un faux à l'agrég' d'histoire, risque d'annulation
Posté : 24 mai 2011 15:09
"Le jury de l'agrégation d'histoire a fait une ENORME bourde en choisissant le texte d'agrégation", écrit le 20 mai, Innocen III sur le forum Passion-Histoire. En effet, le texte, présenté aux candidats comme le journal authentique d'un participant au concile de Constance en 1415, était un pastiche datant de 1964.
Terrible erreur, certes! Le concours d'agrégation d'histoire 2011 est menacé d'annulation, révèle sur son blog un journaliste de Libération.
Le document présenté est un pastiche
Le scandale concerne l'épreuve d'histoire médiévale qui traite des "Structures et dynamiques religieuses dans les sociétés de l'Occident latin (1179-1449)".
Le texte - présenté à l'examen comme un témoignage - a été en fait rédigé par Palémon Glorieux, publié en 1964 dans un ouvrage intitulé Le concile de Constance au jour le jour.
Dans ce livre, l'historien belge Palémon Glorieux introduit le texte sans cacher son caractère fictif. Le dernier paragraphe de son introduction, p. 8, dit ceci: "malgré toutes les recherches il n'a été possible jusqu'à présent de retrouver ni texte original ni références ou cotations quelconques. [...] C'est d'ailleurs pourquoi, devant cette carence, je me suis permis de prêter ma plume au secrétaire de Gerson. Parcat lector".
Un compte-rendu publié dans la revue scientifique Persée signale en outre que l'auteur "dans la réalisation de son plan, n'a pas évité quelques anachronismes. Son style est tout moderne, sa pensée de même."
"Une faute énorme et impardonnable"
L'indignation est vive sur Internet dans des discussions entre étudiants qui ont sué en avril pendant sept heures. Victorian estime ainsi qu'"annuler l'épreuve reviendrait à pénaliser une fois de plus les candidats et à bouleverser l'ensemble du calendrier".
Pour Brieyc, "cette faute est absolument énorme et impardonnable". Bruno trouve "incroyable [...] que personne dans le jury n'[ait] pris la peine d'essayer d'aller voir le texte latin".
Sur le forum d'enseignants Neoprof, Condorcet s'étonne également: "L'élément bizarre de ce texte réside dans le fait qu'il n'est nullement mentionné une traduction du latin, langue de l'élite au Moyen Age."
Il semble que le jury qui a sélectionné ce texte n'a pas respecté la règle la plus élémentaire des historiens: consulter la source originale.
"Le jury maintient qu'il s'agit de la traduction d'un texte inédit"
Erratum humanun est, persevare diabolicum! Innocen III affirme que "des sources bien informées [lui] ont dit que le jury a été alerté par des médiévistes depuis un certain temps déjà et qu'il a réagi avec beaucoup d'arrogance: il préfère essayer d'étouffer l'affaire, donc ne pas faire de communiqué pour l'instant en espérant que la chose va passer inaperçue..."
Selon Médiapart, "Un correcteur de l'épreuve qui souhaite lui aussi conserver l'anonymat - affirme même que le corrigé, transmis par le jury, maintient qu'il s'agit de la traduction d'un texte inédit. Le jury préférerait donc accréditer un mensonge plutôt que de reconnaître une erreur."
Pour le moment, aucune décision n'a été prise par le ministère de l'Education nationale concernant l'annulation de l'agrégation d'histoire. De leur côté, les agrégatifs essaient de se rassurer, comme Jean-Claude: "Tout le monde était logé à la même enseigne, donc l'égalité du concours n'est pas remise en cause." D'autres ironisent comme Danceny: "Il ne s'agit dès lors plus d'une épreuve d'histoire médiévale mais d'histoire contemporaine."