Dan a écrit : Bonjour.
Y a une petite question que je me posais concernant le relativisme et toutes les personnes qui pourraient soutenir cette doctrine. Vous savez, on entend souvent, dans toutes sortes de débats (politiques, religieux, scientifiques, etc...) qu'il n'existe pas de vérité absolue et que personne ne la détient. Ce qui justifierai que chacun puisse avoir sa propre opinion sur n'importe quel sujet.
Alors déjà, j'aimerais savoir ce que vous penser de ça ? Par exemple, les climato-sceptique qui nient la cause de l'homme dans le réchauffement climatique, pensez-vous qu'il faut laisser des gens raconter tout et n'importe quoi au nom du relativisme ? Chacun a t-il droit d'avoir une opinion sur un sujet malgré les démentis des spécialistes ?
Alors, il faut replacer les choses un peu plus en détail.
Il y a le relativisme, qui affirme qu'aucune vérité absolue n'existe ET que chacun détient sa part de vérité.
Il y a une position "intermédiaire", affirmant que la vérité absolue n'existe pas mais qu'on doit se rapprocher de la meilleur ou "moins mauvaise" vérité (interprétation du monde) par des moyens humains (posture que les humanistes ont notamment développés).
Il y a enfin la position d'une vérité absolue, qui serait d'origine divine par exemple.
La première position est assez malvenue, car elle porte en elle sa propre contradiction (au sens logique) :
Si le relativisme est l'absence de vérité absolue mais juste relative à chacun et donc vraie pour moi et fausse pour autrui, alors cette même affirmation peut être considérer fausse, car valide pour moi mais pas pour les autres. Bref, c'est un peu n'importe quoi car le relativisme ici est l'admission de tout sur la base de rien. Ça ne tient pas la route au sens de la logique.
La seconde position est celle que des scientifiques partagent beaucoup :
Les scientifiques considèrent qu'il n'y a pas en principe de vérité absolue accessible et que notre interprétation du réel est imparfaite. Il nous faut donc surmonter dans la mesure du possible ces limites d'interprétation via des outils, des raisonnements élaborés éliminant les éventuelles erreurs logiques ou d'observation, etc. qui permettra
in fine une interprétation moins mauvaise du réel qu'on ne l'avait avant. C'est la logique de la science : la biologie par exemple depuis Charles Darwin a fait énormément de progrès et explique un nombre incroyable de phénomènes naturels. Si Darwin a mis le doigt sur la sélection naturelle, on a entre temps corriger et améliorer cette théorie globale du vivant avec des notions de chimie, la découverte de la génétique, etc. L'idée c'est donc d'être moins dans l'erreur possible, en admettant que la vérité construite est imparfaite et donc à améliorer et avoir au maximum une force explicative cohérente et efficace.
La dernière position, qu'on peut parler de vérité absolue, est la position exactement opposée et la religion en donne un exemple éloquent :
Une seule vérité existe. Et dans la religion, cette vérité émane d'une entité divine, rendant cette vérité sacrée, révélée et indiscutable. Le problème, c'est qu'une vérité révélée indiscutable ne colle pas forcément avec le réel. Si nous prenions par exemple - par une lecture littérale de la Bible - depuis combien de temps le monde existe, il est probable que ce monde ne serait pas plus vieux que de quelques millénaires (environs six millénaires). On sait pertinemment que c'est impossible et que ça ne colle absolument pas aux connaissances que nous avons en astronomie, en biologie, etc. Et cette même vérité a une vocation universelle. D'ailleurs, catholique, vient du grec "katholikos" qui signifie "universel", signifiant que ce serait une parole révélée par un dieu, donc indiscutable et universelle.
Vient la question de la liberté d'expression. Selon le principe et les faits, on ne peut pas interdire cette parole par exemple des climato-sceptiques faisant dans le relativisme. Il faut combattre cette parole mais pas l'interdire, parce que la liberté d'expression est aussi le gage d'une confrontation d'idées dont peut naître de nouvelles hypothèses et explications du réel. L'un des prolongements de ce principe évoqué, c'est notamment
la liberté académique par exemple qui permet l'expression d'idées, l'accès aux recherches et aux enseignements sans subir de pression d'aucune sorte afin justement de développer analyses, théories et faire des propositions d'hypothèses sans qu'on se retrouve interdit de parole ou qu'on subisse des conséquences
a posteriori (prison, pression financière, politique, sociale, etc.).
Le relativisme est une sorte de... De dégénérescence inhérente dira-t-on de la liberté d'expression et de conscience. C'est inévitable et problématique. Mais il y a un léger intérêt à son existence : il permet de motiver (ceux qui ne font pas dans le relativisme) à apporter des explications et connaissances toujours plus efficaces et cohérentes du monde afin que justement le relativisme ne triomphe pas. C'est comme un vaccin : la présence de personnes relativistes oblige à une réaction de défense contre elle, et donc à proposer une réponse plus efficace.
Après, faut rester raisonnable : on n'a pas besoin d'eux pour produire un savoir et des théories explicatives du monde. Mais ça oblige à de la rigueur et un constant travail de vigilance.