Bayrou tente de sauver sa tête et son avenir en Béarn
Posté : 05 juin 2012 12:23
SERRES-CASTET, Pyrénées-Atlantiques (Reuters) - Donné perdant par les sondages dans son Béarn natal, François Bayrou arpente inlassablement sa terre de village en village, persuadé que son ancrage local sauvera un fauteuil de député qu'il détient depuis 1986, condition de sa survie politique.
Comme lors de chaque campagne législative, le président du MoDem, qui a subi un cinglante défaite lors de l'élection présidentielle où il a fini à la cinquième place, visite une à une chacune des 91 communes de sa circonscription.
"C'est une manière de reprendre chaque fois contact avec 91 histoires", dit-il.
Jeudi dernier, il se trouvait en fin de matinée à Serres-Castet, commune de 3.700 habitants située à une dizaine de kilomètres de Pau. C'est là, sur la place de la mairie, sur fond de sommets pyrénéens enneigés, qu'il avait lancé sa candidature à la présidentielle de 2007.
François Bayrou est lié à cette petite commune par son grand-père paternel qui en était originaire. Un cousin, Louis Bayrou, y habite toujours. De Serres-Castet, il connaît chaque recoin, sait les problèmes qui y sont posés.
Avec des conseillers municipaux réunis autour d'un café dans la salle du conseil, il débat sur l'économie locale, sur l'école et l'intercommunalité.
La question de sa réélection se glisse dans les échanges par la voix de Max Tucou, un adjoint au maire qui se dit son ami. "Tu es dans une campagne périlleuse", prévient-il.
En effet, le cinquième homme de la présidentielle, qui a déjà connu l'échec lors des dernières élections municipales en 2008 à Pau face à la socialiste Martine Lignières-Cassou, est donné battu au deuxième tour par deux sondages.
La socialiste Nathalie Chabanne, même en cas de triangulaire avec le candidat UMP Eric Saubatte, l'emporterait dans tous les cas.
Dans son fief, même ses résultats à la présidentielle y sont inquiétants. Avec 19,86% des voix, il a été devancé au 1er tour par François Hollande (29,82%) et Nicolas Sarkozy (21,49%).
"JE SUIS NÉ ICI"
François Bayrou se veut pourtant confiant et le répète inlassablement : "J'ai une très grande confiance dans les habitants de la 2e circonscription. Ils savent qui je suis, ils savent ce que j'ai fait, ce que je fais. Ils ne sont pas toujours d'accord avec moi mais c'est comme autour d'une table de famille où tout le monde n'est pas du même avis", indique-t-il entre deux villages.
Natif de Bordères, au coeur du territoire où il vit toujours, le député sortant avance son ancrage comme un l'argument majeur de son programme. "Je suis né ici, j'y ai grandi, j'y vis, mes enfants y ont grandi, et j'y vivrai", assure-t-il.
Après Serres-Castet, le centriste participe au conseil municipal de Pau où le groupe Pauconfiance qu'il préside fait voter à l'unanimité une motion demandant le maintien de la Banque de France dans la ville du bon Roi Henri.
Le conseil à peine terminé, François Bayrou reprend la route au volant de sa voiture, emprunte de petites routes champêtres direction Eslourenties, commune de 300 habitants où le maire socialiste Jean-Louis Guilloux l'accueille.
François Bayrou évoque avec lui une station d'épuration modèle avant de se rendre au bord du lac de Gabas, un plan d'eau de plus de 200 hectares.
C'est là, assis sur un banc de bois, sous les chênes et à côté d'un noisetier, qu'il évoque sa situation politique, rappelant qu'"une campagne législative est à la fois nationale et locale".
Il convient que ses électeurs aient pu être surpris par sa décision de voter François Hollande au second tour de la présidentielle, même s'il n'a pas donné de consigne.
"Il y avait beaucoup de gens qui croyaient que le centre était nécessairement à droite. Et les choix qui ont été les miens, et pas seulement cette fois-ci, ont été ressentis comme troublants par un certain nombre de mes électeurs. Je les comprends très bien", dit-il.
"En période de crise, il faut qu'il y ait des voix libres, un centre indépendant et des hommes forts pour défendre le Béarn", se justifie-t-il dans la foulée.
Dans les mairies, les réunions publiques, sur les marchés, François Bayrou ne cesse d'afficher sa confiance. Le 17 juin, il saura si, chez ses amis béarnais, la fidélité aura été plus forte que le doute.
Quelle que soit l'issue du scrutin législatif, il a déjà annoncé qu'il ne briguerait pas une quatrième fois la fonction suprême en 2017.