L'épouse d'un gendarme mise à la porte de la caserne
Posté : 21 février 2012 11:53
« Nous aurions aimé plus d'humanité », déplore la femme de l'adjudant, âgée de 41 ans, à la recherche désormais d'un relogement.
« Nous aurions aimé plus d'humanité », déplore la femme de l'adjudant, âgée de 41 ans, à la recherche désormais d'un relogement.
DORMANS (Marne) Conflits de voisinage, troubles et nuisances divers, au sein et à l'extérieur de la caserne de gendarmerie, ont eu raison de la hiérarchie qui a décidé de pousser vers la sortie la femme d'un adjudant, tenue pour responsable. Une décision rare, mais mûrement réfléchie.
LA décision est exceptionnelle. Lundi dernier au soir, la hiérarchie de la gendarmerie de Champagne-Ardenne a en l'occurrence notifié à l'un de ses adjudants affectés à la brigade territoriale autonome de Dormans, l'interdiction formelle à son épouse de pénétrer dans l'enceinte de la caserne et, a fortiori, d'accéder à son logement de service. Aussi rare soit-elle, cette mesure coercitive émanant du colonel Bolot, commandant de région, a été « mûrement réfléchie » indique-t-on en haut lieu.
Depuis le jour de la Saint-Valentin, la femme du sous-officier est donc sommée de quitter sans délai l'appartement qu'elle occupe avec son mari et sa fille de 11 ans. Bien que demeurant dans un studio dans le bourg de Dormans, ses deux fils de 16 et 18 ans sont eux aussi concernés, contrairement à leur petite sœur. Au motif de « leurs comportements » portant « atteinte à l'institution », provoquant « des troubles au sein de la caserne » et nuisant « à la bonne exécution du service », tous les trois y sont aujourd'hui persona non grata. En cause : des relations conflictuelles liées au bruit entre l'épouse du gendarme et certains de ses voisins, ainsi que des atteintes aux biens au sein de la caserne, de même que des troubles commis à l'extérieur. A tel point que, selon la hiérarchie, la situation serait devenue « insupportable ».
Crises d'angoisse
En dépression depuis plusieurs mois à la suite de problèmes familiaux, la mise en cause récuse cependant son entière responsabilité dans cette affaire en pointant du doigt des nuisances sonores occasionnées par d'autres locataires. « J'ai besoin de calme et de tranquillité », déclare-t-elle. Mais plusieurs interventions des sapeurs-pompiers au sein de la gendarmerie nécessitées par des crises d'angoisse, n'ont pas vraiment plaidé en sa faveur. Pas plus que les hospitalisations d'office en unité psychiatrique auxquelles le commandement de la brigade de Dormans a dû avoir recours ces dernières semaines. Quant aux atteintes aux biens et aux troubles extérieurs, « c'est faux », s'insurge la femme de l'adjudant. « Et mes deux garçons, ils n'ont jamais rien fait dans la caserne. »
La situation ne manque évidemment pas de poser un fâcheux dilemme au sous-officier en question qui encourt des sanctions disciplinaires si son épouse devait ne pas quitter les lieux. Clairement, il lui est ordonné de mettre sa femme dehors sans tarder. Une décision couperet à laquelle le militaire ne peut pour le moment se plier, faute de solution de relogement. Au pied du mur, celui-ci ne peut faire autrement que de garder, encore à ce jour, son épouse à la maison en attendant de pouvoir se retourner, tandis que la hiérarchie, elle, s'impatiente un peu plus chaque jour.
« Nous aurions aimé plus d'humanité », déplore la femme de l'adjudant, âgée de 41 ans. La gendarmerie de Champagne-Ardenne se défend cependant d'avoir pris une telle décision à la légère.
« Il fallait dire les choses »
« Nous l'avons prise en toute connaissance d'un contexte délétère, souligne le colonel Bolot. Il est toujours malheureux d'en arriver là, mais j'avais à trancher pour préserver la tranquillité des autres occupants de la caserne. Il y a des règles dans la vie, mais elles ont été trop souvent transgressées. Beaucoup d'avertissements, de mises en garde, ont été donnés au préalable. Depuis des mois. La situation qui m'a été rapportée sur place au début du mois de février, m'a d'ailleurs globalement conforté dans la décision que j'avais à prendre. Il fallait le faire. Il fallait dire les choses. Notre volonté n'était pas d'aller au pugilat. » Et d'assurer : « Nous allons gérer la situation avec le plus d'humanité et de concertation. »
En arrêt maladie, l'adjudant doit désormais faire face avec une femme et trois enfants à charge. Il y a urgence.
A 50 ans, après vingt-huit ans de carrière, celui-ci songe pourtant à quitter la gendarmerie, même si on lui reconnaît de grandes compétences en matière de police judiciaire.
Dans l'immédiat : trouver un relogement avec l'aide d'une assistante sociale, malgré des contraintes budgétaires importantes, d'autant plus depuis que son épouse a perdu son emploi. « Et dire que pour nous, c'était une nouvelle vie qui commençait à Dormans », confie cette dernière. Le temps de trouver un nouveau pied-à-terre, c'est désormais ailleurs qu'elle devra se poursuivre. Probablement sans user du recours administratif dont dispose le sous-officier.
L'union du 21 février 2012
« Nous aurions aimé plus d'humanité », déplore la femme de l'adjudant, âgée de 41 ans, à la recherche désormais d'un relogement.
DORMANS (Marne) Conflits de voisinage, troubles et nuisances divers, au sein et à l'extérieur de la caserne de gendarmerie, ont eu raison de la hiérarchie qui a décidé de pousser vers la sortie la femme d'un adjudant, tenue pour responsable. Une décision rare, mais mûrement réfléchie.
LA décision est exceptionnelle. Lundi dernier au soir, la hiérarchie de la gendarmerie de Champagne-Ardenne a en l'occurrence notifié à l'un de ses adjudants affectés à la brigade territoriale autonome de Dormans, l'interdiction formelle à son épouse de pénétrer dans l'enceinte de la caserne et, a fortiori, d'accéder à son logement de service. Aussi rare soit-elle, cette mesure coercitive émanant du colonel Bolot, commandant de région, a été « mûrement réfléchie » indique-t-on en haut lieu.
Depuis le jour de la Saint-Valentin, la femme du sous-officier est donc sommée de quitter sans délai l'appartement qu'elle occupe avec son mari et sa fille de 11 ans. Bien que demeurant dans un studio dans le bourg de Dormans, ses deux fils de 16 et 18 ans sont eux aussi concernés, contrairement à leur petite sœur. Au motif de « leurs comportements » portant « atteinte à l'institution », provoquant « des troubles au sein de la caserne » et nuisant « à la bonne exécution du service », tous les trois y sont aujourd'hui persona non grata. En cause : des relations conflictuelles liées au bruit entre l'épouse du gendarme et certains de ses voisins, ainsi que des atteintes aux biens au sein de la caserne, de même que des troubles commis à l'extérieur. A tel point que, selon la hiérarchie, la situation serait devenue « insupportable ».
Crises d'angoisse
En dépression depuis plusieurs mois à la suite de problèmes familiaux, la mise en cause récuse cependant son entière responsabilité dans cette affaire en pointant du doigt des nuisances sonores occasionnées par d'autres locataires. « J'ai besoin de calme et de tranquillité », déclare-t-elle. Mais plusieurs interventions des sapeurs-pompiers au sein de la gendarmerie nécessitées par des crises d'angoisse, n'ont pas vraiment plaidé en sa faveur. Pas plus que les hospitalisations d'office en unité psychiatrique auxquelles le commandement de la brigade de Dormans a dû avoir recours ces dernières semaines. Quant aux atteintes aux biens et aux troubles extérieurs, « c'est faux », s'insurge la femme de l'adjudant. « Et mes deux garçons, ils n'ont jamais rien fait dans la caserne. »
La situation ne manque évidemment pas de poser un fâcheux dilemme au sous-officier en question qui encourt des sanctions disciplinaires si son épouse devait ne pas quitter les lieux. Clairement, il lui est ordonné de mettre sa femme dehors sans tarder. Une décision couperet à laquelle le militaire ne peut pour le moment se plier, faute de solution de relogement. Au pied du mur, celui-ci ne peut faire autrement que de garder, encore à ce jour, son épouse à la maison en attendant de pouvoir se retourner, tandis que la hiérarchie, elle, s'impatiente un peu plus chaque jour.
« Nous aurions aimé plus d'humanité », déplore la femme de l'adjudant, âgée de 41 ans. La gendarmerie de Champagne-Ardenne se défend cependant d'avoir pris une telle décision à la légère.
« Il fallait dire les choses »
« Nous l'avons prise en toute connaissance d'un contexte délétère, souligne le colonel Bolot. Il est toujours malheureux d'en arriver là, mais j'avais à trancher pour préserver la tranquillité des autres occupants de la caserne. Il y a des règles dans la vie, mais elles ont été trop souvent transgressées. Beaucoup d'avertissements, de mises en garde, ont été donnés au préalable. Depuis des mois. La situation qui m'a été rapportée sur place au début du mois de février, m'a d'ailleurs globalement conforté dans la décision que j'avais à prendre. Il fallait le faire. Il fallait dire les choses. Notre volonté n'était pas d'aller au pugilat. » Et d'assurer : « Nous allons gérer la situation avec le plus d'humanité et de concertation. »
En arrêt maladie, l'adjudant doit désormais faire face avec une femme et trois enfants à charge. Il y a urgence.
A 50 ans, après vingt-huit ans de carrière, celui-ci songe pourtant à quitter la gendarmerie, même si on lui reconnaît de grandes compétences en matière de police judiciaire.
Dans l'immédiat : trouver un relogement avec l'aide d'une assistante sociale, malgré des contraintes budgétaires importantes, d'autant plus depuis que son épouse a perdu son emploi. « Et dire que pour nous, c'était une nouvelle vie qui commençait à Dormans », confie cette dernière. Le temps de trouver un nouveau pied-à-terre, c'est désormais ailleurs qu'elle devra se poursuivre. Probablement sans user du recours administratif dont dispose le sous-officier.
L'union du 21 février 2012