Mélenchon au Capitole de Toulouse
Posté : 05 avril 2012 11:30
A propos de la "privatisation" de la place :Ce soir, sur la place du Capitole à Toulouse, Jean-Luc Mélenchon compte faire une nouvelle démonstration de force, confirmant qu'il est l'homme qui monte dans cette campagne présidentielle.
Après la Bastille, le Capitole. Jean-Luc Mélenchon entend bien faire ce soir une nouvelle démonstration de force à Toulouse. Une tribune sera dressée devant la mairie, des écrans vidéo seront érigés de part et d'autre. La ville refuse cependant d'en installer d'autres dans une rue adjacente, ce qui lui a valu un communiqué du directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon, François Delapierre, parlant de « décision lamentable ». Quant à la droite toulousaine, elle se dit « choquée » par cette « privatisation de l'espace public ».
Pas de quoi impressionner Mélenchon. Pour Delapierre, la place toulousaine « pourrait s'avérer trop petite » avec ses « 30.000 personnes bien tassées » que « seules des victoires en rugby arrivent à rassembler dans cette ville ».
De meeting en meeting, Mélenchon remplit les salles au cri de « Résistance, résistance ». En passe de devenir le troisième homme de la campagne avec des sondages qui le créditent de 13 à 15 %, il prend des voix à Hollande, dégèle des abstentionnistes et ne manque jamais de défier en combat singulier Marine Le Pen. Soucieux de pousser son avantage et d'amplifier sa campagne, Mélenchon a décidé de contracter un nouveau prêt allant jusqu'à un million d'euros. Dans ce contexte, plus question de discussions informelles dans le train avec des journalistes, plus de conférences de presse d'avant meeting. Son entourage craint-il un « pétage de plomb », comme le confie un cadre du Front de gauche ? « C'est vrai que c'est fatiguant cette campagne, mais quand le succès est là, on supporte mieux », confie Mélenchon.
Sa progression et son style mêlant gouaille et références littéraires ont fait de lui la vedette de cette campagne. Conséquence : « des paparazzis ont été repérés devant l'Usine (le siège de campagne) et chez lui », affirme un de ses proches.
Mélenchon est aussi devenu la cible d'attaques d'autres candidats (voir ci-contre). « Ils nous folklorisent, tant mieux ! », balaye l'intéressé en meeting, quand d'autres au Front de gauche le disent « agacé par les attaques » et contraints de le « calmer ».
Avec le PS, les relations sont compliquées. Les socialistes s'agacent de la montée en puissance de « Méluche » qui leur fait un peu d'ombre, mais se réjouissent qu'il soude un électorat qui se reportera plus facilement sur François Hollande au deuxième tour. Ce qui ne les empêche pas d'appeler au vote utile pour leur candidat (voir ci-contre).
Jusqu'au premier tour, Mélenchon s'efforcera de rester sur les fondamentaux et le contenu. « Il ne faut pas se mettre des plafonds dans la tête, il y a encore des hommes et des femmes qui hésitent », souligne Marie-George Buffet. C'est pourquoi, ce soir encore, le tribun à la cravate rouge fera entendre « la fureur et le bruit, le tonnerre et le fracas » sur la place du Capitole. Sous les fenêtres du maire socialiste. Comme un pied de nez à ses anciens « camarades ».
« Il y a eu 120 000 personnes à la Bastille, ça dépoussière un peu sur le fond et la forme la façon de faire campagne », plaide Jean-Christophe Sellin, porte-parole du parti de Mélenchon qui attend plus de 25 000 personnes jeudi. Du coup, des écrans géants et une sono seront installés rue Alsace. Le tout encadré par un service de sécurité de 350 militants et les traditionnels effectifs policiers lors de grand rassemblement. De quoi soulever les critiques de l'opposition municipale. « Pour nous, cela s'assimile à une privatisation de l'espace publique. Il y a une différence entre aller dans une salle voir un homme politique et être amené à l'entendre même si on ne le veut pas », dénonce Pierre Esplugas, porte-parole de l'UMP 31 qui aurait aimé que le maire n'autorise pas ce rassemblement, comme à Marseille. « Quand l'UMP évoque la privatisation, elle sait de quoi elle parle… C'est une remarque de gens qui ne prendraient pas le risque de faire ce genre de meeting », répond Jean-Christophe Sellin. Un avis partagé par le maire PS de Toulouse. « Quand le Stade Toulousain fête sa victoire c'est aussi une forme de privatisation. Le Capitole est un espace public. Là c'est une expression de campagne originale, qui doit coûter moins cher », note Pierre Cohen.