l'affaire des "bébés congelés "
Posté : 09 juin 2009 07:22
Le procès de Véronique Courjault s’ouvre aujourd’hui devant la cour d’assises de l’Indre-et-Loire. Cette mère de famille de 41 ans est jugée pour trois infanticides. Il y a trois ans, les corps de deux nourrissons ont été découverts dans le congélateur de son domicile de Séoul (Corée du Sud). Elle a par la suite avoué avoir tué un troisième bébé. Elle risque la perpétuité.
C’est le mari de Véronique Courjault, Jean-Louis, qui avait découvert les petits cadavres dissimulés dans le congélateur de leur maison de Séoul, en Corée du Sud. Il voulait y faire de la place. C’était il y trois ans, le 23 juillet 2006.
Depuis, Véronique a avoué avoir tué un autre nouveau-né, avant les deux bébés de Séoul. Elle comparaît devant les assises de l’Indre-et-Loire pour “assassinat” et risque la réclusion criminelle à perpétuité.
A l’époque des faits, Jean-Louis, ingénieur, travaillait comme expatrié en Corée du Sud pour une entreprise américaine et son épouse, mère au foyer, l’y avait suivi. Les deux garçons du couple, aujourd’hui âgés de 14 et 12 ans, également.
Au moment de la découverte, Véronique était retournée en vacances en France. C’est la police sud-coréenne qui commence l’enquête, par des prélèvements ADN sur Jean-Louis Courjault. Ils révèlent que les deux garçonnets morts sont les enfants du couple. Jean-Louis tombe des nues.
La police sud-coréenne l’a finalement laissé rejoindre sa femme et le couple, ressoudé par l’épreuve, fait front. Les époux nient tout d’abord, évoquant même un complot de la justice sud-coréenne. Mais d’autres analyses ADN opérées par les policiers français viennent confirmer la filiation des deux bébés. Les Courjault son placés en garde-à-vue, et Véronique passe aux aveux. Elle a étouffé les deux garçonnets nés en 2002 et en 2003. Pire encore, elle révèle avoir tué un autre nourrisson en 1999, alors qu’elle habitait en Charente. Mais elle assure que son mari n’a jamais rien su de tout cela.
La justice finira elle aussi par en être convaincue et Jean-Louis, d’abord mis en cause pour “complicité d’assassinat”, sera blanchi.
Aujourd’hui âgé de 42 ans, Jean-Louis couve sa femme comme, semble-t-il, il ne l’avait jamais fait auparavant. Ne manquant jamais un parloir à la maison d’arrêt d’Orléans : “ la société doit admettre que toutes les grossesses ne sont pas heureuses . Mon épouse a certainement un problème d’ordre psychologique”, explique-t-il. Il se reproche aujourd’hui de ne pas avoir su détecter le mal-être de sa femme, épouse discrète et bonne mère pour Jules et Nicolas, les deux enfants du couple. La famille et la belle-famille de Véronique Courjault partagent ce point de vue et font bloc autour de l’accusée, soulignant sa dévotion à ses enfants. Sa belle-sœur reconnaît la gravité de ses actes, mais souligne qu’elle n’est “plus dangereuse pour la société”, car elle ne peut plus avoir d’enfant.
Détenue modèle, suivant une thérapie, Véronique peut aujourd’hui mettre des mots sur ses gestes : “Je ne les sentais pas bouger dans mon ventre... Pour moi ça n’a jamais été des enfants. C’était un peu de moi, une prolongation de moi que je tuais”, a-t-elle expliqué. Les experts avouent se trouver devant un cas “assez exceptionnel”.
Mais ils se divisent sur ce qui a motivé les gestes de Véronique Courjault : profil de tueuse en série pour l’un d’eux, déni de grossesse pour un autre, “mensonges” et “refus de maternité”. Les débats tourneront autour de cette question.