c'est le Che' qui avait raison ?!
Posté : 19 décembre 2011 08:20
Les campagnes électorales sont toujours pleines d'imprévus et d'événements exceptionnels. Mais s'il y a bien une chose rare, c'est de voir un homme politique de haut niveau reconnaître avoir eu tort. Dimanche soir, BFM TV recevait le candidat du Front de Gauche à l'élection présidentielle de 2012, Jean-Luc Mélenchon.
"- Cette Europe ranime les nationalismes. Cette Europe est une Europe des compétitions.
- Oui mais à l'époque, vous disiez : "On va mettre de la politique face au libéralisme, face à l'Europe des marchés". Vous n'avez pas l'impression que c'est un échec ? Et aujourd'hui comment on va mettre de la politique ?
- Là, vous touchez juste. C'est un échec absolu. Tous ceux qui, comme moi, ont cru à l'époque qu'on allait mettre de la politique se sont fait rouler. C'est Chevènement qui avait raison ! C'est le contraire qui s'est passé. On a ouvert, en grand, le pouvoir absolu à la finance."
Voir un dirigeant politique de ce calibre reconnaître ses torts et louer les analyses de l'un de ses concurrents à l'élection suprême, voilà un geste d'une noblesse et d'une élégance rares. Une réaction qui mérite d'être saluée !
D'une manière plus anecdotique, nous noterons également qu'au cours de la même émission, c'est Christian Estrosi qui est venu rappeler que la crise que connait actuellement la zone euro n'est pas tombée du ciel mais qu'elle n'est en réalité que la conséquence directe de la ratification du traité de Maastricht, qui a entériné la création d'une monnaie unique mal pensée dès le départ (aux alentours de la 5ème minute, sur cette vidéo)
"Vous abordez le cœur du problème. Pourquoi renégocie-t-on aujourd'hui un traité ? Parce que nous voyons que toutes les erreurs sont parties du même point. Le premier point, c'est Maastricht. Les autres traités ont découlé de Maastricht."
Cette analyse qui relève de l'évidence est désormais partagée par une large partie de l'échiquier politique, il est vrai. Bien peu peuvent cependant se vanter d'avoir eu la même constance dans les idées que le sénateur de Belfort.
Il aura fallu attendre 20 ans pour que les analyses de Jean-Pierre Chevènement soient reconnues à leur juste valeur. Combien de temps faudra-t-il pour que ses analyses et ses propositions actuelles, sur la surévaluation de l'euro qui nous pénalise considérablement et sur sa nécessaire mutation en monnaie commune au cas où l'Allemagne refuserait de transiger sur le rôle de la Banque Centrale Européenne, sur l'indispensable réindustrialisation de la France pour sauvegarder son système social, sur la reprise en mains des institutions bancaires et financières, sur la construction d'une Europe réaliste, qui ne nous offre pas pour seul horizon une austérité à perpétuité, qui respecte enfin les nations qui la composent et qui ne brade pas leur souveraineté, soient entendues à leur tour ?