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Réflexion Gramscienne: sommes-nous dominés culturellement?

Posté : 04 avril 2011 17:39
par Musyne
Selon Antonio Gramsci, célèbre philosophe italien:
la classe dominante maintient sa position de dominance par le biais d’un prosélytisme bourgeois dont le tour de force est de faire passer les intérêts de la classe dominante pour les intérêts de la société dans son ensemble. Cette extension est possible grâce au discours idéologique (des intellectuels de la société civile) et grâce à la culture, au sens général du terme. Cette façon de procéder va donner lieu à ce que Gramsci appelle l’hégémonie culturelle, voulant dire par là que la société est imprégnée dans tous les pores de sa peau (culturel, politique, sociale) de la domination de la classe dominante. C’est d’ailleurs ce concept d’hégémonie culturelle qui va expliquer pourquoi, selon Gramsci, la révolution prédite par Marx ne s’est pas produite.
Source: Agoravox.fr
Etes-vous d'accord?
Pensez-vous que l'idéologie capitaliste (entre autre) s'est vue être renforcée par les productions culturelles et les institutions telles que l'école, la famille, les églises...etc?
Selon vous, les productions culturelles sont-elles bel et bien au service des classes dirigeantes? Si oui, n'en sommes-nous pas aujourd'hui pleinement conscients? A quel ''degré'' serions-nous donc victimes de domination culturelle?

N'hésitez pas à ajouter d'autres questions à cette réflexion!
:))

Re: Réflexion Gramscienne: sommes-nous dominés culturellement?

Posté : 04 avril 2011 18:34
par supprimé 1
Alors, commençons ! :lol:

D'abord, mettons en avant l'idéologie capitaliste dans le travail : aujourd'hui, le milieu ouvrier s'est fortement dégradé, à cause d'une transition économique majeur, passant d'une société industrielle à une société vivant une tertiarisation (la majorité des emplois se trouvant dans le tertiaire). De cette transition, on voit naître une nouvelle forme de conscience dans le travail dominé par certains principes et conséquences :
- la compétition individuelle (volonté de se démarquer des autres par l'initiative dans le travail, comme travailler plus longtemps ou chercher de nouveaux moyens d'accroître la productivité individuelle/collective).
- un faible taux de syndicalisation (la solidarité entre travailleurs diminue à cause/grâce à la compétition individuelle, la volonté de mener une action collective de revendication/protestation diminue).
- de la compétition individuelle naît le mérite (en étant plus performants que les autres, on aspire à évoluer à des niveaux supérieurs dans l'entreprise).

Part ses principes et conséquences, l'individualisme (point majeur dans la société capitaliste) devient le moteur de fonctionnement des individus avec ses avantages et inconvénients. Donc, le monde du travail est dominé (dans le privé en tout cas) par une idéologie capitaliste.

L'école publique, générale et obligatoire, permet d'assurer un minimum d'intelligence en théorie. De cette intelligence naît la rationalisation, concept très cher au libéralisme, car d'une réflexion rationnelle naît un acte rationnel, qui est favorable à la personne comme à la société selon le libéralisme. Mais (pour poursuivre l'idée au delà de l'idéologie) comme on développe une certaine indépendance intellectuelle, d'autonomie d'esprit, l'idée même de conscience de classe disparaît et laisse place à la conscience individuelle. De se fait, la solidarité "mécanique" (qui naît d'une classe sociale) disparaît au profit d'une solidarité "organique" (interdépendance et confiance entre individus, selon les compétences et avantages de l'autre). De ce fait, l'idée de conscience de classe disparaît, et empêche la révolution marxiste.

Donc, la question finale est "Est-ce qu'il y a une hégémonie culturelle capitaliste ?" Oui, elle existe. Mais la question qui se suit "Est-ce une volonté de domination ?" Là, la réponse est plus complexe, car selon les classes sociales, les idées divergent : la Haute-Bourgeoisie refusent toute collusion avec les classes inférieures, et de ce fait, ils vivent partiellement en dehors de la société, sans véritablement comprendre intégralement son fonctionnement.

La Haute-Bourgeoisie fonctionne par une solidarité mécanique, car la conscience de classe y est très importante. Cependant, leur domination sur les classes inférieures est discutable, car les classes inférieures disposent d'une solidarité organique et fonctionne presque de façon autonome, par échange de compétences et aides intéressées. Donc, en réalité, la domination culturelle capitaliste naît non pas du haut mais du bas, par une volonté générale d'indépendance individuelle. Cela est inhérent au capitalisme, et n'est pas un désir (à mon sens) des classes dominantes, qui paradoxalement, fonctionnent indépendamment du reste de la société (moderne).

Re: Réflexion Gramscienne: sommes-nous dominés culturellement?

Posté : 04 avril 2011 19:29
par Musyne
doublon a écrit :

Donc, en réalité, la domination culturelle capitaliste naît non pas du haut mais du bas, par une volonté générale d'indépendance individuelle. Cela est inhérent au capitalisme, et n'est pas un désir (à mon sens) des classes dominantes, qui paradoxalement, fonctionnent indépendamment du reste de la société (moderne).
Bravo Bob,
je vois que tu as bien fait tes devoirs :)) !
Post très intéressant et très bien construit (sans vouloir faire ma ''prof'' de service) :super: !

J'attire ton attention sur ce qui me semble être une contradiction: tu parles de volonté générale d'indépendance individuelle, mais cette ''valeur'', si tant est qu'elle en soit une, est plutôt une valeur des élites à la base. Donc on en revient finalement à la question de départ, pourquoi absorbons-nous les valeurs culturelles des classes dominantes et comment deviennent-elles naturellement nôtres?

En tout cas, réponse très intéressante, on sent l'étudiant en SES ;)

Re: Réflexion Gramscienne: sommes-nous dominés culturellement?

Posté : 04 avril 2011 19:49
par supprimé 1
Musyne a écrit : Bravo Bob,
je vois que tu as bien fait tes devoirs :)) !
Post très intéressant et très bien construit (sans vouloir faire ma ''prof'' de service) :super: !

J'attire ton attention sur ce qui me semble être une contradiction: tu parles de volonté générale d'indépendance individuelle, mais cette ''valeur'', si tant est qu'elle en soit une, est plutôt une valeur des élites à la base. Donc on en revient finalement à la question de départ, pourquoi absorbons-nous les valeurs culturelles des classes dominantes et comment deviennent-elles naturellement nôtres?

En tout cas, réponse très intéressante, on sent l'étudiant en SES ;)
Je pense que c'est une mutation qui a mis des décennies. En fait, ce retournement de situation est né des conflits sociaux entre prolétariat et patronat : de ces conflits naissent des consentements et compromis de chaque partie. La classe laborieuse a finalement adoptée les idées capitalistes, parce qu'on leur a donné des avantages par le biais des combats sociaux passés.

Finalement, l'idéologie marxiste et le combat mené par ses derniers a engendré le résultat inverse : le renforcement de la culture capitaliste. ;)

Re: Réflexion Gramscienne: sommes-nous dominés culturellement?

Posté : 05 avril 2011 22:53
par Musyne
Bonsoir Bob,

tu penses que les classes pop ont adopté les valeurs des élites en raison des avantages sociaux qui leur ont été attribué, ok ça se tient. Mais il resterait à savoir si ces avantages sociaux ont été suffisant pour détruire la conscience de classe.

Re: Réflexion Gramscienne: sommes-nous dominés culturellement?

Posté : 05 avril 2011 23:05
par supprimé 1
Musyne a écrit : Bonsoir Bob,

tu penses que les classes pop ont adopté les valeurs des élites en raison des avantages sociaux qui leur ont été attribué, ok ça se tient. Mais il resterait à savoir si ces avantages sociaux ont été suffisant pour détruire la conscience de classe.
Si on combine cet élément de réponse avec mon laïus du début, je crois qu'on a plus ou moins la réponse : le transfert d'emploi d'un secteur à l'autre, on a constaté une baisse de la syndicalisation. L'absence de syndicalisation pourrait expliquer en grande partie l'absence de conscience de classe...

D'ailleurs, on ne parle plus vraiment de classe (pour le moment), à cause de la division importante du travail : salariat, ouvriers, cadres moyens, cadres supérieurs, petit patronat, grand patronat, artisanat, etc... C'est aussi une explication partielle d'absence de conscience de classe : une confusion, avec une certaine mobilité et échanges entre elles...

Re: Réflexion Gramscienne: sommes-nous dominés culturellement?

Posté : 06 avril 2011 13:39
par Crapulax
C'est la volonté d'une "pensée unique" aussi.En fait,les gens se ferment sur eux meme.Les intellectuels veulent imposer leurs vision,alors que leur réflexion est basée sur leur "instruction",rien n'est naturel,ce ne'est que rabachage de références.Ce qui fait que l'homme ne pense plus par lui meme et rentre systématiquement dans un "moule".On a oublié l'initiative personnelle,le ressenti et la conviction!J'écoute de l'indépendant,je suis apo,je ne rentre pas dans leur "jeu" ni leurs cases à la con!

Re: Réflexion Gramscienne: sommes-nous dominés culturellement?

Posté : 09 avril 2011 00:03
par Eax
Crapulax a écrit : C'est la volonté d'une "pensée unique" aussi.En fait,les gens se ferment sur eux meme.Les intellectuels veulent imposer leurs vision,alors que leur réflexion est basée sur leur "instruction",rien n'est naturel,ce ne'est que rabachage de références.Ce qui fait que l'homme ne pense plus par lui meme et rentre systématiquement dans un "moule".On a oublié l'initiative personnelle,le ressenti et la conviction!J'écoute de l'indépendant,je suis apo,je ne rentre pas dans leur "jeu" ni leurs cases à la con!


Tu penses par toi même ce qu'on t'as appris en amont, ta pensée est faite du passé de ton environnement.

Re: Réflexion Gramscienne: sommes-nous dominés culturellement?

Posté : 09 avril 2011 07:16
par Crapulax
Faux Eax,je me suis détaché du passé en vivant en plein milieu,sinon je serais déjà clamsé ou malade comme beaucoup de mes potes.Tu peux emmagasiner mais pas forcément reproduire le meme schéma.L'indépendance et la connaissance de soit est essentielle,avant de prendre des références dans la vie.

Re: Réflexion Gramscienne: sommes-nous dominés culturellement?

Posté : 09 avril 2011 14:38
par Eax
Tout est affaire de oui ou de non, l'envie du moment.L'environnement t'influence, tu es censé généralement répéter ce que tu as vu.

Re: Réflexion Gramscienne: sommes-nous dominés culturellement?

Posté : 09 avril 2011 18:36
par tisiphoné
Eax a écrit : Tout est affaire de oui ou de non, l'envie du moment.L'environnement t'influence, tu es censé généralement répéter ce que tu as vu.
tu oublies le comportement inné ou acquis; les stimuli internes, les endogènes, les stimuli externes, les exogènes.

Re: Réflexion Gramscienne: sommes-nous dominés culturellement?

Posté : 09 avril 2011 19:00
par Sov Strochnis
Ce que nous sommes est nécéssairement une réponse à qui on a été, à ce qui actuellement nous entoure, à ce que nous anticipons (parfois à tort).

Quant à "L'environnement t'influence" , c'est certain, un comportement n'apparait pas exnihilo, c'est le résultat de plusieurs facteurs. Mais il y a des facteurs qui agissent à un plus fort degré. Même si on est conscient de faire des choix de vie, en réalité on ne sait pas très bien ce qui nous a déterminé à faire un choix, et au de-là du truisme que j'ai souvent défendu "On est déterminé, quoi qu'il arrive, par des combinaisons complexes" on sait finalement peu de chose sur les mécanismes à l'origine de certains comportements.

Crapulax ne reproduit clairement pas un schéma extérieur. Après c'est peut-être un sens critique de ce qui l'entoure qui l'a poussé à être indépendant ou/ tout comme le fait d'être indépendant est peut-être un schéma déjà acquis voire même inné et qui survie quelque soit l'environnement.

En somme, chercher ce qui est à l'origine d'un comportement ne peut pas simplement se résumer à un postulat "l'environnement influence", le plus intéressant est encore de savoir à quel degré, à quel moment, quels autres facteurs ont pu agir sur l'homme.

Re: Réflexion Gramscienne: sommes-nous dominés culturellement?

Posté : 15 septembre 2012 02:29
par CrazyMan
Nous sommes dominés par la culture de masse. Aujourd'hui la culture de masse surplombe la culture de classe avec le phénomène de la mondialisation que l'on pourrait même appeler américanisation en ce qui concerne la culture.

Re: Réflexion Gramscienne: sommes-nous dominés culturellement?

Posté : 19 septembre 2012 08:09
par Fonck1
encore en train de se plaindre? n'est dominé qui veut.....

Re: Réflexion Gramscienne: sommes-nous dominés culturellement?

Posté : 19 septembre 2012 12:26
par tisiphoné
Fonck1 a écrit : encore en train de se plaindre? n'est dominé qui veut.....
déjà se poser et se donner le temps de la réflexion, mais bon il faut pour cela oublier les éléments de langage qu'on se contente de régurgiter ;)