Retraites, impôts, allocations familiales, politique scolaire, économies budgétaires : rumeurs et annonces contradictoires se multiplient. Et le citoyen se demande à quelle sauce il va être mangé.
Les adeptes de la secte des derviches tourneurs ont une singularité : ils virevoltent à une vitesse vertigineuse en étendant les mains vers le ciel jusqu'à l'extase qui, seule, leur permet d'entrer en contact avec Allah. La méthode utilisée ces jours-ci par François Hollande et son gouvernement s'apparente à la même démarche. Rumeurs et démentis se succèdent à une rapidité supersonique jusqu'à donner le tournis au malheureux citoyen qui se dit, au final, qu'il n'y a pas de fumée sans feu. Et que le matraquage disparate annoncé risque fort de lui tomber en totalité sur la tête.
Va-t-on oui ou non fiscaliser les allocations familiales ? Les soumettre à des conditions de revenus ? Oui, non, peut-être. Va-t-on enfin se décider à repousser l'âge de la retraite, la durée de cotisation ? Non, enfin peut-être bien que oui. Même Henri Emmanuelli, spécimen emblématique du socialisme tendance Jurassic Park vient brutalement de le découvrir : on vit aujourd'hui plus vieux qu'hier. Va-t-on réduire les dépenses de l'État ? Non, oui, certainement. Mais n'est-ce pas légèrement en décalage avec la création de postes d'enseignant annoncée dans l'euphorie anesthésiante de la victoire présidentielle ? Bof...
La danse du gasoil
Va-t-on augmenter le prix du gasoil ? Absolument, puisque le diesel tue 44 000 personnes par an. Pas un de moins, croix de bois, croix de fer. Une hécatombe sanitaire, un Verdun de la pompe à essence. Un chiffre, en réalité, tout à fait fantaisiste, fondé sur des approximations scientifiques et des extrapolations. Mais peu importe, car le vrai souci est, bien sûr, ailleurs : récupérer sept milliards de taxes supplémentaires. C'est bougrement tentant, mais politiquement et industriellement très risqué. Alors, on y va ? Tout bien réfléchi, peut-être pas. Ou pas beaucoup. Ou pas du tout.
La semaine de quatre jours et demi pour nos chers bambins, le raccourcissement des vacances d'été ? Bien sûr. Mais peut-être pas cette année. La tranche à 75 % pour faire rendre gorge à ces salauds de riches, aux nantis arrogants ? Aucun compromis possible, même si Jérome Cahuzac et quelques autres avaient failli s'étrangler en entendant François Hollande sortir ce lapin de son chapeau au cours d'une émission télévisée pendant la campagne électorale. Dieu merci, le Conseil constitutionnel a eu le bon goût de retoquer le projet de loi en pleine trêve des confiseurs. Le prélude sans doute à un enterrement de première classe sans grandes orgues ni encens.
Nous pourrions prolonger la litanie, mais il faut avoir pitié du lecteur. Résultat de ces palinodies en rafales : la parole politique est de plus en plus démonétisée.