Extraits choisis
Posté : 25 novembre 2013 04:15
Extraits de bouquins divers qui font vibrer les cellules de votre corps.
Amitiés d'Astres (la meilleur traduction française est celle-ci, les autres sont moches )
"Nous étions amis et nous sommes devenus étrangers l'un à l'autre. Mais il est bon qu'il en soit ainsi, et nous ne chercherons pas à nous le dissimuler ni à l'obscurcir comme si nous devions en avoir honte. Tels deux navires dont chacun poursuit sa voie et son but propres : ainsi sans doute nous pouvons nous croiser et célébrer des fêtes entre nous comme nous l'avons déjà fait [ ... ] Mais ensuite l'appel irrésistible de notre mission nous poussait à nouveau loin l'un de l'autre, chacun sur des mers, vers des parages, sous des soleils différents – peut-être pour ne plus jamais nous revoir, peut-être aussi pour nous revoir une fois de plus, mais sans plus nous reconnaître : des mers et des soleils différents ont dû nous changer ! Que nous dussions devenir étrangers l'un à l'autre, tel le voulait la loi au dessus de nous : c'est par là même que nous devons devenir l'un pour l'autre plus respectables ! C'est par là-même que la pensée de notre amitié d'autrefois doit nous être plus sacrée ! Il est probablement une immense courbe invisible, une immense voie stellaire où nos routes et nos buts divergents se trouvent inscrits comme d'infi mes trajets – élevons-nous à cette pensée ! Mais notre vie est trop brève, notre vision trop faible pour que nous puissions être davantage que des amis au sens de cette possibilité sublime ! - Et ainsi nous voulons croire à notre amitié d'astres, dussions-nous être ennemis sur la terre."
Nietzsche, le Gai Savoir, § 279
Amitiés d'Astres (la meilleur traduction française est celle-ci, les autres sont moches )
"Nous étions amis et nous sommes devenus étrangers l'un à l'autre. Mais il est bon qu'il en soit ainsi, et nous ne chercherons pas à nous le dissimuler ni à l'obscurcir comme si nous devions en avoir honte. Tels deux navires dont chacun poursuit sa voie et son but propres : ainsi sans doute nous pouvons nous croiser et célébrer des fêtes entre nous comme nous l'avons déjà fait [ ... ] Mais ensuite l'appel irrésistible de notre mission nous poussait à nouveau loin l'un de l'autre, chacun sur des mers, vers des parages, sous des soleils différents – peut-être pour ne plus jamais nous revoir, peut-être aussi pour nous revoir une fois de plus, mais sans plus nous reconnaître : des mers et des soleils différents ont dû nous changer ! Que nous dussions devenir étrangers l'un à l'autre, tel le voulait la loi au dessus de nous : c'est par là même que nous devons devenir l'un pour l'autre plus respectables ! C'est par là-même que la pensée de notre amitié d'autrefois doit nous être plus sacrée ! Il est probablement une immense courbe invisible, une immense voie stellaire où nos routes et nos buts divergents se trouvent inscrits comme d'infi mes trajets – élevons-nous à cette pensée ! Mais notre vie est trop brève, notre vision trop faible pour que nous puissions être davantage que des amis au sens de cette possibilité sublime ! - Et ainsi nous voulons croire à notre amitié d'astres, dussions-nous être ennemis sur la terre."
Nietzsche, le Gai Savoir, § 279