Une fois n'est pas coutume...Bardella ment comme il respire.
CheckNews
Est-il vrai que 75 % du bœuf consommé dans la restauration collective est importé, comme l’affirme Jordan Bardella ?
Lors du débat l’opposant à Gabriel Attal, le président du RN a affirmé que l’essentiel du bœuf consommé dans la restauration collective est importé. Un chiffre démenti par l’Institut de l’élevage
Jeudi 23 mai, face au Premier ministre, Gabriel Attal, le président du Rassemblement national (RN) et tête de liste aux européennes pour le parti d’extrême droite, Jordan Bardella, a défendu sur France 2 la priorité aux produits français dans les marchés publics. En exemple, il a affirmé : «Aujourd’hui, dans la restauration collective, 75 % du bœuf qui est consommé par nos enfants dans les cantines des collèges, des écoles et des lycées est importé.»
Problème :
Jordan Bardella parle de deux choses différentes dans la même phrase. Les «cantines des collèges, des écoles, des lycées» constituent en effet une des composantes de l’ensemble plus large qu’est la «restauration collective». Sous ce dernier terme, on trouve en effet la restauration scolaire (39 % des repas en restauration collective), mais aussi la restauration médico-sociale (Ehpad, hôpitaux), la restauration d’entreprise et les administrations.
Contacté par CheckNews à plusieurs reprises, Jordan Bardella n’a pas donné suite à notre demande de précisions.
Une majorité de bœuf d’origine française dans la restauration collective
Mais que l’on parle de la restauration collective en général, ou des cantines scolaires en particulier, le chiffre de 75 % de bœuf importé est faux. Selon une étude de 2024 de l’Institut de l’élevage (Idele), la part de bœuf importé en 2017 dans le secteur de la restauration collective était de 48 %. Les chiffres plus récents font défaut mais cette même étude l’affirme : ces dernières années, «la restauration collective s’est orientée vers un approvisionnement très majoritairement français».
Sur les cantines scolaires en particulier, l’affirmation de Jordan Bardella est encore plus éloignée de la réalité. Interrogée par CheckNews, Caroline Monniot, agroéconomiste à l’Idele, explique : «Nous sommes sans doute aujourd’hui autour de 90 % de viande française sur le total de viande bovine servi en restauration scolaire, en agrégeant le public et le privé.» Des estimations de l’Idele pour CheckNews fondées sur de nombreux entretiens avec des collectivités territoriales et des opérateurs de restauration scolaire, mais qui n’ont pas donné lieu à une publication. «En 2017, les cantines scolaires avaient déjà amorcé un gros virage vers le 100 % français, ajoute l’agroéconomiste. Ce sont justement les cantines scolaires qui ont permis de réduire la part d’importation dans le total de la restauration collective.»
De faux chiffres à répétition
Un chiffre se rapproche des 75 % cités par Jordan Bardella, qui est peut-être à l’origine de sa méprise : d’après l’Idele, 73 % des viandes piecées, c’est-à-dire excluant la viande hachée, dans l’ensemble de la restauration hors domicile, sont importées. En plus de la restauration collective, ce chiffre intègre donc la restauration commerciale, qui comprend notamment restaurants et fast-foods.
Le patron du RN a commis l’erreur à plusieurs reprises. Deux jours avant, sur LCI, dans la Grande Confrontation, il affirmait, face aux têtes de liste aux européennes : «Aujourd’hui, dans les cantines des collèges, des écoles, des lycées, dans la restauration collective, 75 % du bœuf est d’origine importée». Le 29 janvier, interrogé dans le cadre de l’émission Face à face sur BFM TV et RMC, il se livrait à la même confusion, pointant que «deux-tiers du bœuf servi dans les cantines» sont «importés». Un autre chiffre également erroné.
En 2021, Jordan Bardella mettait déjà en avant ce chiffre : «Aujourd’hui, 75 % du bœuf consommé dans la restauration publique, les collectivités, est du bœuf d’origine importée», affirmait-il sur France Info. S’appuyant sur les données disponibles à l’époque, nos confrères de la station de radio avaient démenti ces propos dans la foulée, au sein de l’émission le Vrai du Faux.
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