Une enquête parlementaire demandée pour le Pen et Bannon.
Posté : 12 mai 2019 14:40
Liens entre le RN et Steve Bannon : une enquête parlementaire réclamée.
La diffusion d’Envoyé Spécial, jeudi, conduit l’ancien ministre Frédéric Lefebvre à demander une enquête parlementaire sur l’influence de Steve Bannon au sein du parti de Marine Le Pen.
http://www.leparisien.fr/elections/euro ... 070210.php
La diffusion d’Envoyé Spécial, jeudi, conduit l’ancien ministre Frédéric Lefebvre à demander une enquête parlementaire sur l’influence de Steve Bannon au sein du parti de Marine Le Pen.
Source:Le Parisien.
Il prétend être « l’homme qui a fait Donald Trump » et sans doute Marine Le Pen, en se rapprochant de lui, espère-t-elle connaître la même fortune électorale. Le magazine Envoyé Spécial, diffusé jeudi soir sur France 2, a montré un tel lien entre Steve Bannon, chantre du populisme américain, et le Rassemblement national que l’ancien ministre Frédéric Lefebvre demande que soit constituée une commission d’enquête parlementaire. Le thème : des investigations « sur le Rassemblement National pour intelligence avec une puissance étrangère avec la complicité de hauts fonctionnaires tenus au droit de réserve », écrit-il sur Facebook.
Au moins deux députés se sont associés à sa démarche, Jean-Michel Mis (LREM, Loire) et Bruno Millienne (MoDem, Yvelines). De même le sénateur Rachid Temal (PS, Oise). Nathalie Goulet, sénatrice UDI de l’Orne, s’est dite ce dimanche prête à suivre le mouvement, nuançant tout de même que les règles du Parlement ne facilitaient pas la saisine.
Le reportage d’Envoyé spécial intègre un extrait d’un documentaire américain sur Bannon, « The Brink », sorti le 29 mars aux Etats-Unis, et l’interview de sa réalisatrice, Allison Klayman. Alors que Steve Bannon s’est installé à l’été 2018 à Londres (Grande-Bretagne) pour fédérer les droites radicales européennes et tenter de peser sur les élections des eurodéputés, il rencontre dans un hôtel chic de la capitale le député RN Louis Aliot, ancien n° 2 du Front national et surtout compagnon de Marine Le Pen, ainsi que Jérôme Rivière, chargé des questions internationales au sein de l’état-major de la présidente.
« Salut les gars, content de vous revoir », leur lâche l’ancien conseiller stratégique du président des États-Unis en entrant dans une pièce de réunion dont les fenêtres sont volontairement occultées par des stores gris. « Ils le consultent, notamment sur les questions d’argent », selon la réalisatrice, priée de sortir quand Bannon s’enquiert des « deux millions d’euros » nécessaires pour la campagne. Des Européennes ? Aliot et Rivière lui diraient-ils la somme dont ils ont besoin ?
Depuis les lois dites « confiance dans la vie politique » de septembre 2017, les États étrangers et les personnes morales étrangères ne peuvent plus apporter leur garantie aux prêts accordés aux partis politiques ni aux candidats de ceux-ci.
En avril dernier, Jérôme Rivière est à Rome pour assister à un événement de Bannon. L’occasion pour le journaliste Paul Moreira d’obtenir enfin une réponse sur cette drôle de conversation. « J’ai pas répondu (à la demande du journaliste, NDLR), il n’y avait sans doute pas d’objet… On échangeait sur les finances des campagnes précédentes sans doute… », minimise Rivière.
Lui qui a adhéré à Démocratie libérale puis l’UMP (l’ancien nom des Républicains), rallié le souverainiste Philippe de Villiers, avant de rejoindre le Front national et d’y devenir tout à la fois un proche conseiller de Marine Le Pen et l’interlocuteur n° 1 de Steve Bannon, est actuellement en 19e position sur la liste RN pour les Européennes. Il estime que l’Américain est « un peu le symbole de la victoire de Donald Trump », ajoutant qu’« il y a des sujets sur lesquels ils ont une expérience folle », notamment l’utilisation des réseaux sociaux. En outre, Bannon « a l’avantage d’être un non-Européen donc il n’est pas impliqué dans la politique politicienne », approuve Rivière.
Dans la période entre mars et octobre 2018, Bannon aurait distillé ses conseils au RN:
C’est bien plus que des petites astuces sur les réseaux sociaux que cherche le RN auprès de Bannon. Dans une autre scène de « The Brink », Jérôme Rivière propose à l’éminence grise de l’ultra-droite américaine d’assister aux réunions secrètes que le parti tient chaque mardi avec des hauts fonctionnaires français, « des ambassadeurs, des préfets, des gens vraiment au cœur du gouvernement qui nous soutiennent », anonymement, autour « de Marine ».
« La scène, s’inquiète Frédéric Lefebvre, souligne que le RN se comporte en parti de l’étranger qui joue contre l’intérêt national, en mêlant des hauts fonctionnaires à ces actes antipatriotiques, contraire aux intérêts de la France ». Et l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy d’ajouter : « Qu’un parti se proclamant Nationaliste tente de participer à l’organisation d’une multinationale des nationalismes, avec des adversaires économiques, culturels ou géopolitiques autoproclamés de l’Europe et de la France, est un scandale, pouvant constituer selon son ampleur, une haute trahison ».
Invité en mars 2018 à participer au congrès du Front national, Steve Bannon s’en était pris aux détracteurs du parti : « Chaque jour qui passe nous devenons plus forts, et eux s’affaiblissent. […] L’histoire est de notre côté et nous propulsera de victoire en victoire ». Depuis, malgré des rapprochements avec l’Italien Matteo Salvini et le Hongrois Viktor Orban, son entreprise de rassemblement des extrêmes droites européennes, « Le Mouvement », ne semble pas avoir pris racine. En octobre dernier Marine Le Pen a ouvertement pris ses distances avec Steve Bannon. Un cadre du RN résumait au Parisien la cause de ce désamour : « Il est un peu envahissant ».
Invitée ce dimanche de « BFM politique » avec le Parisien-Aujourd’hui en France, Marine Le Pen a été interrogée sur les deux millions que Steve Bannon aurait pu donner au RN pour la campagne. « Il n’y a aucun financement américain organisé par Steve Bannon pour le Rassemblement national. Je vous signale que c’est interdit », a répondu la présidente du parti et députée. En revanche, l’activiste américain « est de très bon conseil pour faire des levées de fonds auprès de nos électeurs », pour financer la campagne. Marine Le Pen a affirmé que les fonds nécessaires avaient été mobilisés grâce à ces dons « dans un temps record ».
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