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Monsieur le Président de la République
Palais de l'Elysée
55 rue du Faubourg St Honoré, 75008 Paris

Objet : lettre d'une assistée


Monsieur le Président,

Depuis quelques mois, en lisant la presse, je retrouve dans vos interventions ce cheval de
bataille que vous exposez régulièrement: l'assistanat. L'autre jour, le Nouvel Observateur faisait encore état de vos allégations concernant les chômeurs.

Si j'en crois la presse, vous avancez que les chômeurs sont responsables de leur situation,
inactifs, se complaisant dans leur situation, vivant aux crochets de l'Etat. Il y a même un film, sorti l'année dernière, qui décrit ce type d'assistanat grâce à l'humour et au talent de Jean-Paul Rouve et Isabelle Nanty: Les Tuche.

Mais ni ce film, ni vos propos ne décrivent la réalité de l'assistanat. J'admets fort bien qu'elles existent, ces personnes ne vivant que d'allocations et s'y complaisant. J'en connais aussi. J'en connais même qui correspondent en tout point au stéréotype du "RMIste à l'écran plat dans son salon". Mais Monsieur le président, avec tout le respect que votre fonction m'impose, je me permets, étant "assistée" moi-même, de me sentir profondément outragée par vos propos. Je m'en explique.

Je suis effectivement tributaire du RSA et autres allocations. Son montant est de 55 Euros:
en effet la législation veut que, mon conjoint étant "invalide catégorie 2" et pensionné de 670
euros par mois par la CPAM, le RSA soit de 55 euros. (Je précise que si mon conjoint avait été salarié au même montant, le RSA aurait dépassé les 500 euros, une injustice considérant que mon compagnonn'a pas choisi l'invalidité... Je me suis permise d'en référer à Mme Roselyne Bachelot.)

Mais pour ma part hormis l'aumône que l'état me fait avec ces 55 euros par mois, j'apprécie les droits et l'encadrement que me confèrent ce statut. Ceux-ci m'ont permis d'occuper un emploi pendant 6 mois dans le cadre d'un CUI CAE en EHPAD (maison de retraite, ndlr). Non renouvelé, ne m'ayant pas permis suffisamment d'heures pour prétendre à l'allocation chômage, me revoici au point de départ.

Monsieur le Président, ce point de départ, le voici:

* Gérer pour mon conjoint, moi-même et nos deux enfants un budget de 850 euros/mois.

* Retirez-en les charges, et les habits et l'alimentation passent à la trappe. Fort heureusement nous sommes bénéficiaires d'une banque alimentaire.

* Une bataille quotidienne contre les administrations: chaque démarche auprès des CAF et de la CPAM devient une corvée.

* Une recherche d'emploi compromise... car la recherche d'emploi coûte de l'argent! Chaque trajet, appel au Pôle Emploi, la connexion Internet indispensable pour accéder aux annonces, c'est un trou de plus dans notre argent de poche. Sans parler des remarques désobligeantes des fonctionnaires!

Pour ne citer que celle-ci, quand j'ai dû me battre pour rétablir mon éligibilité au CUI, une employée de Pôle Emploi m'a fait remarquer que "c'est quand même l'Etat qui décide puisque c'est eux qui paient votre salaire".
En effet, mais ce salaire, je l'avais gagné en faisant tout ce que vous prônez depuis votre
campagne de 2007. Je me suis levée tôt et, pendant 519 heures réparties sur 6 mois, j'ai entretenu des chambres, des toilettes, des bureaux, servi à table des personnes âgées et aidé les aide-soignants dans leurs tâches. Je ne m'attendais donc pas à une remontrance sur l'origine de mon salaire...

Aujourd'hui, Monsieur le président, je me lève tôt, J'emmène à pied mes enfants à l'école, et
la journée, j'épluche les annonces, relance les recruteurs, rédige des candidatures, entretiens et
référence mon site Internet dans l'espoir de faire reconnaître mes compétences et de trouver un travail d'assistante de communication.

Car toute assistée que je sois, j'ai un projet professionnel concret et ce poste, c'est le premier barreau de l'échelle qui me permettra de l'atteindre. Sachez aussi que mon "inactivité" me pousse à faire du bénévolat: je suis au Conseil d'administration de l'Association Erstein Cinéma, j'y tiens la caisse une fois par semaine et j'ai pris en charge un groupe de travail sur la communication. Cette activité m'aide à me maintenir active dans ma condition d'assistée chômeuse!

Voilà, Monsieur le président, de quoi sont faites mes journées. Survie, galère, famille,
recherche d'emploi et bénévolat.

J'aurais été en droit d'attendre une reconnaissance, même verbale, pour le dynamisme et la
persévérance qui me distinguent (comme beaucoup d'autres) du modèle "Tuche" au
cinéma. Mais votre seul retour m'accable et me stigmatise dans ce modèle. Comme toujours.

Vous l'aurez compris, Monsieur le Président, je ne fais pas partie de votre électorat. Si la
présente vous parvient et attire votre attention, n'y voyez aucune demande de ma part... si ce n'est un peu plus d'empathie pour les conditions de vie des assistés. Et plus d'équité, même verbale, vers le chômeur actif qui nourrit les mêmes objectifs que vous.

En vous remerciant,

Annick Mauriange

Jarod1 a écrit : Et ?

sacamalix a écrit : Ah oui pardon, ça choque ta conception du chômeur ???

Jarod1 a écrit : Ben si le propos est de dire qu'il y a des gens de bonne foi qui sont dans la merde, je suis d'accord, mais bon...

Ce qui exaspère les gens de droite comme moi, qui savent la fermer mais ne manquerons de s'exprimer de la seule façon qui vaille, c'est à dire par leur bulletin de vote, c'est la caricature qu'on fait de nous.

Nous sommes suffisamment cérébré pour savoir qu'il y a des assistés de bonne foi et des assistés de mauvaise foi, et tout ce que nous voulons, et ça n'est pas facile, c'est lutter contre les seconds.

De la même manière nous sommes à 10.000 lieues des idées du FN et ne pensont pas que tous les fonctionnaires soient des branleurs qui regardent l'horloge toute la journée.

Je pense que la claque que vont prendre les adversaires systématiques des gens de droite peut être magistrale.

Rananen a écrit :
on avait pas comprit parce que bêtement on écoute les gens que vous élisé comme l abruti vauquier qui traite les chômeur de cancer de la société ( pourvue qu il en chope un de cancer d ailleurs ça ferra un con en moins ) .

alors moi je demande si les gens de droite sont cérébré comme tu dit pourquoi vote t il pour des abruti comme lui et son patron ???

Jarod1 a écrit : Et ?

Mais pour en revenir à l'exemple des chômeurs, il illustre bien que la notion de justice est extrêmement relative. Qu'est ce qui est injuste ? Indemniser toujours et encore tout le monde sans se poser la question de leur bonne volonté ou chercher à faire en sorte que la couteuse solidarité nationale soit concentrée sur ceux qui la mérite ?

LOFOTEN a écrit :

Vous ne connaissez pas des chômeurs qui abusent ???? Non...ben moi si..et même dans ma famille ...que je ne fréquente plus d’ailleurs pour ces raisons là..

Il ne s'agit pas de stigmatiser l'ensemble ...mais de mettre le doigt sur ceux qui profitent du système .