un président en campagne dénonce "le bal des hypocrites"
Posté : 19 janvier 2012 17:36
Au lendemain de son sommet social "de crise", Nicolas Sarkozy a défendu ce jeudi à Lyon les réformes contestées qu'il doit engager fin janvier, dont la TVA sociale, et révélé un peu plus le visage du candidat à la présidentielle qu'il deviendra d'ici mars.
Depuis le début du mois, il y a eu les vœux "bilan" ou les voeux "annonces". Voici venus les vœux de campagne. C'est en prétendant à sa propre succession que le chef de l’État s'est présenté ce jeudi, d'abord devant les ouvriers de l'usine SEB de Pont-Evêque (Isère) puis devant le gratin du monde économique lyonnais pour des vœux très politiques.
Comme il l'avait fait la veille lors de sa réunion avec les partenaires sociaux, Nicolas Sarkozy a longuement justifié l'urgence des décisions qu'il s'apprête à prendre pour doper la compétitivité des entreprises.
"J'ai été élu président de la République pour cinq ans, je travaillerai jusqu'à la dernière minute de mon mandat", a-t-il proclamé, "vous croyez qu'il est raisonnable de dire aux 120 000 chômeurs de plus que l'année dernière "franchement, on n'a pas le temps de décider, souffrez en silence, laissez nous faire notre petite cuisine".
"On n'élit pas un président de la République pour qu'il renonce"
En évitant soigneusement de prononcer le mot qui fâche de TVA sociale, honni par les syndicats, la gauche et une partie de sa majorité, Nicolas Sarkozy a une nouvelle fois insisté sur la nécessité "incontournable" "d'alléger le coût du travail pour que la France reste une terre de production". Même au prix d'une hausse des impôts.
"On me dit "faut pas augmenter la TVA, faut pas augmenter la CSG" (...) mais on oublie une chose: si on reste comme on est, les délocalisations continueront", a-t-il lancé, "il faut garrotter les pertes de sang industriel de la France".
Le chef de l’État a aussi répété son intention d'autoriser des accords de flexibilité du temps de travail dans les entreprises, qui signeraient la mort des 35 heures, identiques à ceux qui existent en Allemagne.
Face au "cancer" du chômage, Nicolas Sarkozy a affiché la même détermination. Les promesses du candidat de 2007 de revenir au plein-emploi ont explosé avec la crise mais le président et le futur candidat de 2012, ont catégoriquement refusé de capituler.
"La fatalité ne fait pas partie de mon vocabulaire", a-t-il plastronné, "on n'élit pas un président de la République pour qu'il renonce, pour qu'il cède, pour qu'il considère qu'il ne peut rien faire".
Un président en campagne
Avant de décocher une première salve contre la gauche. "Contre le chômage, on n'a pas tout essayé (...) je ne serai jamais l'homme d'un nouveau Vilvorde", a promis Nicolas Sarkozy. Une allusion à des propos de François Mitterrand en 1993 et à une promesse non tenue de Lionel Jospin, pendant la campagne des législatives de 1997, de sauver l'usine Renault de Vilvorde (Belgique).
Au fur et à mesure de son discours totalement improvisé, le candidat a pris la relève du président. Pour fustiger le "bal des hypocrites" qui estiment qu'il faut "attendre l'Europe" pour instaurer une taxe sur les transactions financières. Ou encore le "spectacle parfois indécent" de ceux qui ont paru "se réjouir" de la dégradation de la note financière de la France.
Toujours donné largement battu dans la course à l’Élysée, Nicolas Sarkozy s'est même pris à décrire une sorte de président idéal pour 2012. Un président "pragmatique", "ouvert", qui "n'a pas le droit de manquer de courage" et, surtout, "doit décider très rapidement".
Un président dont chacun a compris qu'il se voulait le prototype. Par opposition au candidat du PS François Hollande, dont la droite n'en finit pas de railler l'indécision.