pourquoi ça coince entre La République en marche et le MoDem
Posté : 12 mai 2017 12:47
L’accord conclu entre les deux partis n’aurait pas été respecté. Selon le maire de Pau, il prévoyait de réserver un quart des circonscriptions pour le MoDem.
Quatre jours après l’élection à la tête de l’Etat d’Emmanuel Macron, les alliances vacillent. Le président du MoDem, François Bayrou, a été fortement contrarié par la présentation de la liste de La République en marche ! (LRM) pour les législatives, jeudi 11 mai. En effet, 38 candidats du MoDem ont été investis, au lieu des 120 qui auraient été promis, selon un pointage effectué par les responsables du parti centriste.
Que François Bayrou reproche-t-il à La République en marche ! ?
Selon le maire de Pau, un accord prévoyait qu’un quart des candidatures reviendraient au MoDem. Une proportion qui représentait, pour M. Bayrou, « le poids de l’apport qu’il (…) a fourni pendant sa campagne électorale », selon l’Obs.
« Hier [mercredi], nous étions parvenus à un accord sur 120 circonscriptions. Il en restait 25 à trouver, ce qui était évident et facile. J’ai déjeuné en tête à tête avec Emmanuel Macron et il n’y avait plus de discussion autour de cet accord, précise M. Bayrou au Monde. Jeudi matin, M. Ferrand arrive et nous informe que l’accord ne tient plus et que son parti annoncera ses propres investitures, réservant au MoDem 38 sièges. Comment ont-ils imaginé que nous pourrions accepter une telle situation, au vu des engagements pris devant les Français ? »
La liste de La République en marche aurait été modifiée à l’occasion d’une réunion du « conseil d’administration », jeudi matin. Très remonté après cette découverte, François Bayrou a exprimé ses remontrances au secrétaire général du parti, Richard Ferrand, et a convoqué un bureau politique du MoDem vendredi soir.
Une surreprésentation du Parti socialiste ?
Outre la sous-représentation de son parti, le président du MoDem déplore la surreprésentation du Parti socialiste (PS). « L’accord que nous avions négocié depuis des mois a été foulé aux pieds. En tout état de cause, je ne participerai pas à une opération de recyclage du PS », a affirmé au Monde M. Bayrou.
« L’explication la plus optimiste, c’est l’amateurisme. Ce sont des apparatchiks sans expérience politique qui ont pris la main au profit d’une manipulation en faveur du PS. Ils ont créé une machine qui leur échappe. »
Selon un pointage effectué par les responsables du MoDem, sur les 428 investitures annoncées, 153 auraient été attribuées à des PS, ex-PS ou PRG, 38 au MoDem, 15 à l’UDI ou ex-UDI, 25 à LR, ex-LR ou divers droite et enfin 197 à la « société civile », soit des candidats n’ayant jamais eu de mandat électif.
Les dirigeants de La République en marche ! tentent de calmer le jeu
A la suite de ces déclarations, l’état-major de La République en marche ! a tenté de déminer la situation. Dès jeudi soir, sur BFM-TV, Christophe Castaner, l’un des proches d’Emmanuel Macron, a assuré qu’il « n’y a[vait] pas de crise ».
« Il y a des tensions, il nous faut les lever, je ne suis pas inquiet du tout », a-t-il ajouté, assurant encore :
« Nous avons pris connaissance du souhait de François Bayrou de poursuivre la discussion et nous allons la poursuivre. L’importance de François Bayrou aux côtés d’Emmanuel Macron est essentielle, c’est pour cela qu’il faut trouver des terrains d’entente. »
Vendredi matin, sur RTL, l’eurodéputée Sylvie Goulard, soutien de longue date d’Emmanuel Macron, a critiqué l’attitude de François Bayrou. « Le soutien qu’on a pu apporter à un moment donné ne signifie pas qu’on a un droit de tirage éternel », a-t-elle lancé, référence à l’alliance scellée en février entre le nouveau président et le maire de Pau.
Et quelques minutes plus tard sur BFM-TV, Richard Ferrand, secrétaire général de La République en marche !, a rappelé qu’il n’y avait pas d’accord avec le parti centriste.
« On a dit qu’il faut que chacun envoie ses candidatures pour que la commission choisisse ses meilleurs candidats. Nous, on fait pas d’accord d’appareil. Des calculs d’apothicaire, il n’y en a pas. (…) Quand vous renouvelez en profondeur, forcément ça fait turbuler [sic], ça crée des turbulences dans les différents appareils politiques. »
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