David Cameron lance l'opération "tolérance zéro"
Posté : 14 août 2011 22:12
Les quatre nuits d'émeutes en Grande-Bretagne ont choqué le monde. Les gangs seraient à l'origine de ces troubles, dixit le Premier ministre britannique. Aux yeux de David Cameron, ils sont les seuls responsables des récents actes de violence, de pillage et de vandalisme qui ont coûté la vie à cinq personnes. Tandis que les arrestations se multiplient, la lutte contre ces gangs constitue désormais la "priorité nationale" de Londres. Place à la "tolérance zéro" inspirée du modèle américain de lutte antigang mis en place à Boston, à Los Angeles et à New York. Détails de l'arsenal imaginé par le gouvernement britannique.
La politique des vitres cassées
Dès le 11 août, lors d'une session extraordinaire au Parlement, Cameron esquissait son plan antigang. Aucune mesure policière ne serait écartée, y compris l'usage de canons à eau - réservé jusque-là aux troubles en Irlande du Nord -, la possibilité d'instaurer un couvre-feu en cas d'émeutes et le recours éventuel à l'armée. Trois jours après ses annonces à Westminster, le Premier ministre anglais va plus loin, dans les colonnes du Sunday Telegraph daté du 14 août. "Nous n'avons pas assez employé le langage de la tolérance zéro jusqu'à maintenant, mais c'est en train de changer très rapidement", prévient David Cameron.
La "tolérance zéro" part du principe que les délits mineurs - par exemple le fait de briser des vitres, d'où son surnom de "politique des vitres cassées" - doivent être punis de façon stricte. Car, selon les défenseurs de ce dispositif, les "petits" actes de délinquance peuvent déboucher sur des délits plus "graves", voire des crimes en l'absence d'une première sanction sévère.
Lain Duncan Smith, ministre du Travail et fondateur du Centre de justice sociale, un institut de recherche sur l'exclusion sociale et la délinquance, sera le maître d'oeuvre et présentera un rapport en octobre prochain. Mais déjà, la stratégie du gouvernement britannique s'articule autour de deux axes : une lutte vigoureuse à l'encontre des chefs de gang, combinée à une politique de soutien et d'aide sur le terrain aux jeunes adolescents susceptibles d'être recrutés.
Une existence sous surveillance
A l'encontre des chefs de gang, Londres prévoit la mise en place de mesures draconiennes. Des visites quotidiennes par la police à leur domicile sont envisagées. Objectif déclaré : faire de leur vie "un enfer". Tous les aspects de leur existence seront ainsi examinés : la plus petite infraction - telle que le non-paiement de la taxe sur la télévision ou d'amendes de la circulation - pourrait déboucher sur l'emprisonnement.
" Les plus durs d'entre eux ont besoin de se retrouver entre quatre murs de prison, et ce, pendant une période de temps particulièrement longue", résume Duncan Smith, interrogé par le Sunday Times.
L'éducation des mères célibataires
Le ministre du Travail assure que de nombreux jeunes éduqués par des mères célibataires se retrouvent happés par des gangs, car ils ne disposent pas de figure paternelle : "Beaucoup de garçons sont en quête d'une autorité dont ils manquent et le gang leur offre un certain code disciplinaire et une structure hiérarchique similaire à celle d'une famille, mais d'une famille dysfonctionnelle et violente", explique-t-il.
L'une des mesures déjà avancées prévoit donc des visites régulières de travailleurs sociaux dans les familles monoparentales, avec pour objectif d'inculquer aux mères des règles éducatives leur permettant de réaffirmer leur autorité, mais aussi de placer dans des familles d'accueil les cadets de familles dont les aînés appartiennent à des gangs.
A l'instar de la ville de Liverpool, la police pourrait arrêter des enfants présents dans les rues la nuit - considérés comme des proies vulnérables pour les gangs. Ils seraient placés dans des lieux dirigés par des associations caritatives, où leurs parents peuvent ensuite venir les récupérer.
Les stages de réhabilitation
Un nouveau "délit par association" pourrait aussi être voté. Il permettrait la mise en place de couvre-feux pour ceux associés à des gangs.
Duncan Smith suggère également la possibilité de créer des académies où les membres de gangs pourraient être placés en stages de réhabilitation organisés par des associations caritatives et la police, avec pour objectifs de leur inculquer la discipline et de leur offrir une éducation de base
Reste à savoir quand et comment le gouvernement mettra en place de telles mesures, dans un contexte de coupes budgétaires drastiques touchant la police et les services sociaux.