un blogueur accusé d'apostasie placé en détention
Posté : 13 février 2012 15:51
Un journaliste et blogueur accusé de blasphème sur Twitter a été placé en détention en Arabie saoudite après avoir été livré par la Malaisie, des milliers de personnes réclamant son exécution sur la Toile.
Hamza Kashgari, 23 ans, avait fui son pays après avoir reçu des menaces de mort. Il a été arrêté en Malaisie et placé en détention après son rapatriement dimanche soir, a indiqué la presse lundi.
Le jeune homme sera poursuivi en Arabie saoudite sous "l'accusation d'apostasie", un crime passible de la peine de mort, a indiqué le quotidien Arab News en citant des "sources informées".
Amnesty International et Human Rights Watch avaient appelé la Malaisie à ne pas le remettre à Ryad, "où il pourrait être exécuté" selon Amnesty.
Hamza Kashgari, qui travaille pour un quotidien local de Jeddah (ouest), avait publié sur Twitter un message adressé au prophète Mahomet le jour anniversaire de sa naissance, qui tombait le 4 février cette année.
"Au jour de ton anniversaire, je ne m'inclinerai pas devant toi (...) j'ai aimé certaines choses en toi mais j'en ai abhorré d'autres, et je n'ai pas compris beaucoup de choses à ton sujet", a affirmé ce jeune homme dans son tweet.
Le comité saoudien des fatwas (édits religieux), présidé par le mufti cheikh Abdel Aziz Al Cheikh avait affirmé que son tweet constituait "une apostasie".
Les propos du jeune homme avaient provoqué une levée de boucliers sur la Toile et attiré plus de 30.000 réponses sur le site de micro-blogs.
Un groupe sur Facebook baptisé "le peuple saoudien réclame l'exécution de Hamza Kashgari" a été créé et comptait lundi plus de 21.000 membres.
Mais au lendemain de la publication de son texte, Hamza Khashgari s'était repenti sur Twitter.
"J'ai péché et j'espère que Dieu me pardonnera et que tous ceux qui se sont sentis offensés me pardonneront", a-t-il dit dans un tweet.
Le site de micro-blogs est devenu depuis une scène de bataille entre libéraux défendant le jeune homme après qu'il se soit repenti et islamistes conservateurs demandant sa mise à mort.
M. Kashgari avait été arrêté à son arrivée jeudi à Kuala Lumpur et placé dimanche dans un avion pour Ryad sous la garde de responsables saoudiens.
Des ONG avaient indiqué que le journaliste saoudien était en transit à Kuala Lumpur et que sa destination finale était la Nouvelle-Zélande.
Interpol a démenti des informations communiquées par un responsable de la police malaisienne ayant fait état de la diffusion par Interpol d'un mandat d'arrêt à la demande de l'Arabie saoudite.
"Dans la mesure où Interpol n'a pas été impliqué, toute référence à une notice rouge en lien avec cette affaire est totalement fausse", a précisé l'organisation dans un communiqué.
La Malaisie et l'Arabie saoudite n'ont pas de traité d'extradition officiel mais ces deux pays musulmans entretiennent des liens cordiaux.
L'Union européenne a déploré lundi le renvoi par la Malaisie de M. Kashgari vers son pays.
"Nous sommes profondément déçus d'apprendre que les autorités malaisiennes ont déporté M. Kashgari", a déclaré Maja Kocijancic, porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton.
"L'Union européenne va continuer à prendre toutes les mesures appropriées afin de parvenir à une conclusion positive de l'affaire de M. Kashgari", a-t-elle promis.
L'Arabie saoudite est l'un des pays arabes qui compte la plus grande proportion de personnes actives sur Twitter, plus de 100.000, alors que les utilisateurs de Facebook sont évalués à quelque 4,5 millions.
Ainsi Manal al-Sherif, l'icône de la campagne lancée l'an dernier par les Saoudiennes pour obtenir le droit de conduire, est suivie par plus de 60.000 personnes sur Twitter.
La princesse Amira al-Taweel, épouse du milliardaire Walid ben Talal qui a investi 300 millions de dollars dans le site de micro-blog Twitter, est suivie par plus de 175.000 personnes.