premier bilan pour le couple Hollande-Ayrault
Posté : 01 août 2012 22:22
Le président et le premier ministre ont réaffirmé les priorités de la rentrée: «redressement, justice, jeunesse».
Le changement, ça devait être «maintenant». Après la victoire de François Hollande le 6 mai, et celle des socialistes aux législatives, c'est d'abord dans la manière que le nouveau pouvoir a voulu insuffler ce changement. Après Nicolas Sarkozy, souvent accusé de bousculer, voire de stresser, François Hollande donne dans la présidence tranquille, étonnant les observateurs étrangers quand il passe une journée complète à Londres avec les sportifs français, alors que la maison euro brûle.
Le président et son premier ministre ont lancé de nombreuses commissions de réflexion (éducation, institutions, défense, Otan…). Ils favorisent ainsi la concertation, mais donnent aussi la fâcheuse impression de se comporter en observateurs plus qu'en acteurs.
La session extraordinaire du Parlement a frustré beaucoup d'élus à droite: pas un seul projet de loi à se mettre sous la dent en dehors de la lutte contre le harcèlement sexuel et une loi de finances rectificative dont les hausses d'impôts risquent de rendre amère la pilule du changement, notamment dans les classes populaires. «En 2007, en un mois, nous avions fait le service minimum dans les services publics, une loi qui défiscalisait les heures supplémentaires, nous avions fait les peines planchers pour les délinquants multirécidivistes, une loi sur les universités», a estimé mercredi Jean-François Copé.
Trois priorités
Lors du séminaire gouvernemental qui s'est tenu mercredi dans la foulée du Conseil des ministres, François Hollande a réaffirmé qu'il n'avait pas dévié de ses engagements de campagne. Mais il a aussi admis que le gouvernement devait accélérer le rythme et «donner au pays la cohérence de l'action publique qu'il attend». Une cohérence qui devra passer, dit-il,«par (leurs) trois priorités: le redressement des comptes publics et de l'industrie, la justice et la priorité à la jeunesse. Et donc, pour faire tout cela, pas de temps à perdre.» Ainsi la création de la banque publique d'investissement pourrait-elle être avancée, mais on ne sait pas à quelle date. D'autres réformes attendent, sur l'emploi et la compétitivité. Et l'on n'a toujours pas compris comment le gouvernement trouverait les 33 milliards nécessaires au budget 2013.
Pris au piège du plan social de PSA, qui permet à Arnaud Montebourg de faire des débuts ministériels tonitruants, coincé dans une crise économique que le candidat Hollande avait sûrement sous-estimée, le gouvernement doit se débattre dans des marges de manœuvre de plus en plus étroites.
Pour faire taire les critiques, l'équipe Ayrault a fait mercredi un premier point d'étape et publié un document de huit pages intitulé «Deux mois d'action gouvernementale: répondre à l'urgence, préparer le futur». Najat Vallaud-Belkacem, en le commentant, a insisté sur la retraite à 60 ans pour les personnes ayant commencé à travailler tôt, la baisse de la rémunération du chef de l'État et des ministres, défendant bec et ongles le collectif budgétaire, mais aussi la méthode de concertation que privilégie le gouvernement: «Nous sommes persuadés que la meilleure façon de réussir les réformes, c'est de refaire circuler la sève dans le corps social», a estimé la porte-parole.
Alors que le président et les ministres partent en vacances, pas question de gâcher celles des Français. Aussi Vallaud-Belkacem a-t-elle été très lapidaire sur les lettres plafonds du projet de loi de finances pour 2013 qui devaient être adressées le même jour aux ministres. Pas question non plus de parler des emplois qui seront supprimés dans la fonction publique d'État pour compenser les créations de postes liées aux priorités du gouvernement. Ni d'inquiéter avec la rigueur. «Ce n'est pas la peine d'employer des mots qui n'ont pas de sens pour faire de la polémique», a dit le premier ministre. Même si le non-emploi du mot «rigueur» ne préserve pas de ses effets.