attention danger, au pays des enfants rares
Posté : 23 octobre 2011 02:34
La politique de l’enfant unique adoptée par les dirigeants chinois dans les années 1970 offre des destinées diamétralement opposées aux enfants chinois selon qu’ils vivent dans les milieux aisés urbains ou dans les régions rurales.
Un inactif pour un actif d'ici à 2030
A la campagne, on continue d’avorter les futures filles ou de ne pas les soigner ; souvent les enfants sèchent l’école pour aider aux travaux des champs. A la ville, les enfants de riches vivent un enfer qui les conduit parfois au suicide. Le darwinisme obtus qui s’est imposé dans les classes dirigeantes chinoises conduit nombre de parents à imposer à leurs progéniture un apprentissage qui rappelle le film Top gun. Au jardin d’enfants « Intelligence et performance » (ça ne s’invente pas…), on apprend dès 18 mois les maths, les sciences, l’anglais, l’art, la musique avant de passer au tennis et au golf...
Les experts qui s’esbaudissent devant le modèle chinois négligent ce que les démographes appellent le « bonus démographique » : quand un pays fait moins d’enfants, il commence par être compétitif car il dépense peu et que le nombre des actifs devient dans un premier temps plus important que celui des inactifs. Mais une fois la génération de l’enfant unique devenue adulte, les ennuis commencent. Les dirigeants tentent bien de redresser la barre et de stopper la politique de l'enfant unique. Mais les urbains chinois rechignent à faire un second enfant. La réussite personnelle est devenue la priorité qui écrase toutes les autres....
D’ici à 2030, il y aura 1,1 inactif – en général un vieux – pour un actif dans l’empire du milieu et il manquera alors des dizaines de millions de femmes. Isabelle Attamé montre que les dirigeants de la Chine n’ont pas anticipé les problèmes immenses qui surgiront alors : problèmes de santé publique, de pénurie de main d’œuvre, de dépendance du quatrième âge, etc. Mais cet avenir lourd et incertain explique peut-être en partie la politique économique expansionniste de la Chine : comme les dirigeants de Berlin, ceux de Pékin veulent accumuler du capital pour faire face. Sauf que toutes ces questions ne peuvent pas forcément se résoudre seulement par l'argent.