Pratiques sexuelles des électeurs...
Posté : 30 mars 2012 09:16
Qui a dit que cette campagne présidentielle manquait de piment? Alors que les sondages relèvent une lassitude croissante des Français à l'égard de la course à l'Elysée et que les observateurs redoutent un taux d'abstention record en avril prochain, la toute dernière étude Ifop commandée par le magazine de charme Hot Vidéo devrait donner un coup de fouet à la curiosité des électeurs.
L'institut a en effet réalisé la toute première enquête sur "les moeurs des Français et leurs orientations politiques". Par "moeurs", comprenez pratiques sexuelles, des plus standards au plus originales.
Fidélité, fréquence des rapports sexuels, fellation, sodomie... rien n'a été négligé dans cette étude pour comprendre les préférences des électeurs de Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen ou encore Jean-Luc Mélenchon dans la chambre à coucher. A ces questions très personnelles, les quelques 1400 sondés apportent d'ailleurs des réponses parfois surprenantes.
Le sentiment d’insatisfaction sexuelle est plus important chez les Français votant pour des candidats ayant un discours protestataire comme Jean-Luc Mélenchon (35%) ou Marine Le Pen (31%), contre 22% des électeurs de François Hollande. Les électeurs hors-système, comme les abstentionnistes et ceux qui ne sont pas inscrits sur les listes électorales, s'affirment moins satisfaits que les autres.
Plus stable, la vie sexuelle des électeurs de droite et du centre est en revanche moins intense que celle des électeurs des partis radicaux ou progressistes. Ainsi, le nombre moyen de rapports mesuré chez les électeurs de Nicolas Sarkozy (6,7 par mois) et de François Bayrou (5,9 par mois) est sensiblement plus faible que celui observé chez les électeurs de la gauche parlementaire (7,6 par mois), de l’extrême gauche (7,7 par mois) ou encore de l’extrême droite (8,0 par mois).
Si la fellation est une pratique plus répandue chez les femmes de gauche (81% déclarent l’avoir déjà pratiqué) que chez celles de la droite parlementaire (69%), la pratique de la sodomie est également plus élevée à gauche qu'à droite, de même qu'elle est plus fréquente dans les formations protestataires (55%) que chez les sympathisants des partis de gouvernement (45%).
Enfin, les électeurs de gauche se montrent plus ouverts à l'expérimentation des comportements sexuels plus marginaux, comme l’échangisme, pratique deux fois plus répandue que la moyenne chez les personnes se situant à la gauche de la gauche: 10% chez les sympathisants d’extrême gauche, contre 5% en moyenne chez l’ensemble des Français et seulement 3% chez les électeurs de droite.
Si le commanditaire de l'étude a trouvé là l'occasion d'un joli coup de publicité, à moins de 30 jours du premier tour de la présidentielle, l'enquête n'en demeure pas moins on ne peut plus sérieuse. "C'est la première fois que l'on croise les positionnements politiques des électeurs avec leurs pratiques sexuelles", explique François Kraus, directeur d'études au département Opinion et Stratégies d'Entreprise de l'Ifop, déjà auteur d'une étude remarquée en janvier dernier sur la sociologie politique des gays, bi et lesbiennes pour le compte du très sérieux Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof).
Pour éviter les phénomènes de sous-déclaration, compte tenu du caractère très intime de l'enquête, l'Ifop a opté pour un questionnaire adressé par Internet, et élargi son échantillon de sondés de 1000 à 1400 pour réduire sa marge d'erreur, tout particulièrement sur les comportements sexuels marginaux, comme l'échangisme.
Et pour François Kraus, une conclusion s'impose: "plus les Français partagent des positions politiques progressistes ou radicales, plus ils s'écartent des normes sociales en matière de sexualité".
Reste à ne pas se tromper sur l'interprétation de ces données. Car ce ne sont pas les orientations politiques qui définissent les préférences sexuelles, mais bien l'âge, le sexe et l'origine socioculturelle des électeurs.
Ainsi, si les électeurs de Nicolas Sarkozy font moins souvent l'amour que la moyenne des personnes interrogées, c'est essentiellement parce que les personnes âgées sont surreprésentées dans l'électorat du président sortant. A l'inverse, les supporteurs de Marine Le Pen se révèlent d'autant plus actifs que l'électorat de la candidate du FN est en grande partie composée d'hommes jeunes.
De même, la corrélation entre insatisfaction sexuelle et insatisfaction politique, qui se manifeste dans le vote contestataire, s'explique une fois encore par la composition de ces électorats "où sont surreprésentées les personnes les plus insatisfaites sur le plan sexuel", à savoir les hommes, quadras et quinquas, de préférence inactifs, ouvriers ou indépendants.
Seule explication "politique" avancée par l'enquête, le rapport à l'échangisme surpratiqué dans les rangs de l'extrême-gauche. "Comme si leurs positions sur les questions de propriété pouvaient les rendre plus enclins à l'échange des partenaires sexuels", notent les auteurs de l'étude. Notons au passage que les électeurs de gauche sont plus enclins à l'infidélité que ceux de droite, du centre ou de l'extrême-droite.
Signe que les rapports entre préférences sexuelles et convictions politiques s'influencent sans que l'un prenne le dessus de l'autre, l'étude réalisée par l'Ifop pour le Cevipof sur le vote des minorités sexuelles, publiée le 18 janvier 2012, peine à trancher dans un sens plutôt qu'un autre.
Interrogeant le vote des homosexuels, bi et trans en France, l'enquête révélait alors un vote très clairement orienté à gauche (49,5%), peu étonnant au regard des idées progressistes promues par les partis de gauche concernant les minorités sexuelles. Mais l'électorat gay ou trans reste néanmoins perméable aux idées de Marine Le Pen (19%) qui réalise un score équivalent à sa moyenne nationale dans une population pourtant bien mal courtisée par l'extrême-droite.
"Et pourquoi pas autoriser la polygamie?", répond ainsi Marine Le Pen lorsqu'on l'interroge sur la légalisation du vote gay, rappelle Le Monde, qui propose quelques pistes d'explications sur le pourquoi du vote gay d'extrême-droite.