Facebook en Bourse
Posté : 02 février 2012 08:12
Facebook a déposé hier soir le dossier préparatoire à son introduction en bourse. Un événement des plus attendus par les investisseurs depuis Google. Mais le groupe devra prouver sa capacité de croissance.
Le dépôt de dossier de Facebook en vue de se faire coter en bourse constitue un événement important à la fois pour le monde de la finance et pour celui de la technologie. C'est aussi un signe que l'Amérique, en dépit de la crise, continue dans certains domaines d'innover et de faire rêver le monde.On n'a pas vécu cela depuis 2004, date de l'introduction en bourse de Google. La comparaison est irrésistible. D'autant que les deux sociétés sont concurrentes, leaders du même secteur, géographiquement et culturellement voisines.
Mais l'entreprise fondée par Mark Zuckerberg est bien plus puissante aujourd'hui que ne l'était Google en 2004. Ce qui était essentiellement un moteur de recherche à l'époque ne cherchait à lever que 1,9 milliard de dollars. Aujourd'hui, Facebook fait semblant de se pouvoir se contenter de 5 milliards. Mais chacun sait que le réseau social ambitionne au moins deux fois plus. Facebook est beaucoup plus grand que le Google de 2004. La société emploie déjà plus de 3000 personnes et ses profits l'an dernier ont atteint un milliard de dollars.
La capitalisation de Google le jour de sa première cotation a été propulsée à 23 milliards de dollars. Facebook vise aujourd'hui entre 75 et 100 milliards de dollars. Cette valorisation hypothétique est équivalente à 27 fois le total du chiffre d'affaires de l'année dernière. Google, lui, était arrivé sur le Nasdaq avec un valorisation de 5 fois son chiffre d'affaires.
Convaincre de sa capacité à croître encore fortement
Le succès de l'opération, a priori d'ici à deux mois, dépendra de la capacité du jeune Mark Zuckerberg (27 ans et 56,9% des droits de vote) à convaincre qu'en dépit de la concurrence de Google+ (le réseau social de Google), Tweeter, LinkedIn et d'autres, son entreprise va connaître pendant des années une croissance astronomique. Un argument important dans cette démonstration: les 7 heures par mois passées par les abonnés américains à naviguer sur les sites de Facebook. Même Google, leader de la recherche d'information sur Internet sur toutes les plateformes, ne peut se targuer que de 4 heures et demi. Cette dévotion de l'abonné aux pages de Facebook vaut de l'or aux yeux régies publicitaires. Car le profil des accrocs de Facebook est encore mieux cerné que celui des utilisateurs de Google. Les publicités n'en sont que mieux ciblées, et donc vendues plus cher.
Pour autant, l'histoire courte du réseau Internet est déjà truffée d'exemples de sociétés qui semblaient tout avoir pour consolider leur avance et leur suprématie, mais qui se sont faites dépasser, et depuis périclitent. Ainsi Netscape et AOL, deux des pionniers du secteur sont presque oubliés aujourd'hui. En 1996, Yahoo! était entré au Nasdaq à 200 fois son chiffre d'affaires. Aujourd'hui le groupe ne vaut même plus 20 milliards de dollars. Et dire que Microsoft avait proposé de l'acquérir en 2008 pour 45 milliards de dollars...
L'énormité de la base d'abonnés de Facebook et l'innovation constante du réseau qui donne à ses fans des raisons de rester dans son univers, représentent des barrières importantes à l'arrivée de prédateurs. Mais sur Internet, rien n'est jamais acquis. MySpace qui avait initialement des années d'avance sur Facebook, l'a appris à ses dépens.L'avenir de Facebook est peut-être radieux. Mais beaucoup de choses peuvent mal tourner aussi. Google+ en particulier dispose des ressources collossales de sa maison-mère. Le géant dont la supériorité technologique est reconnue, n'est pas disposé à céder le marché à Facebook. Surtout après ses échecs avec Orkut, Buzz et Wave, trois formes de réseaux sociaux que Google a vainement tenté de faire décoller.