis le banc de touche, peser sur l'issue des primaires, dans lesquelles le poids des Bouches-du-Rhône (l'une des plus importantes fédérations de France) sera déterminant? Même au futur secrétariat fédéral, la majorité restera dans les mains de ses obligés, à 8 contre 7 dans le pire des cas. Lui-même, eu égard à son "retrait" stratégique, risque de ne pas officialiser le nom de son champion aux primaires - mais ce n'est un secret pour personne que Guérini en pince pour la dame de Lille. Est-ce une surprise alors que la plupart des conseillers généraux soutiennent Martine Aubry? Pourtant, son opposant le plus ouvert, le hollandiste Patrick Mennucci, après avoir soutenu la présidente de Poitou-Charentes puis DSK , affirme que "les primaires ne sont pas en cause, préparées par un camarade et ami, Joël Canicave, avec un comité d'organisation et contrôlées par un ancien président de cour d'assises".
Lors des primaires de 2007 et du congrès de Reims, en 2008, la fédé avait voté pour Ségolène Royal comme un seul homme derrière son patron. Ces primaires semblent plus ouvertes: certains pensent (ou espèrent) que le sénateur Guérini a en ce moment "d'autres choses à faire que de s'occuper de ça". Est-ce si sûr?