un nounours rouge pour les mauvais payeurs

[tisiphoné]

Un écran numérique avec des petits oursons de trois couleurs à l’entrée d’une cantine scolaire, cela paraît très mignon… à première vue. Cette initiative provoque pourtant la colère des parents d’élèves FCPE de Ruffec, petite commune de Charente de 5000 habitants. Il faut dire que les nounours rouges signalent les enfants dont les parents n’ont pas payé la cantine.

Les verts permettent de savoir que les familles sont à jour et les bleus qu’elles vont bientôt être à découvert… « Cet écran est à la vue de tout le monde. Les élèves, mais aussi le personnel de cantine, celui de nettoyage et les enseignants, alors que cela devrait être confidentiel. Il y a stigmatisation des gamins », dénonce Christine Glangetas, secrétaire de la FCPE de Rufffec, absolument opposée à ce « procédé discriminatoire ». « Au début du mois, une institutrice a même trouvé un enfant en pleurs dans la cour le midi parce que son nounours était rouge et qu’il ne savait pas s’il pouvait aller manger », assure-t-elle.

« Il y a une question de honte pour ces élèves de primaire, qui n’ont pas forcément envie que leur maîtresse ou les autres écoliers sachent qu’ils ont des problèmes », poursuit cette maman de deux petits de 6 et 9 ans. « A Ruffec, nous sommes dans une zone rurale avec une population de plus en plus pauvre. Nous voulons que tous les enfants puissent avoir au moins un repas équilibré par jour », ajoute Philippe Fetis, vice-président de la FCPE locale.

Le maire de Ruffec et président (divers gauche) de la communauté de communes qui a mis ce système en place, Bernard Charbonneau, se défend de toute volonté discriminatoire et plaide la maladresse. « J’avoue que je n’ai pas été conscient des problèmes que cela pouvait poser. Nous souhaitions que les parents, qui peuvent voir l’écran, y compris en allant chercher leurs enfants à la garderie, puissent savoir où ils en étaient. Avec les élus de tout bord politique de la communauté de communes, nous avons voulu stopper les impayés qui atteignaient 56000 € en janvier 2010 et concernaient jusqu’à 173 enfants sur 460 en retard de paiement, explique l’élu. Nous avons donc voté à l’unanimité ce nouveau règlement. J’ai fait confiance aux techniciens qui ont acheté le logiciel à une société lyonnaise », insiste-t-il. Il indique également avoir envoyé de nombreuses lettres de relance depuis début janvier et avoir commis… une autre maladresse. « Nous avons fait passer la dernière lettre de relance directement dans les cahiers des enfants début novembre », confie-t-il. « C’était aussi très violent », juge Christine Glangetas.

Après cette révolte des parents, Bernard Charbonneau fait aujourd’hui amende honorable. « Nous n’avons jamais voulu stigmatiser qui que ce soit, et nous n’avons d’ailleurs jamais refusé d’accueillir un enfant à la cantine, même en cas d’impayé. Nous allons modifier le système. Tous les nounours auront dès que possible la même couleur bleue », promet-il. En même temps, il se félicite du résultat obtenu par cette mesure et les relances : « Nous n’avons plus que 62 enfants en retard de paiement. »

Quinze écoliers ont toutefois quitté « spontanément » les cantines de la communauté de communes. « Nous ne voulons pas faire le procès du maire », assurent les parents d’élèves, qui souhaitent maintenant l’instauration du quotient familial. « Pour que chacun paye en fonction de ses moyens, plutôt que tous payent la même chose, soit 2,70 € par enfant et par repas actuellement », proposent les délégués FCPE. Et que les nounours ne désignent plus les mauvais payeurs à l’entrée de la cantine!

[Jarod1]

C'est vraiment débile, si des parents ne sont pas en règle, l'établissement peut se tourner vers eux sans pour autant en faire cette lamentable publicité.