la campagne reprend, focalisée sur les attentats
Posté : 21 novembre 2015 10:08
Une semaine après les attentats de Paris, les candidats aux régionales reprennent doucement leurs déplacements. Mais le risque terroriste et l'enjeu sécuritaire deviennent une préoccupation majeure des discours de campagne.
La campagne officielle des élections régionales, celle qui encadre la communication des candidats, débute lundi prochain. Mais à deux semaines du premier tour, ce sera surtout l'occasion pour la plupart de reprendre les déplacements. Les attentats du 13 novembre ont en effet suspendu toute activité. Depuis, chacun s'exprime sans que l'on ne sache vraiment si c'est dans le cadre de cette campagne.
Solférino va reprendre après l'hommage national
Plusieurs candidats ont déjà repris leurs réunions en cette fin de semaine, comme Christian Estrosi (LR) ou Marion Maréchal-Le Pen (FN) en Paca, Philippe Richert (LR) et Florian Philippot (FN) en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine ou Alain Rousset (PS) en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. Le Front de gauche a annoncé une reprise de sa campagne ce week-end. D'autres, à l'inverse, attendront encore un peu : à Solférino, le Parti socialiste veut attendre l'hommage national rendu aux victimes vendredi prochain aux Invalides. Enfin, le cas du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian est singulier : il a annulé tous ses meetings prévus en Bretagne avant le scrutin. Une décision qui repose la question de son maintien au gouvernement après les élections, en cas de victoire.
Une chose semble certaine : la tonalité de la campagne a changé. Le terrorisme, la sécurité - voire l'immigration - ont pris le dessus dans les prises de parole et les débats autour des compétences régionales risquent d'être relégués au second-plan. Mais la donne a évolué aussi dans le paysage politique. La gauche a resserré ses rangs derrière François Hollande. Lundi, lors du Congrès, Cécile Duflot (EELV), d'ordinaire critique envers l'exécutif, a souligné le "devoir d'unité" qui s'imposait à tous. Le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis voit ainsi dans les dernière prises de position des élus PCF et EELV la promesse d'une réconciliation pour le second tour, le 13 décembre : "Ce qui était déjà en cours, à savoir l'alliance de second tour, va s'accentuer."
Agitation à droite
Effet des attentats ou non, le PS est donné pour la première fois au niveau national devant la droite (25%), mais derrière le FN (27%), au premier tour des régionales, par un sondage Harris Interactive post-attentats publié vendredi. Un coup dur pour le parti Les Républicains, qui a peiné à trouver une attitude commune au lendemain des attentats. La séance particulièrement houleuse mardi à l'Assemblée nationale, avec trois questions posées par trois têtes de listes aux régionales, Valérie Pécresse, Christian Estrosi et Laurent Wauquiez, a été unanimement critiquée.
Si la séance du lendemain s'est tenue dans le calme, l'interview offensive de Nicolas Sarkozy ce jour-là au Monde, en plein assaut des forces de l'ordre à Saint-Denis, avait détonné. L'ex-Président a lui-même été critique à l'égard de ses concurrents à la primaire, François Fillon et Alain Juppé. "Que ceux qui parlent d'unité nationale n'oublient pas que l'unité commence par celle de notre propre famille politique", a-t-il lancé mardi devant les députés de son parti.
De son côté, Marine Le Pen espère capitaliser. Le nouveau mot d'ordre au FN est clair : l'actualité validerait son discours. Du coup, les frontistes n'hésitent pas à aller toujours plus loin dans leurs propositions : cela va de l'expulsion immédiate de tous les "clandestins et demandeurs d'asile" présents en France, réclamée par Florian Philippot, à la "mise sous tutelle immédiate" de la ville de Saint-Denis demandée par Wallerand de Saint-Just.