Marine Le Pen se voit en libératrice
Posté : 01 mai 2011 18:52
Le 1er mai "révolutionnaire" de Marine Le Pen
Dans son premier discours du 1er mai, la présidente du Front national se voit en libératrice. Pour contrer les attaques et la diabolisation de son mouvement.
Depuis quelques semaines, l'entourage de Marine Le Pen croit déceler les prémices d'un retour de la diabolisation du Front national. La diffusion récente sur Internet de photos de plusieurs militants faisant le salut nazi n'est pas l'effet du hasard. Et pour cause, il n'y a guère au FN qu'on en trouve! Déstabilisation interne? Mystère. Quoi qu'il en soit, la présidente a senti qu'elle devait réagir avant son premier discours public de présidentiable, ce 1er mai.
En premier lieu, faire le ménage en interne. Depuis ses vacances en Thaïlande, elle a exclu l'un des fautifs, Alexandre Gabriac, contre l'avis de la commission de discipline -laquelle réclamait un simple blâme- quitte à se prononcer contre son père, présent lors de l'audition du militant. Un autre adhérent, Daniel Durand-Decautin, sera convoqué prochainement pour avoir posé bras tendu devant le panneau de la ville de Vichy. Une "blague", s'est-il défendu. On appréciera la drôlerie...
Des consignes de fermeté ont également été envoyées par circulaire à tous les secrétaires départementaux (SD) afin de bannir du traditionnel défilé tout ce qui ressemble "de près ou de loin à un skinhead". Steeve Briois, le secrétaire général, a dû téléphoner à plusieurs SD de la région Est pour les prévenir qu'il les tiendrait personnellement responsables si ces derniers laissaient des indésirables monter dans les bus. De fait, sur le pavé parisien entre la place de l'Opéra et celle des Pyramides, on n'a vu aucun crâne rasé, même si certains avaient pris soin de se camoufler... en tenue de ville.
Auréolée de 20% d'intentions de vote en moyenne dans les sondages actuels -un niveau jamais atteint par son père- la nouvelle patronne de l'extrême droite sait qu'elle commence à être perçue comme dangereuse. Dimanche, elle s'est efforcée de rassurer en axant son discours sur le thème de la liberté. "Nous sommes les défenseurs farouches des libertés publiques et des libertés individuelles!", a clamé la présidente du FN devant quelque 3000 partisans -un tiers de plus par rapport à l'an dernier.
"1940, c'est aussi le pacifisme"
Marine Le Pen se présente en libératrice, sur tous les fronts: affranchir l'économie de la mondialisation et de l'ultralibéralisme, les travailleurs syndiqués des grandes centrales, et même les journalistes "des mains des grands groupes financiers" et de la "dictature de la bien-pensance". Et la présidente du FN de prendre la défense de Elisabeth Levy, Robert Ménard, Eric Zemmour, mais aussi de l'ancien ministre Luc Ferry ou de l'essayiste Emmanuel Todd -accusés d'avoir fait des déclarations pas si éloignées des siennes- qui sont des "victimes des petits Torquemada des temps modernes qui sont pourtant vos confrères!" Quand, naguère, son père citait des journalistes, c'était pour les jeter en pâture aux militants!
Manière de signifier que le Front de papa, c'est bel et bien fini, Marine Le Pen a dénoncé les "collabos": "[...] Après la débâcle dans la France de 1940, c'est aussi le pacifisme, c'est aussi l'illusion de la paix quitte à la payer au prix de la servitude, c'est en somme un étrange renoncement, qui a conduit certains Français à une indigne collaboration avec l'envahisseur."
De même a-t-elle truffé son propos de nouvelles références, jusqu'alors impensables au FN. Lors de son investiture, en janvier à Tours, elle avait convoqué Jean Jaurès, cette fois, elle a cité Victor Schoelcher, qui abolit l'esclavage, et deux figures de la Révolution française: Condorcet et Robespierre. Le nom de ce dernier était mentionné dans la version écrite de son discours, mais elle n'a pas osé le citer oralement, préférant évoquer un "grand révolutionnaire". La révolution ne se fait pas en un jour.