non-cumul des mandats: les sénateurs de gauche freinent déjà
Posté : 06 juillet 2012 08:21
Alors que le PS avait promis de faire de cette mesure l'une de ses grandes réformes, le projet pourrait être freiné par les sénateurs du parti.
Ce pourrait être le premier gros couac du gouvernement. Alors que le PS se targue depuis 2009 d'instaurer le non-cumul des mandats de parlementaire et de membre d'un exécutif local en cas d'accession au pouvoir, la promesse semble avoir déjà du plomb dans l'aile. Au Sénat, tout du moins.
C'est le groupe de sénateurs à majorité radicale de gauche RDSE (Rassemblement démocratique et social européen) qui s'est publiquement opposé le premier. Mercredi, Jacques Mézard affirmait à Public Sénat qu'il ne voulait pas "supprimer tout cumul" tout en concédant qu'il "était d'accord avec une limitation". Le sénateur du Cantal n'a pas manqué de préciser que cette ligne était celle adoptée par "la majorité, voire l'unanimité" des membres de son groupe.
Pourtant, le vote de ces sénateurs est indispensable pour que la loi soit adoptée par la chambre haute. En effet, la majorité de gauche ne tient qu'à six voix au Sénat. Et le poids des 17 sénateurs RDSE est décisif.
Le PS réservé sur la question
Même au sein du groupe PS, "le sujet est très loin de faire l'unanimité", confie François Patriat, sénateur socialiste de la Côte-d'Or. Pour lui, il n'y a "aucune corrélation entre le cumul des mandats et le niveau d'activité au parlement".
De plus, cette initiative poserait surtout un problème de fond au sénateur, qui "perdrait sa légitimité sur le terrain, ce qui poserait de grosses difficultés à ceux qui doivent faire face au scrutin uninominal".
Enfin, l'élu justifie sa position par un calcul politique: "La droite souhaite reconquérir le pouvoir grâce aux municipales. Alors, ce n'est pas le moment de retirer tous nos élus compétents. Ca serait se tirer une balle dans le pied!"
David Assouline, sénateur PS de Paris, est lui favorable au projet. Selon lui, "si les réserves sont pour l'instant importantes au Sénat, c'est parce que le débat n'a pas encore eu lieu". Mais il s'estime "confiant".
Pour lui, cette réforme est indispensable à la vie politique. Premièrement, elle permet un "renouvellement des générations nécessaire pour être en prise avec la réalité de la société. Ensuite, elle faciliterait l'action des sénateurs, pour qui il est évidemment plus facile d'être efficaces quand ils ne cumulent pas plusieurs tâches". Le débat au sein de la gauche s'annonce houleux.