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10 idées reçues sur la société française

Posté : 16 novembre 2011 12:44
par tisiphoné
L'Insee a publié ce mercredi l'édition 2011 de son "portrait social de la France", ouvrage de référence sur les conditions de vie des Français, l'éducation, les salaires, les niveaux de vie, la population, etc. L'occasion de dégager le vrai et le faux des idées reçues sur la société française.

La fécondité est le moteur de la croissance démographique: faux
La France compte 65 millions d'habitants en 2011. Soit 10 millions de plus qu'il y a trente ans. Une dynamique bien supérieure à nos voisins européens - la croissance démographique n'a été que de 3 millions en Allemagne entre 1981 et 2011, de 4 millions en Italie et de 6 millions au Royaume-Uni. Une performance que l'on a tendance à attribuer au taux élevé de fécondité en France pour un pays développé (2,01 enfants par femme). En réalité, la population française est aujourd'hui inférieure de 1,3 million à ce qu'elle aurait été si les comportements de fécondité s'étaient maintenus en trente ans. Notamment parce que les femmes ont des enfants de plus en plus tard. En fait, un surcroît de 5 millions de personnes provient de l'histoire (le baby boom de l'après seconde guerre mondiale). La hausse de l'espérance de vie (+7 ans) s'est, elle, traduite par un surcroît de 3 millions de personnes, soit le même apport que l'immigration.

Les filles sont meilleures que les garçons à l'école: vrai
Si le niveau des élèves "moyens" est resté stable depuis une dizaine, la proportion d'élèves en difficultés face à l'écrit a augmenté sensiblement: 19% des élèves de 6e étaient en difficultés en 2007 contre 15% en 1997. Les filles s'en sortent mieux: l'écart de niveau avec les garçons représente une année d'enseignement. Le pourcentage d'élèves en difficultés face à l'écrit touche particulièrement les collèges en zones d'éducation prioritaire (ZEP): ils sont 31% en début de 6e à connaître de telles difficultés, contre 17% en moyenne dans le public et 14% dans le privé.

Le diplôme ne protège pas du chômage: faux
Les jeunes qui entrent sur le marché du travail sans diplôme de l'enseignement secondaire sont plus désavantagés que ceux diplômés du supérieur. Entre 1979 et 2010, le taux de chômage des actifs récemment diplômés du supérieur est de 5 à 16 points inférieur à celui des diplômés du secondaire et 19 à 40 points inférieur à celui des peu diplômés. Ceci vaut également en période de retournement de la conjoncture. En 2010, seuls 11% des jeunes diplômés du supérieur sont au chômage, contre 23% des diplômés du secondaire et 44% des peu diplômés (brevet du collège ou aucun diplôme).

Les politiques publiques en faveur de l'emploi des jeunes ne marchent pas: faux
En 2010, un quart des emplois occupés par des jeunes de moins de 26 ans, soit 66.500 emplois, bénéficient d'une aide de l'État. Ce chiffre est en forte hausse depuis trente ans (+14 points). Les deux principales méthodes sont la baisse du coût de la main d’œuvre (exonération de charges sur l'embauche de jeunes) et l'amélioration de la qualification (formation en alternance, apprentissage, emplois jeunes). Aujourd'hui, l'alternance représente la très grande majorité (565.000 emplois) des emplois aidés. Ces politiques sont-elles efficaces? Oui, affirme l'Insee, quand elles allient emploi et formation et qu'elles permettent d'acquérir une réelle expérience. Ainsi, 61% des jeunes sortant d'apprentissage occupent un emploi à la fin de leur contrat, selon une étude de la Darès ; ils sont 86%, soit jusqu'à 4 points de plus que leurs camarades des filières classiques, à formation égale. Les emplois jeunes de Jospin, en 1997, ont abouti sur 70% de CDI.
L'écart des rémunérations hommes-femmes se réduit: pas vraiment
Eh oui, malgré toutes les lois en faveur de l'égalité salariale, les femmes restent moins payées que leurs homologues masculins, de 25% en moyenne (23.000 en moyenne par an pour les hommes, 17.000 pour les femmes). Cette différence s'explique d'abord par un salaire horaire moyen inférieur de 18,6%. A cela s'ajoute une durée d'emploi dans l'année plus faible de 8% en moyenne, du fait de l'importance du temps partiel féminin. De 1995 à 2008, le revenu salarial a crû au même rythme annuel pour les femmes comme pour les hommes, de sorte que l'écart est resté stable autour de 27,5%. Cet écart a baissé à 25% avec la crise de 2008-2009, qui a plus touché les hommes.
Le salaire horaire explique les écarts de revenus: faux
En 2009, le revenu salarial moyen de l'ensemble des salariés du privé et du public s'établit à 19.984 euros pas an, mais les situations sont hétérogènes. Un quart des salariés ont perçu moins de 9414 euros, un autre quart entre 9414 et 17305 euros, un autre entre 17305 et 24299 euros et le dernier quart au-dessus. Ces disparités salariales s'expliquent pour 16% par des disparités de salaire horaire, et pour 84% par des disparités de durée d'emploi dans l'année. Entre les 25% de revenus salariaux les plus faibles et ceux du deuxième quart, la durée d'emploi varie de un à trois, alors que le salaire horaire est quasiment le même.
Les écarts de revenu salarial progressent: faux
Certes, en 2009, les 25% de salariés les mieux payés ont perçu en moyenne un revenu salarial dix fois supérieur (38 749 euros annuels) aux 25% des salariés les moins bien payés (3 891 euros). Reste que cet écart de revenus ne s'est pas accru au fil des ans. Au contraire: entre 1995 et 2009, les disparités de revenu salarial entre les moins et les mieux payés a légèrement diminué, le rapport passant de 12 à 10. C'est une conséquence de l'augmentation des durées d'emploi des bas revenus. Cependant, tout en haut de l'échelle, la part détenue par les 1% de revenus salariaux les plus élevés (plus de 79 000 euros par an) a augmenté, passant de 6,1% à 6,6%.

Les prestations sociales réduisent les inégalités: vrai
Le modèle redistributif français fonctionne: les prestations sociales et les prélèvements réduisent fortement les inégalités de revenus. Alors que le niveau de vie moyen des 20% les plus aisés est 7,2 fois plus élevé que celui des 20% les plus modestes avant redistribution, l'écart est presque divisé par deux (3,9) après redistribution. Le niveau de vie des 20% les plus modestes augmente ainsi en 2010 de 50% après redistribution quand celui des 20% les plus aisés baisse de 18%. Cette réduction des inégalités passe aux deux tiers par les prestations du fait de leur indexation sur l'inflation qui augmente moins vite que les revenus, elles se sont toutefois affaiblies. L'impôt sur le revenu lui est devenu moins progressif en vingt ans: les 20% les plus riches payent moins d'impôt en 2010 qu'en 1990.
Les fonctionnaires sont mieux payés que les salariés du privé: vrai
En 2009, les salariés du privé ont gagné en moyenne 18 758 euros, tandis que les fonctionnaires ont touché 21 236 euros. Cet écart de revenus entre public et privé s'explique par une durée d'emploi supérieure de 13% dans la fonction publique du fait de la stabilité de l'emploi. Il n'existe d'ailleurs plus de différence de salaire horaire. En outre, sur la période 1995-2009, le revenu salarial a augmenté plus rapidement dans le privé (+0,9% en moyenne par an) que dans le public (+0,4%). En effet, la croissance de l'emploi publique a surtout été dynamique dans les fonctions publiques territoriale et hospitalière, majoritairement composées d'agents de catégorie B ou C (employés et ouvriers), moins payés que les agents de catégorie A (cadres) qui sont majoritaires dans la fonction publique d’État.
Les chômeurs maintiennent leur niveau de vie grâce aux allocations: faux
Le niveau de vie médian (la moitié des personnes ont plus, l'autre moitié moins) en France est de 1 590 euros par mois en 2009. Les personnes en emploi ont des revenus personnels supérieurs à ceux des autres statuts d'activité. Pour cette raison, mais aussi parce qu'elles ont plus souvent un conjoint en emploi, leur niveau de vie moyen est plus élevé que la moyenne. Les retraités ont en moyenne des revenus personnels plus faibles, mais des revenus du patrimoine plus élevés. Cependant, les niveaux de vie moyens cachent des inégalités plus ou moins fortes au sein de chaque statut d'activité. Ainsi, deux personnes en emploi sur dix font malgré tout partie des 30% de personnes les plus modestes. C'est surtout le cas de six chômeurs sur dix et de trois retraités sur dix. Entre 1996 et 2009, les inégalités de niveau de vie dans l'ensemble de la population sont globalement stables. Sauf pour les chômeurs où elles ont eu tendance à augmenter.