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Le frère d'un otage au Niger adresse un appel de détresse à AQMI

Dans une vidéo envoyée au site Sahara Medias, le frère d'un des Français retenus en otage depuis plus de deux ans au Niger demande au chef d'Al-Qaïda au Maghreb islamique de l'informer sur l'avancée des négociations. Une initiative qui divise.

"Ce message s’adresse à monsieur Abou Zeid, qui détient les trois otages de la Sogea Satom, enlevés le 16 septembre 2010 à Arlit". Ainsi commence le message vidéo de Clément Legrand, frère de Pierre Legrand, l’un des otages retenus depuis plus de deux ans dans le Sahel, avec Thierry Dol, Daniel Larribe et Marc Ferret, collaborateurs du groupe nucléaire Areva et de son sous-traitant Satom. Le jeune homme s’adresse directement au chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

"Nous nous adressons à vous aujourd’hui pour vous dire que nous avons bien entendu vos messages et notamment quand vous vous dites ouverts à toutes négociations et que vous attendez le premier pas du gouvernement français", déclare également Clément Legrand, dans la vidéo adressée au site Sahara Medias, qui avait, le 8 septembre dernier, publié une vidéo des otages. "Nous tenons à vous dire que nous, les familles, faisons tout notre possible auprès du gouvernement, des entreprises, mais aussi des Français pour que soit déclenchée une réelle négociation […] Si nous choisissons aujourd’hui de nous adresser à vous, c’est que nous ne comprenons pas pourquoi tout est bloqué. Nous pensons que vous seul avez le pouvoir de donner une réponse."

"L’exaspération face au manque d’informations"

Par cet appel aux ravisseurs, pour le moins inhabituel, les familles expriment leur colère face au silence des autorités au sujet des otages, a affirmé à l'AFP Frédéric Cauhapé, beau-frère de Marc Féret. "Cela fait 27 mois [depuis l’enlèvement des otages au Niger, NDLR] et on n’a pas de nouvelles. Cette démarche traduit notre exaspération devant le manque d’informations. On s’adresse à la source", a-t-il affirmé.

Le père de Pierre Legrand, Alain, exprime, lui, son sentiment d’impuissance face à "l’approche de ce troisième Noël" sans son fils. "Ça fait deux ans et demi que nos proches sont otages […] On ne comprend pas ce qui bloque. Depuis notre dernière rencontre à l’Élysée [le 13 septembre], nous n’avons plus eu de nouvelles, a-t-il déclaré dimanche 9 décembre sur France Inter. On veut vraiment déclencher quelque chose. On veut faire pression de façon à ce que ceux qui ont le pouvoir puissent faire en sorte que ça bouge."

Cette vidéo ne fait pas l’unanimité auprès de toutes les familles d’otages. Françoise Larribe, l’épouse de Daniel Larribe, elle-même retenue en otage pendant cinq mois, s’y est déclarée "formellement opposée". "Je ne m’associe pas à cette démarche", a-t-elle réagi. L’appel a également "surpris" les proches de deux autres otages, Serge Lazarevic et Philippe Verdon, retenus au Mali depuis novembre 2011. "Dans quel but cela est-il fait ? Si on a quelqu’un à interpeller, je ne pense pas que ce soient les ravisseurs", a estimé Pascal Lupart, président du comité de soutien à Serge Lazarevic et Philippe Verdon.

Ni l’Élysée, ni le ministère des Affaires étrangères, joints pas l’AFP, n’ont commenté la vidéo. "C’est une décision de la famille que nous ne commentons pas", a laconiquement déclaré le Quai d’Orsay. Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a en revanche assuré "comprendre l'inquiétude" des familles d'otages, dimanche, alors qu'il participait à l'émission "Grand Rendez-vous" d'Europe1-iTélé-Le Parisien. "C'est un dossier extrêmement difficile, qui est suivi personnellement par le président de la République, a-t-il affirmé. Les familles doivent compter sur la détermination de l'ensemble du gouvernement [...] Je ne traite pas à la légère ces questions liées aux otages."

Johan a écrit : J'connaissais la lettre au Père Noel mais pas la lettre aux Frères Musulmans...

C'est vrai qu'au bout de 2 ans, si on manque cruellement d'infos sur le dossier, le désespoir peut faire faire n'importe quoi.