M Le Pen demande la dissolution de l'UOIF, qui va en justice
Posté : 30 mars 2012 21:21
La candidate du Front national à la présidentielle, Marine Le Pen, a réclamé vendredi dans un communiqué la dissolution de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), qui a répliqué en annonçant une procédure en justice.
"Marine Le Pen demande l'interdiction du rassemblement du Bourget" (Seine-Saint-Denis), où l'UOIF réunit son congrès du 6 au 9 avril, et la candidate demande aussi "la dissolution de l'UOIF", précise ce communiqué. Il qualifie de "vaine agitation électoraliste" les mesures prises récemment par les autorités à l'encontre de prédicateurs qui étaient attendus au congrès du Bourget.
"Les responsables de notre pays considèrent bien l'UOIF comme proche des islamistes, sinon même des terroristes", a affirmé Marine Le Pen.
La France a décidé jeudi d'interdire son territoire au Palestinien Akrima Sabri, aux Saoudiens Ayed Bin Abdallah Al Qarni et Abdallah Basfar et à l'Egyptien Safwat Al Hijazi, qui devaient tous intervenir du 6 au 9 avril au Bourget.
L'influent cheikh sunnite qatari Youssef Qaradaoui avait déjà été déclaré "indésirable" par le président Nicolas Sarkozy. L'imam égyptien Mahmoud Al-Masri s'est désisté.
Ces développements se sont produits après les tueries de Montauban et de Toulouse, revendiquées par Mohamed Merah au nom d'Al Qaïda.
"Il faut prendre sans tarder et sans faiblesse des mesures drastiques contre l'islam radical", a poursuivi Mme Le Pen, en promettant de prendre "toutes les dispositions nécessaires pour protéger les Français de la menace islamiste".
"Marine Le Pen aidera les Français musulmans à se libérer de l'emprise de ces fanatiques qui pourrissent les quartiers et oppriment les femmes, en pervertissant la religion", conclut son communiqué.
Le président de l'UOIF Ahmed Jaballah a vivement réagi auprès de l'AFPTV en annonçant une procédure judiciaire. "Ces accusations n'ont pas de valeur pour nous et nous allons poursuivre Marine Le Pen en justice pour ces déclarations, parce que ces déclarations sèment le doute, la haine", a-t-il dit.
"Même en campagne électorale, il y a quand même des limites. Il faut rester raisonnable", a souligné le chef de l'UOIF.
Quant aux accusations du FN, auquel il reproche "d'exploiter à fond" l'affaire Merah, elles n'ont "aucun fondement", car l'UOIF "a toujours travaillé dans la transparence" en 29 ans d'existence et "aidé au contraire les musulmans a être présents et intégrés dans leur société", a expliqué M. Jaballah.
Il s'est également interrogé sur les interdictions de territoire décrétées par les autorités françaises: "L'une des six personnalités interdites aujourd'hui (...) était le mois dernier seulement en France" à au moins deux reprises, "et personne n'a dit que cette personne était indésirable" à l'époque, "on se demande pourquoi aujourd'hui".
Pour M. Jaballah, son organisation, proche des Frères musulmans, n'est pas en cause: "on s'inscrit justement dans la ligne de ce qu'on appelle l'école réformiste de l'Islam. C'est une école qui essaye à la fois d'être fidèle justement aux préceptes de l'islam, à ses fondements, mais aussi dans l'ouverture, dans l'action, dans le raisonnement, l'interprétation des textes, le fait d'adapter notre pratique avec le contexte."