la dérangeante ambiguïté d’Emmanuel Macron
Posté : 02 mai 2017 17:44
Regard d’une étrange vacuité
Hors la structure des partis historiques remplacés par des formations nouvelles attachées à un seul candidat, que peut devenir la démocratie sinon un exercice de pure communication, développant une dialectique publicitaire? C’est exactement le spectacle qu’a offert Emmanuel Macron durant la campagne. Tout d’abord, il a usé de ce qu’on appelle «le teasing» en publicité, c’est-à-dire l’art de faire durer le suspense en dévoilant le plus tard possible la nature de l’offre. Les Français ont ainsi attendu de longues semaines le programme d’En marche! comme s’il s’agissait là d’un vulgaire produit et non du destin de la France! Dans ses meetings, le candidat a laissé voir des scènes ahurissantes durant lesquelles, comme un bonimenteur de foire, il s’égosillait en finale pour convaincre la foule.
L’art bien commercial de ne fâcher personne
Le personnage offre un physique lisse au point d’être insipide, parfait mais sans charme ni expressivité. Son regard, même lorsqu’il s’enflamme, est d’une étrange vacuité, au point que le spectateur ressent un malaise indéfinissable. Il y a aussi chez lui cet art bien commercial de ne fâcher personne afin d’élargir son bassin de chalandise. Du coup, comme l’ont remarqué les commentateurs, il est d’accord avec tout le monde au risque de se contredire sans états d’âme. En toutes choses, il énonce des principes consensuels, mais jamais les moyens de leur réalisation. Sous prétexte qu’il est jeune, il prétend que ses idées sont originales alors qu’il n’en est rien.
En matière d’écologie, son programme est un copier-coller de celui de François Hollande. Sur la sécurité et le terrorisme, il s’en remet à l’Union européenne, sans voir combien elle a péché jusqu’ici en la matière. Sur l’armée, il veut «mutualiser les instruments et encourager les agences à travailler en commun», discours fumeux s’il en est. Et quand il ose des coups d’éclat, comme son affirmation que la culture française n’existe pas ou que la colonisation française en Algérie fut un crime contre l’humanité, il se reprend très vite face à la polémique et se contorsionne pour dire qu’il l’a dit sans le dire.
Les intérêts ont remplacé les convictions
Chez lui, tout est conciliant, flou, ambivalent, contradictoire, fluctuant, en phase avec une époque où les intérêts ont remplacé les convictions et où les corpus politiques semblent trop contraignants pour qu’on y adhère, se laissant le choix opportuniste d’être à gauche et à droite. La France votera donc pour la «nouveauté», mot magique sur les gondoles de supermarché et, désormais, dans les urnes. Ce n’est qu’en l’essayant qu’elle saura si la marchandise est bonne mais, malheureusement, aucun remboursement n’est prévu en cas d’insatisfaction.