à l'attention de Comtesse: françois Cevert

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tisiphoné
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à l'attention de Comtesse: françois Cevert

Message par tisiphoné »

un film inédit de Polanski à Cannes avec François Cevert

Exhumé du purgatoire et présenté à Cannes, le documentaire "Weekend of a Champion" de Polanski sur le GP de Monaco 1971 met en lumière le pilote symbole d'une époque glamour.

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l y aura du beau monde mercredi à la projection cannoise de Weekend of a Champion, le très beau documentaire produit en 1971 par Roman Polanski, soudain sauvé des eaux après 40 ans de purgatoire. Sont attendus Jackie Stewart, sujet même du film, mais aussi Alain Prost, Gerhard Berger, David Coulthard, bref, quelques gros casques de la F1 venus rendre hommage à leur glorieux aîné. Pour les moins de vingt ans et les non-accros aux bolides, Jackie Stewart, triple champion du monde (69, 71, 63), n'a rien à voir avec James Stewart ou avec Rod Stewart, bien que l'Écossais à rouflaquettes ait partagé avec celui-ci un côté rock star qu'on chercherait en vain aujourd'hui sur les circuits.
Monomaniaque de la F1

Pourquoi donc Weekend of a Champion - le week-end en question étant celui du GP de Monaco 1971 - ressurgit-il aujourd'hui du diable vauvert ? Il faut savoir qu'à l'époque on ne sortait pas les documentaires au cinéma, de nombreuses bobines des seventies traînent donc sur les armoires, à nous de les exhumer. Il y a quatre ans, Polanski a reçu un coup de fil du laboratoire Technicolor de Londres, désireux de disposer du négatif. Roman a profité de l'occasion pour le revisionner. Nostalgie, quand tu nous tiens : se revoir partageant en coulisse quelques moments privilégiés avec son ami Jackie Stewart et son épouse lui a donné envie d'y retravailler et d'y ajouter un dialogue savoureux où il retrouve Jackie Stewart quarante ans après, dans la même chambre d'hôtel de Monaco.

Ce documentaire nous montre une époque engloutie : Grace de Monaco, qui semblait encore actrice de Hitchcock, des stars accessibles, des conditions de sécurité inexistantes et des morts à la pelle sur les circuits : Jim Clark, Jochen Rindt, quelques-uns des meilleurs amis du couple Stewart, environné de morts. Un peu comme Polanski d'ailleurs, qui venait de perdre son épouse enceinte, Sharon Tate. Comme Polanski aussi, Stewart est un monomaniaque de sa passion : il pense, vit, respire chaque virage, dans sa tête, avec une douceur et une apparente lenteur qui n'exclut pas la plus violente des efficacités. Quand on apprend, 40 ans plus tard, qu'il était dyslexique et presque illettré, on comprend mieux cette obsession.



La fin d'une époque

Mais ce Weekend vaut aussi pour quelques scènes avec un autre "martyr" du volant : François Cevert. Pour ceux qui ne lisaient pas Le journal de Tintin, rappelons que Cevert, ce fut un mix entre Alain Delon et Alain Prost. Né Goldenberg, le beau-frère de Jean-Pierre Beltoise était aussi un pianiste virtuose, qui quinze jours avant sa mort, le 6 octobre 1973 (le jour du déclenchement de la guerre du Kippour), interprétait la 8e sonate de Beethoven à la télévision française. La grande classe ! Beau, des yeux bleus à faire chavirer toute la gent féminine - qui, en effet, chavira, le jeune homme aimant s'amuser. Ce mélange d'artiste, d'as du volant et de jet-set (il skiait avec Polanski à Davos) auréolé d'une mort précoce fait de Cevert, épargné jusque-là par les hommages, un candidat idéal à la "mythologisation". Lelouch, grand amateur de vitesse s'il en est, prépare d'ailleurs un documentaire sur lui et le producteur de Brokeback Mountain s'est attelé à une fiction qui évoquera les relations entre Jackie Stewart justement et François Cevert, qui était son équipier et son disciple chez Tyrell.

Dans une scène du documentaire, on les voit d'ailleurs longuement disserter sur la bonne vitesse à prendre pour tel virage : on a l'impression que ces deux-là cherchent la juste intonation sur un vers shakespearien. La mort de Cevert sur le circuit de Watkins Glen, la veille du jour où Stewart, qui en avait fait son successeur, devait prendre sa retraite, est à n'en pas douter une date-clé dans le sport français. Cette fin, ce fut comme la fin de Jim Morrison : elle sonna le glas d'une certaine époque, en occurrence glamour et élégante. Voilà pourquoi Cevert est un vrai et grand sujet, talentueux, intrigant, mélancolique, bref, très français.
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