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EBay rattrapé par les arnaques

Posté : 04 décembre 2007 07:41
par Fonck1
EBay rattrapé par les arnaques
Le site est assigné en justice par le Conseil des ventes pour son laisser-faire en matière de fraude, notamment sur les à…“uvres dart.

«Jai enchéri pour une peinture à lhuile figurant un retable de Mantegna, il sagissait dune photocopie, collée sur bois»â€¦ «90 % des enchères sur les pièces africaines ou asiatiques sont fausses»â€¦ «Nous sommes envahis de faux et copies […] Une maison belge inonde le marché en émaux style Longwy, mais également en verrerie, porcelaine, barbotine et fa à ¯ence»â€¦ «Méfiez-vous de certains vendeurs allemands de petits bronzes. Sans parler des cochonneries de Chine»â€¦ «Après avoir payé 110 euros un tétradrachme dAntioche, représentant Néron, je reçois un jeton de lessive !»â€¦«Attention au vendeur qui a le culot de vendre des hipposandales romaines : il sagit de fers à vache !»â€¦ Voici quelques-unes des plaintes denchérisseurs dépités par les ventes sur eBay (n à‚°1 mondial du secteur), recensées dans une enquête confidentielle à laquelle Libération a pu avoir accès. Fort de cette investigation, et de pourparlers infructueux avec les responsables du site, le Conseil des ventes a sorti hier lartillerie lourde : il demande au tribunal dinterdire toute vente aux enchères sur le territoire à eBay France et Europe.

Tout a commencé le 16 juin 2004, avec la mise en ligne dun «Christ et apôtres de Rubens, daté 1603». «Cette fois, la ligne jaune est franchie !», a tonné le colérique président du Conseil des ventes, Christian Giacomotto : les responsables deBay se sont toujours défendus daccepter la mise en ligne de biens culturels, sujets à une réglementation propre. Le parquet de Paris a mollement classé laffaire sans suite, au motif que le «Rubens» - évidemment - était un faux. Même réaction pour un pseudo-Modigliani.

Le conseil a mis une équipe sur la piste deBay. En juillet dernier, il a même obtenu du tribunal denvoyer un «infiltré», dont les résultats montreraient daprès lui que le site nest pas un hébergeur neutre, mais bel et bien un acteur de la vente, qui prétend se soustraire à la loi.

Lots fictifs. Le Conseil des ventes est léquivalent du CSA pour laudiovisuel : toute société de vente aux enchères doit obtenir son agrément, suivant un cahier des charges qui garantit une protection du consommateur. Même si les enquêteurs admettent que «95 % des ventes ne posent pas de problème particulier», les arnaques ne se bornent pas à ces cas décole. Un internaute se demande comment récupérer 9 000 euros envoyés en Autriche pour une voiture jamais livrée. Une antiquaire ne parvient pas à obtenir les 850 euros dun violon de 1808 envoyé en Allemagne. Pour 800 euros, un petit malin prétend vendre 2 points de permis de conduire…

Une des nouveautés est la proposition de lots fictifs en téléchargeant des images reprises de catalogues. Ainsi dune série dannonces à la date du 2 octobre pour un meuble style Louis XVI, une armoire Empire, un bronze ou une lunette astronomique. Tous objets piqués du catalogue dune vente aux enchères à Dijon, le 6 octobre. Au passage, ils sont proposés 5 fois plus cher, ce qui nempêche par linternaute dêtre crédité sur eBay de 68 % dévaluations positives. Nombre de vendeurs sont des professionnels qui ne tiennent pas de registre et fraudent le fisc : ainsi de ce «particulier» qui a mis en vente 15 000 objets. «Sur les 19 plus gros vendeurs français, 4 ont disparu, le plus souvent du jour au lendemain», assène un enquêteur, chacun ayant mis en ligne de 13 000 à 62 500 objets.

Dautres procédures permettent de fausser les opérations, même si elles ne sont pas propres à eBay. Faire monter les enchères en usant de plusieurs pseudos. Faire une proposition très basse, puis une autre très élevée, qui à à àçç à à à à à à àê à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à à àôê à àéloigne les amateurs ; à la dernière minute, retirer lenchère haute, afin de rafler lobjet au prix plancher. Ou encore lusage de sites «snipers», qui cliquent à la dernière fraction de seconde, ce qui ne laisse aucune chance aux internautes.

Personne naccuse eBay de participer sciemment à ces dérives, même sil lui est souvent reproché de ne pas gendarmer suffisamment son site. Le conflit ouvert par le Conseil des ventes va cependant plus loin : à ses yeux, eBay devrait se soumettre à la législation franà çaise en matière de ventes aux enchères. Il serait ainsi forcé dengager sa responsabilité sur les transactions, en garantissant lauthenticité de lÅ“uvre, le règlement du prix, la légitimité de la provenance…

Passivité. EBay, au contraire, se présente comme un intermédiaire qui nassume aucune responsabilité juridique dans les échanges. «La législation nous reconnaît un rôle de courtier en ligne» qui échappe à ces contraintes, lance son directeur juridique, Alexandre Menais. Il accuse ainsi le Conseil des ventes de tirer argument dincidents marginaux qui, «presque toujours, se règlent à lamiable», et pour lesquels le site offre des services dinformation et de protection. Rappelant queBay compte 10 millions de consommateurs en France, il dénonce une bataille darrière-garde pour venir «au secours dune profession à la dérive», sous-entendu les commissaires-priseurs.

EBay est déjà dans le collimateur de LOréal et LVMH, qui lui reprochent dêtre un vecteur de la diffusion de contrefaà çons de marques. En contribuant à ce tir groupé, le Conseil des ventes reproche implicitement aux autorités leur passivité devant un phénomène qui contribue en effet à la dégradation du marché de lart officiel en France. Il entend aussi peser sur la réflexion ouverte par la ministre de la Culture qui examine les réformes à apporter à ce secteur.

Posté : 04 décembre 2007 11:07
par Stick
Dans un domaine que je connais mieux que le marché de l'art, il m'est arrivé d'acheter via ebay des cartes du jeu "Magic, l'assemblée", jeu de cartes à  jouer et à  collectionner leader sur son marché.
Certaines cartes sont quasiment introuvables, ce qui fait que de nombreuses offres affichent clairement que la "carte" proposée est en faite une copie (proxy). C'est- à  -dire que le vendeur propose ouvertement une contrefaçon, c'est dans le texte, donc très facile à  identifier par ebay en faisant une recherche par mot-clé, et pourtant il sont toujours l à  .
Dans les exemples donnés par Fonck, il s'agit plus d'escroquerie, mais même si l'acheteur est prévenu, la contrefaçon reste illégale (il y a évidemment du copyright sur chaque carte).
Ebay a beau s'en défendre, je pense qu'elle ne mène pas très activement son combat anti-contrefaçon...