LA SERVITUDE VOLONTAIRE
Posté : 28 juillet 2020 22:36
EXTRAIT La Boétie « Discours de la servitude volontaire »
C'est tout à fait d'actualité et tout à fait ce que l'on est en train d'observer....
La Boétie commence par observer que c’est être très « malheureux » que d’être soumis à un maître – car rien n’empêche ce maître d’être mauvais , et que c’est d’ailleurs très étrange qu’on se soumette (sauf si le maître utilise la force, et que même des villes, des pays entiers servent un seul homme, souvent méprisable. L’auteur voudrait chercher à comprendre cette soumission, qu’il refuse d’assimiler à de la simple lâcheté
Il constate qu’il suffirait que tout le monde arrête de servir le tyran pour que ce dernier soit vaincu : il n’y a rien à lui ôter, presque rien à faire.
La servitude, c’est donc en grande partie le peuple qui en semble responsable, selon La Boétie. En effet, le peuple se laisse asservir et donne sa personne à un homme qui, pourtant, a le même « corps », les mêmes attributs que n’importe quel autre homme : « Comment a-t-il aucun pouvoir sur vous, que par vous ? » Le peuple est donc « complice ». La Boétie aimerait donc comprendre d’où vient « cette opiniâtre volonté de servir »
Ce que La Boétie veut dire c’est que les serviteurs du tyran (ses administrations, sa police et son armée, ses courtisans, ses ministres, etc.), ne sont autres, eux aussi, que des humains, des sujets comme les autres.
La Boétie commence sa recherche d’explications en distinguant trois sortes de tyrans : ceux qui ont été élus par le peuple, ceux qui ont le pouvoir par la force des armes, et ceux qui l’ont par la succession, même si la façon de gouverner est « quasi semblable ».
La Boétie imagine qu’un « homme neuf » et sans a priori, à qui on demanderait de choisir préférerait sans doute « obéir à la raison seulement que servir à un homme ». L’auteur remarque donc que c’est l’héritage, et la coutume, la tradition, qui ne nous apprennent qu’à servir, car si bonne soit la Nature, la coutume lui est en nous supérieure, plus puissante :
les hommes naissant sous le joug, et puis nourris et élevés dans le servage, sans regarder plus avant, se contentent de vivre comme ils sont nés, et ne pensent point avoir autre bien ni autre droit que ce qu’ils ont trouvé, ils prennent pour leur naturel l’état de leur naissance […]
L’auteur propose ensuite des exemples de socialisation à la liberté et de socialisation à la servitude tirés de l’Histoire, pour montrer à quel point l’emprise de la société est profonde. Il prend l’exemple d’un peuple vivant au Pôle Nord, qui passe six mois de l’année de jour et six mois de nuit : dans ce peuple, celui qui naît pendant la nuit trouvera le jour éblouissant quand il arrivera :
« on ne plaint jamais ce que l’on a jamais eu […]
Cela signifie que la nature de l’homme est d’être libre, selon La Boétie, mais, plus encore, sa nature est d’être modelé par la socialisation.
Par conséquent, « la première raison de la servitude volontaire, c’est la coutume », même si certains ne s’en contentent pas et cherchent la liberté. « La première raison pourquoi les hommes servent volontiers, est pour ce qu’ils naissent serfs [en servitude] et sont nourris [éduqués] tels » .
(Autrement dit, les jeune n'ayant pas connu la liberté des plus anciens obéissent plus facilement croyant que c'est normal d'obéir.)
C'est tout à fait d'actualité et tout à fait ce que l'on est en train d'observer....
La Boétie commence par observer que c’est être très « malheureux » que d’être soumis à un maître – car rien n’empêche ce maître d’être mauvais , et que c’est d’ailleurs très étrange qu’on se soumette (sauf si le maître utilise la force, et que même des villes, des pays entiers servent un seul homme, souvent méprisable. L’auteur voudrait chercher à comprendre cette soumission, qu’il refuse d’assimiler à de la simple lâcheté
Il constate qu’il suffirait que tout le monde arrête de servir le tyran pour que ce dernier soit vaincu : il n’y a rien à lui ôter, presque rien à faire.
La servitude, c’est donc en grande partie le peuple qui en semble responsable, selon La Boétie. En effet, le peuple se laisse asservir et donne sa personne à un homme qui, pourtant, a le même « corps », les mêmes attributs que n’importe quel autre homme : « Comment a-t-il aucun pouvoir sur vous, que par vous ? » Le peuple est donc « complice ». La Boétie aimerait donc comprendre d’où vient « cette opiniâtre volonté de servir »
Ce que La Boétie veut dire c’est que les serviteurs du tyran (ses administrations, sa police et son armée, ses courtisans, ses ministres, etc.), ne sont autres, eux aussi, que des humains, des sujets comme les autres.
La Boétie commence sa recherche d’explications en distinguant trois sortes de tyrans : ceux qui ont été élus par le peuple, ceux qui ont le pouvoir par la force des armes, et ceux qui l’ont par la succession, même si la façon de gouverner est « quasi semblable ».
La Boétie imagine qu’un « homme neuf » et sans a priori, à qui on demanderait de choisir préférerait sans doute « obéir à la raison seulement que servir à un homme ». L’auteur remarque donc que c’est l’héritage, et la coutume, la tradition, qui ne nous apprennent qu’à servir, car si bonne soit la Nature, la coutume lui est en nous supérieure, plus puissante :
les hommes naissant sous le joug, et puis nourris et élevés dans le servage, sans regarder plus avant, se contentent de vivre comme ils sont nés, et ne pensent point avoir autre bien ni autre droit que ce qu’ils ont trouvé, ils prennent pour leur naturel l’état de leur naissance […]
L’auteur propose ensuite des exemples de socialisation à la liberté et de socialisation à la servitude tirés de l’Histoire, pour montrer à quel point l’emprise de la société est profonde. Il prend l’exemple d’un peuple vivant au Pôle Nord, qui passe six mois de l’année de jour et six mois de nuit : dans ce peuple, celui qui naît pendant la nuit trouvera le jour éblouissant quand il arrivera :
« on ne plaint jamais ce que l’on a jamais eu […]
Cela signifie que la nature de l’homme est d’être libre, selon La Boétie, mais, plus encore, sa nature est d’être modelé par la socialisation.
Par conséquent, « la première raison de la servitude volontaire, c’est la coutume », même si certains ne s’en contentent pas et cherchent la liberté. « La première raison pourquoi les hommes servent volontiers, est pour ce qu’ils naissent serfs [en servitude] et sont nourris [éduqués] tels » .
(Autrement dit, les jeune n'ayant pas connu la liberté des plus anciens obéissent plus facilement croyant que c'est normal d'obéir.)